Chapitre 2-1

1308 Worte
2 — Comment s’appelait cette ville ? demanda Razor au pilote humain assis à côté de lui. Il baissa les yeux vers les ruines calcinées. Cutter, son second, lui avait rendu son rapport, mais durant son voyage vers cette zone, il s’était concentré sur un nouveau problème. Il était arrivé plus tôt dans la journée pour rencontrer les autres membres du Conseil de l’Alliance. Il avait été furieux de découvrir l’abondance de détails qui avaient été effacés des rapports soumis précédemment. Aux yeux de Razor, Badrick, un Usoleum membre du Conseil autrefois responsable de ce système stellaire, devait répondre de pas mal de choses. Badrick avait de la chance d’être encore en vie après qu’il ait découvert que ce bâtard avait approuvé bon nombre de rapports falsifiés soumis aux généraux trivators et au Conseil au cours des six années précédentes. L’interférence de Badrick, ajoutée à son incompétence, était l’une des raisons principales pour lesquelles la Terre était toujours dans un tel chaos. C’était seulement parce que la plupart des preuves étaient circonstancielles qu’il avait été incapable de destituer Badrick et de l’envoyer sur une autre planète. Badrick avait parfaitement su rejeter la responsabilité de ses décisions sur les autres. Cela prendrait du temps, mais Razor était en train de démonter les mensonges du conseiller Usoleum. — Chicago, répondit le pilote dans son casque. Le colonel Baker est responsable de cette zone. Il y a deux groupes de rebelles qui s’en disputent le contrôle. La lutte s’est aggravée au cours des derniers mois. Ils ont divisé la ville en deux entre le nord et le sud en construisant un mur immense. Ça me rappelle un peu la Grande Muraille de Chine, sauf qu’il est construit avec des gravats. On l’appelle la Grande Muraille de Chicago, plaisanta le pilote. Razor ne répondit pas. Il voyait parfaitement le mur de six mètres de haut et de neuf mètres de large qui séparait la ville en deux. Les silhouettes fantomatiques de grues se dressaient au-dessus de certaines sections comme des sentinelles silencieuses dans la nuit. On voyait des points de lumière, probablement des petits foyers, qui luisaient faiblement dans l’obscurité. Il calcula silencieusement combien de temps ils mettraient à raser la ville si les deux factions opposées refusaient de déposer les armes. — Dans combien de temps rejoindrons-nous la base ? demanda Razor. — Quarante-cinq minutes environ, répondit le pilote. Razor resta silencieux. Il aurait préféré prendre son propre véhicule, mais il avait fallu aller chercher de toute urgence des guerriers trivators blessés à l'extérieur de la ville. Il avait ordonné à son propre pilote de participer à l'évacuation. Le commandant humain sur place lui avait offert l’usage de son propre transport afin qu’il puisse se rendre à sa réunion avec le colonel Baker. Un trajet qui aurait dû prendre quelques minutes seulement durait à présent depuis plus d'une heure. Il fit glisser son doigt sur la tablette qu’il tenait à la main pour lire le rapport que lui avait rendu Cutter. Une photographie de Chicago avant la destruction montrait une ville plutôt moderne pour le niveau de développement de cette espèce. Il parcourut rapidement les faits. Deux hommes, Colbert Allen et Destin Parks, contrôlaient la région. Leurs renseignements suggéraient que les hommes avaient autrefois travaillé ensemble avant de se séparer. Allen avait investi la partie sud de la ville tandis que Parks contrôlait la partie nord. La lutte s’était intensifiée au cours des six derniers mois. Il toucha l’écran et une nouvelle image apparut. Plusieurs photographies, prises avec un appareil de longue distance mais à haute résolution, montraient plusieurs groupes de gens. Une note sur la première disait qu'elle montrait Colbert Allen. C’était un mâle grand et mince avec des cheveux blonds courts et des yeux bleus froids. Il était entouré de plusieurs hommes qui rappelaient à Razor les mineurs et les pirates de basse classe qu’il avait rencontrés durant ses années passées aux commandes d’un navire de guerre. Son instinct lui disait que le mâle ne se laisserait pas facilement persuader de déposer les armes. Il passa à l'image suivante. Un mâle aux cheveux sombres, plus petit qu’Allen, était entouré d'un groupe d'hommes qui écoutaient attentivement ce qu'il leur disait. Destin Parks était le contraire absolu d’Allen, non seulement par le physique, mais aussi dans ses expressions. L’inquiétude, l'intelligence et quelque chose d’autre… Razor agrandit l’image afin de pouvoir étudier de plus près le visage du mâle. Il haussa un sourcil surpris ; de la tristesse... S’il avait eu à deviner, il aurait dit que le mâle était triste. Un pli sombre barra son front quand le visage obscur de quelqu’un qui se tenait à la gauche de Parks attira soudain son attention. Il n’aurait pas remarqué cette personne qui se tenait dans l’ombre s’il n’avait pas agrandi l’image. Il toucha à nouveau l’écran pour préciser le visage de l'Humain. Une vague de choc le parcourut quand les traits délicats d'une femelle se précisèrent. Elle avait un visage arrondi encadré par une courte chevelure sombre. Il ravala un grondement silencieux de frustration. Elle était trop tapie dans les ombres pour qu’il puisse en distinguer la couleur. Ils étaient brun foncé ou bien noirs, comme les siens. Son regard était braqué sur Parks. Son intensité sombre lui disait que ses yeux étaient probablement de la même couleur que ses cheveux. Elle avait un petit nez lisse qu’il trouva étonnamment attirant. La ligne fermement pincée de ses lèvres lui révéla que ce que Parks était en train de dire ne lui plaisait pas. Il ne voyait pas à quoi ressemblait le reste de sa personne, car Park et son groupe étaient devant son corps. Il se concentra à nouveau sur ses yeux. Cette fois-ci, son grondement de frustration ne fut pas silencieux. Il lut clairement la peur et l’inquiétude. — Hein ? commença à dire le pilote avant qu’un juron ne lui échappe quand une alarme résonna. Merde ! Ces fils de p**e nous tirent dessus. Accrochez-vous. Razor leva brusquement les yeux vers l’écran primitif. La trajectoire d’un missile air-sol traversait l’écran légèrement éclairé. Il calcula dans sa tête le temps qu'il leur restait avant l’impact tout en signalant d’un cri que la silhouette sombre d’une grue apparaissait devant eux. Le pilote, déterminé à utiliser des mesures préventives afin d'éviter le missile qui se dirigeait droit sur eux, avait fait une embardée vers la gauche et avait réduit son altitude. Il essaya de corriger leur trajectoire, mais Razor savait que la machine dans laquelle ils se trouvaient ne serait pas capable de réagir à temps. — Préparez-vous à l’impact, gronda-t-il tandis que l’hélicoptère s’agita violemment. Le son du métal qui crissait contre du métal résonna fort à travers tout l'hélicoptère. Razor saisit une barre près de sa tête tandis que l’appareil se mit à tournoyer follement avant de piquer du nez et de commencer à chuter. Il ignora la nausée dans son ventre quand il regarda à travers la vitre avant tandis qu’ils commençaient à tomber en direction du sol. Son corps fut projeté en avant quand la queue resta accrochée dans les câbles de la grue. Les sangles qui le retenaient à son siège se tendirent tandis qu'il restait suspendu la tête en bas. Il se dit pendant un bref instant qu’il pourrait peut-être se tirer indemne de l’accident. Ce soupçon d’espoir disparut quand le missile air-sol frappa le sommet de la grue qui les retenait. L’explosion au-dessus d’eux déchira le métal, projetant autour d’eux une pluie de petits fragments mortels. Les éclats brûlants transpercèrent la fine paroi de métal de l’hélicoptère. Un juron explosif sortit de ses lèvres serrées quand le nez de la grue céda sous la chaleur et le poids, les faisant dégringoler vers le sol. L’hélicoptère fut projeté à toute vitesse dans les restes d’un gratte-ciel. L'obscurité s’abattit sur lui quand sa tête heurta violemment le pare-brise.
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