Arnaud
Je restai un long moment à fixer Beverly de manière inflexible. Elle sembla gênée et finit par se décider à parler.
- En fait, Amanda m'a dit...
Elle me raconta une histoire rocambolesque selon laquelle j'aurais passé la soirée avec Amanda et que nous aurions fait des choses inavouables.
- Que t'a-t-elle dit exactement ? demandai-je d'une voix stupéfaite.
- Euh... euh... Elle m'a dit qu'elle t'avait avoué être intéressée par toi et que tu avais souri, admettant t'en être rendu compte. Tu lui as ensuite dit que c'était réciproque, et vous êtes restés ensemble jusqu'à tard, très tard… Bref, qu'elle n'avait pas besoin de me faire un dessin.
Punaise ! La g***e ! Oh, la g***e !
- Beverly, regarde-moi, je t'en prie. S'il te plaît, écoute-moi.
Je pris son visage et ancrai son regard au mien.
- C'est du pur mensonge. Ce n'est absolument pas vrai. Ça ne me viendrait jamais à l'esprit de jouer avec deux copines. Ce serait d’ailleurs totalement idiot de ma part. Elle m'a effectivement avoué son intérêt, mais je lui ai fait comprendre que ce n'était pas réciproque. Elle a semblé bien le prendre et a même promis de te parler de moi pour me prouver qu'elle ne m'en tenait pas rigueur.
Je lus dans les yeux de Beverly qu'elle était bouleversée. Elle voulait me croire, mais elle se demandait sans doute quel pouvait être le but de sa copine en lui racontant cela, sachant très bien qu'elle serait rapidement démasquée.
- T'es sûr ? me demanda-t-elle d'une petite voix.
- Certain. Beverly, écoute-moi, celle qui m’intéresse, c'est toi. Je n'ai d'yeux que pour toi et si j'ai mis tout ce temps à te l'avouer, c'est simplement parce que j'avais compris les intentions d'Amanda et je ne voulais absolument pas être un obstacle entre vous. J'ai été extrêmement soulagé d'avoir clarifié les choses avec elle, mais là, je me rends simplement compte qu'elle s'est jouée de moi, dis-je d'une voix désabusée. C'est toi que je veux Beverly, rien que toi et personne d'autre.
Beverly me regardait cette fois avec une lueur dans les yeux qui me donna un brin d'espoir.
- Tu me crois ? dis-je en rapprochant mon front du sien. C'est vraiment important pour moi.
- Je ne sais pas, marmonna-t-elle en essayant de détourner le regard du mien.
Je bloquai son mouvement avec tendresse en l'obligeant à plonger ses yeux au fond des miens.
- Je te jure sur ce que j'ai de plus cher que je te dis la vérité.
Elle resta un long moment à me fixer dans les yeux. Un léger sourire étira enfin ses lèvres.
- Je te crois, lâcha-t-elle finalement d'une petite voix.
- Merci bébé, merci, dis-je en liant mes mains aux siennes.
Nous restâmes à nous fixer pendant d'interminables minutes. Des étoiles brillaient dans nos yeux.
- Pourquoi a-t-elle fait ça ? demanda Beverly d'une voix tourmentée.
- Je n'en sais rien, répondis-je d'une voix triste.
Nos regards continuèrent à se perdre l'un dans l'autre. Je rapprochai ensuite lentement son visage du mien et posai délicatement mes lèvres sur les siennes. Beverly répondit timidement à mon b****r, mais je ne m'en formalisai point. Tout ceci était déjà bien au-delà de mes espérances. Je lâchai finalement ses lèvres et verrouillai une fois de plus son regard au mien.
- Nous avons une soirée à rattraper, lançai-je d'une voix presque euphorique.
Elle hocha simplement la tête en signe d'assentiment. Mon Dieu, comme je me sentais bien là. J'avais l'impression de planer. Quand je pensais à mon état d'esprit ce matin et au bonheur qui m'animait actuellement, je réalisais que quelques minutes pouvaient vraiment changer le cours des choses.
Les obstacles pouvaient devenir des avantages. J'avais prévu avouer mon intérêt à Beverly de manière progressive, mais le mensonge d'Amanda m'avait poussé à revoir totalement mes plans. Apparemment, j'étais en couple bien plus vite que je ne l'avais imaginé, car je savais au fond de moi qu'il m'aurait fallu beaucoup de patience pour briser les réticences de Beverly. Je lui donnai un dernier b****r, et nous nous rendîmes en cours, main dans la main.
Amanda
- Tout va bien Beverly ? avais-je demandé d’une voix faussement innocente.
- Euh... euh... oui, tout va bien, avait-elle répondu d'une voix qu'elle espérait la plus naturelle possible.
J'éclatai une fois de plus de rire en y repensant. Elle avait essayé de répondre de manière désinvolte, mais j'avais bien remarqué que sa lèvre inférieure était tremblante. Ah, Beverly, je revois encore ton visage crispé. Je t'avais pourtant demandé si le mec te plaisait, mais tu avais préféré être évasive.
Hier, j'avais remarqué une petite tension entre Beverly et Arthur, et je pense qu'il ne faudrait pas trop de temps pour qu'ils me demandent des comptes, pensai-je en rigolant.
J'arrivai ce matin en classe et le cours avait bien évidemment déjà commencé. Mes deux amis étaient installés à leur place habituelle. J'entrai sur la pointe des pieds et voulus prendre place près de Beverly, mais dès qu'elle se rendit compte de ma présence, elle tourna un regard farouche vers moi.
- Non madame, tu ne t’assois pas, on va d'abord parler, dit Beverly en se levant brusquement de sa chaise tout en m'entraînant hors de la salle.
Je me laissai faire et la suivis à l'extérieur.
- Oui, dis-je en la regardant dans les yeux.
- Pourquoi m'avoir menti ? demanda Beverly d'une voix féroce.
- De quoi parles-tu ? demandai-je d'un ton faussement innocent.
J'avais presque envie d'en rire, tant je voyais les veines de son cou pulser.
- Tu oses me poser la question ? demanda-t-elle d'une voix altérée par la colère. Que s'est-il passé avec Arthur samedi ?
- Bah, je pensais te l'avoir déjà raconté, répondis-je nonchalamment.
- Tu as prétendu qu'il était intéressé par toi et que vous auriez fait certaines choses, dit-elle pudiquement.
- Beverly, je ne suis pas responsable de ta compréhension.
- Arthur m'a dit exactement le contraire.
- Mais où est le problème à la fin ? demandai-je d'une voix faussement irritée. En plus, Arthur ne t'intéresse pas, tu te souviens ? En quoi cela te regarde-t-il que j'aie fait des choses avec lui ?
Je l'avais dit en croisant les bras sur ma poitrine et en la regardant dans les yeux.
- L'avez-vous fait ? demanda Beverly cette fois d'une voix calme.
Je pris un long moment de silence, le temps de faire monter la tension avant de répondre.
- Non, lâchai-je finalment.
- Mais pourquoi ? demanda Beverly avec désarroi.
- Haha, c'était pour chauffer ton cœur, ma jolie. Je croyais que le gars ne t'intéressait pas, et te voilà qui m'agresse en plein jour pour un mec qui t'est indifférent, dis-je d'une voix malicieuse.