Prologue

359 Mots
Prologue Une violente bourrasque la fit chanceler. Seule au milieu d'un sentier boueux, elle vacilla une fraction de seconde, mais ne s'arrêta pas de courir. Elle devait continuer. Ne surtout pas se retourner. Ils comptaient sur elle. Une obscurité froide et chargée de menaces s'était abattue sur la forêt quelques minutes plus tôt ; la tempête s'était levée alors qu'elle fuyait, comme pour l'admonester de sa fuite. Marie Demilliers venait de quitter un enfer et se retrouvait plongée dans un autre. Encerclée par les pins fouettés par les vents, violentée par les rafales acerbes, elle peinait à voir devant elle. Tout n'était que vacarme. Les craquements sinistres des arbres se fracassant petit à petit lui glacèrent le sang. Le bruit de ces troncs se fêlant progressivement lui faisait penser à des os broyés dans une meule. Tremblant de tout son être, Marie accéléra sa course. Elle voulait sortir de ce cauchemar au plus vite. Sa robe tachée de boue et de sang la ralentissait et soudain, alors qu'elle regardait pour la énième fois derrière son épaule, elle s'écroula de tout son long sur le petit chemin caillouteux. Elle se mit à pleurer. Pas de douleur, mais de peur, de cette terreur sourde qui l'avait envahie et qui annihilait tous ses sens. La jeune femme se releva avec peine et, intuitivement, lorgna les chênes et les sapins plongés dans la pénombre. Elle se sentait observée. Un mouvement sur sa gauche la fit gémir. Le monstre qui avait commis toutes ces atrocités était-il avec elle ? Là, en train de l'épier, tapi dans les bois obscurs ? Tétanisée, elle scruta les ombres durant de longues minutes. Elle ignora les rafales qui la faisaient chanceler, ne sentit même pas la pluie glacée qui s'abattait sur elle. Toute son attention était portée sur les sous-bois. Tout à coup, elle réalisa à quel point elle aurait aimé se savoir seule dans cet enfer. Avoir la certitude que le Diable n'était pas là, avec elle... Soudain, un éclair foudroyant illumina le ciel et blanchit les alentours comme des ombres chinoises. Le flash n'avait duré qu'un battement de cil, mais Marie Demilliers l'avait vu. Hurlant de terreur, elle se mit à cavaler aussi vite qu'elle le put. Elle était en danger. Et elle devait courir vite... Très vite...
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