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Yulia
― Désolé de vous avoir infligé ça, dit Contreras en soulevant le couvercle du bidon. Je ne m’attendais pas à ce que vous soyez aussi grande. Je suis content que vous ayez pu y tenir.
Je pousse un gémissement quand il me tire de là, j’ai des crampes après avoir passé une heure dans ce minuscule bidon. Mes genoux ne sont plus qu’un seul bleu et ma colonne vertébrale me fait mal tant elle a été coincée contre les parois du bidon. Mais je suis en vie et j’ai traversé la frontière vénézuélienne, donc ça en valait la peine.
― Ce n’est pas grave, dis-je en faisant un demi-tour de tête. Mon cou me fait mal tellement qu'il est raide, mais après un bon massage ça ira. La police et les douaniers n’y ont vu que du feu. Ils n’ont même pas eu l’idée de regarder ce qu’il y avait dans le bidon.
Contreras hoche la tête.
― C’est pourquoi je l’ai choisi. Il semble trop petit afin que quelqu’un puisse s’y cacher, mais quand on le veut vraiment… Il hausse les épaules.
― Ouais. Je tourne de nouveau la tête en demi-cercle pour essayer de réveiller mes muscles. Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?
― Maintenant, on vous met dans l’avion. Obenko a déjà tout arrangé. Et demain, vous devriez être à Kiev, saine et sauve.
Nous ne mettons qu’une heure de route pour rejoindre le petit terrain d’aviation et, nous nous arrêtons à côté d’un vieil appareil.
― Nous y voilà ! dit Contreras. À partir de maintenant, les vôtres vont prendre le relais.
― Merci, dis-je et il hoche la tête lorsque j’ouvre la portière.
― Bonne chance ! dit-il en russe avec son accent espagnol et je lui souris avant de sauter de la camionnette et de me hâter vers l’avion.
Tandis que je monte les marches de la passerelle, un homme d’âge moyen en sort et me bloque le passage.
― Code ? Dit-il la main sur la gâchette.
Après un coup d’œil prudent vers son arme je lui donne mon numéro d’identification. Techniquement, m’éliminer équivaudrait à me soustraire aux hommes d’Esguerra ; je ne pourrai plus divulguer aucun autre secret d’UUR. En fait, ce serait une meilleure solution…
Avant que mon esprit n’ait le temps de poursuivre dans cette direction, l’homme baisse la main et s’écarte pour me laisser monter à bord.
― Bienvenue, Yulia Borisovna, dit-il en se servant de mon véritable patronyme, nous sommes heureux que vous vous en soyez tirée.