Chapitre 8

2880 Mots
  Gabriel Je suis encore sous le choc de la révélation d’Adena, qu’est-ce que je suis censé faire d’une telle information ? Mon plan pour la soirée était tout autre et je suis complètement perdu. Est-ce que je dois lui dire dès ce soir ? Est-ce que je dois être égoïste et penser d’abord à nos retrouvailles… Je ne sais plus. Je décide de me changer les idées et d’aller porter assistance à Mike aux écuries pour nourrir les cent-cinquante chevaux avec les autres palefreniers. - Serena a bossé toute la journée ? me demande-t-il alors que nous faisons rouler le chariot de grains dans le dédale d’écuries accueillis de hennissements impatients. - Oui, ce n’était pas prévu mais elle n’en fait qu’à sa tête. - Ouais, je comprends… répond-t-il sombrement. - ça fait combien de temps que tu travailles ici ? - Presque quatre ans maintenant. - Et tu t’y fais à tout ça ? - Franchement, je ne m’occupe pas de ce qu’il se passe, j’essaye de rester fermé à toutes leurs conneries. - Alors pourquoi être venu ? - Parce que Devon est mon ami, et que le ranch m’offre une protection et un apaisement dont j’avais absolument besoin. - Je comprends. Mike est discret, il n’a rien de commun avec la b***e de tueurs qui vivent ici, lui il est là pour les chevaux, pour Scott et pour le calme, je me sens plus proche de lui que n’importe lequel d’entre eux, bien que j’aie crée un vrai lien avec Devon aussi. - Comment tu fais quand Scott part en mission ? - Je prends sur moi, je bosse comme un dingue et je ne dors pas… - Tu as de la chance d’avoir au moins un défouloir. - Il y a un problème ? demande-t-il alors en constatant mon air désemparé. - Ouais, j’avais prévu de passer une soirée calme et de retrouver un peu d’intimité avec ma copine malheureusement j’ai eu une information entre temps que je ne me vois pas lui cacher et qui va complètement contrarier mes projets. Je n’ai aucun mal à trouver ma place nulle part habituellement, je suis plutôt adaptable comme mec, je ne me prends pas la tête… Mais depuis que je suis avec elle… Je suis bouffé d’angoisse, elle souffre tellement tout le temps… - Scott m’a surprotégé longtemps après mon agression, au début c’était réconfortant, ensuite j’ai commencé à détester ça, il me considérait comme une petite chose fragile alors que j’avais besoin qu’il me voie comme avant. - L’ennui c’est qu’avec Serena, il n’y a jamais eu d’avant. Je n’ai eu qu’un très bref aperçu de ce qu’elle avait pu être en rencontrant ses parents et le contraste était tellement saisissant que c’en était encore plus déstabilisant. - Ecoutes Gab, je vais te dire les choses comme je les ressens en tant que victime. La surprotection, c’est bien, mais seulement un temps et quoi qu’il en soit, Serena a horreur de ça, c’est à cause de ça qu’elle s’est forgée une carapace pour ne plus montrer aucune émotion. Si tu veux qu’elle communique, alors tu devras la tirer de ça par toi-même. - Je ne suis pas ce genre de mec… J’ai essayé, pendant deux mois avant qu’on arrive ici, j’ai vraiment tout fait pour la mettre en confiance, pour me rapprocher d’elle, je suis complètement envouté par elle, je l’aime tellement, tu n’imagines pas… Quand elle souffre, je souffre avec elle… - Est-ce que cette nouvelle ne peut pas attendre un peu ? - J’ai peur qu’elle me reproche de lui avoir caché… Quand je suis allé la voir dans son bureau tout à l’heure j’ai bien cru qu’elle allait me sauter à la gorge. Alors devoir ajouter ça en plus… - Tu as l’air toujours si tranquille je ne pensais pas que tu étais aussi torturé. - C’est elle qui me torture avec sa douleur. - Gabriel ! Je me retourne quand j’entends Scott me héler en arrivant rapidement aux écuries. - Il faut que tu viennes s’il te plaît… Je prends une grande inspiration pour me préparer à ce qu’il compte me demander. - Euh… Devon vient de m’appeler, il vient de renvoyer Serena, elle arrive… - Comment ça ? - Elle est en pleine crise de manque. - Quoi ? L’ensemble des rouages s’assemblent dans ma tête, irritabilité, paranoïa, agitation… merde je n’ai rien vu…Alors que je connais si bien ces symptômes… - Elle est où ? - Elle ne devrait pas tarder à arriver au hangar. - Mike ? Je peux t’abandonner ? - Vas-y, ne t’inquiètes pas pour moi, mais penses à ce que je viens de te dire. - Ne rentres pas trop tard bébé, dit alors Scott en embrassant rapidement Mike avant de m’emboîter le pas jusqu’au hangar. - Qu’est-ce qu’elle a exactement ? demandais-je alors que nous marchons précipitamment. - Devon a dit qu’elle était fébrile, agitée, qu’elle avait de la fièvre et qu’elle était en pleine paranoïa vis-à-vis de vous. - Super… Lorsque nous arrivons au salon, elle est déjà là en train de tourner en rond, une cigarette à la main, un verre de vodka dans l’autre et en effet, je ressens de loin qu’elle est dans une transe totalement incontrôlable. - Je vous préviens ne commencez pas à me traiter comme une chose fragile vous aussi ! tempête-t-elle alors même que nous n’avons pas encore ouvert la bouche. - Ok bébé, dis-je alors d’une voix douce pour tenter de l’apaiser ce qui me donne le droit d’avoir un regard noir de tueuse. Merde alors, elle est inhumaine pour l’instant, elle est possédée par la mémoire des démons de la drogue. Je sais par expérience qu’elle laissera Scott l’approcher plus que moi, elle est aussi sauvage que lorsqu’elle avait été ramenée de sa prise d’otage. Je n’ose même pas avancer parce que son rejet me ferait trop mal. Je suis encore une fois totalement désarmé face à elle et la toute-puissance des déchainements de son âme. Je sais qu’à cet instant la seule chose qui pourrait la calmer serait une bonne dose de tranquillisants et la convaincre d’en prendre ne sera pas simple. - Est-ce que tu peux arrêter de tourner en rond ? demande alors Scott en la regardant avec insistance. Je sais qu’il est déjà en pleine évaluation de son état, je garde le silence, je ne sais même pas comment intervenir, ni quoi faire pour l’apaiser… J’ai déjà dû prendre les choses en mains avec elle, bien que ce ne soit pas dans mes habitudes… Elle se fige face à lui, tire de longues bouffées de sa cigarette, avale son verre d’un trait et nous toise. Mon étoile céleste n’a plus rien d’impassible. Elle est dévorée par ses démons et leurs impulsions. - Je vais chercher mon matos et on va faire un petit bilan tu veux bien ? demande Scott sans pour autant l’approcher davantage. - Vous me faites chier avec vos putains de bilans ! Je ne vous supporte plus tous autant que vous êtes ! Vous m’exaspérez ! Elle balance violemment son verre à travers la pièce et il explose contre le mur projetant des éclats de verre dans tous les sens. - Laissez-moi tranquille d’accord ! Foutez-moi la paix ! - Serena, soit tu te calmes maintenant, soit on passe à la manière forte, l’avertit Scott. - Je ne suis pas d’accord ! Chaque fois que ton p****n de patron décrète que je ne suis pas suffisamment stable pour lui il m’envoie chez toi me foutre sous tranquillisants ! C’est ça la normalité pour vous ! b***e de psychopathes dégénérés ! Allez tous vous faire foutre d’accord ?! Scott ne répond pas et se rend directement dans sa chambre. Je reste en retrait, je lui laisse l’espace que je juge nécessaire. - Mon étoile, est-ce que tu veux bien te poser cinq minutes et t’assoir ? - Non ! Qu’est-ce que tu me veux toi aussi d’ailleurs ? Je contrarie tes petits plans pour la soirée ? Ça ne te convient pas ? Eh bien c’est dommage ! Tu n’as qu’à aller te consoler avec Adena ! Elle essaye de passer à côté de moi pour sortir mais je l’attrape par le bras et la retiens. - Tu ne vas nulle part bébé, Scott va te donner quelque chose qui va t’aider… - Arrête d’essayer de m’aider ! Je n’en ai pas besoin de ta p****n d’aide ! Lâche-moi ! Elle se dégage violemment de ma prise et je la libère pour ne pas lui faire de mal puis elle s’en va en passant les portes coulissantes alors que je me précipite à la chambre de Scott. Et tambourine plusieurs fois. - Scott ! p****n elle se barre merde ! Il ouvre rapidement avec une seringue à la main. - Rattrape-là ! Elle est en surrégime et s’est enfuie comme une furie hors de contrôle… Nous prenons les portes qu’elle a lourdement claquées derrière elle, il fait nuit noire… On ne voit plus suffisamment pour la distinguer… - Où est-ce qu’elle a pu aller ? - J’en ai aucune idée… - Attends, désolé mais je déclenche les alarmes… Elle est dangereuse pour elle-même. Il abaisse une manivelle située à côté de la porte du hangar et des sirènes se mettent à retentir avec la force d’une alerte ouragan dans une ville entière. Immédiatement, les hommes sortent de leur chambre, Preston, Bill et Tim en premiers. - Qu’est-ce qu’il se passe ? demande Preston inquiet. - Serena est en pleine crise de manque, totalement incontrôlable… - p****n, Devon est au courant ? Scott décroche son téléphone et explique la situation à Devon au bout du fil qui semble exulter de colère. Après qu’il a raccroché, nous prenons tous la sortie où tous les spots les plus puissants éclairent le domaine malgré de trop nombreuses zones d’ombres qui persistent. - Si elle ne se décide pas à rentrer d’elle-même c’est mort… - Arrête Scott, elle ne peut pas passer la nuit dehors, elle va crever d’hypothermie, si elle fait n’importe quoi… - Elle ne va pas sortir du ranch, elle a juste besoin de reprendre ses esprits. Cette fois c’est mon téléphone qui sonne. - Elle est revenue chez toi ? demandais-je à Devon en décrochant immédiatement. - Non, j’ai constaté son état et je l’ai renvoyé au hangar mais elle semblait tout à fait conciliante quand elle est partie, est-ce que je peux savoir pourquoi elle n’est pas restée sur place ?! - Parce que je n’ai pas réussi à la retenir… - Tu te fous de ma gueule Gabriel ! - Je te l’ai dit ! Je ne suis pas brutal avec elle ! - Et bah tu devrais un peu parce qu’elle en a besoin ! Il me raccroche au nez, nous parcourons le ranch à l’aide de lampes torches en appelant Serena lorsque nous voyons au loin un Hummer démarrer à toute allure et prendre la direction de la grille principale. - Qui conduit ?! s’exclame alors Scott, p****n mais elle se barre vraiment ! - Non, non, non… Je suis désespéré… Le tour que prend les évènements est complètement hallucinant… Je rappelle Devon rapidement. - Fais bloquer la grille ! Elle essaye de se tirer ! - Comment ?! - Elle a pris un Hummer… - Même pas capable de retenir une si petite chose… - Arrête de me torturer p****n je suis bouffé d’inquiétude, combien de temps il lui faudrait pour trouver ce dont elle a besoin à El Paso ? - Cinq grosses minutes… On est à la frontière. - Je t’avais prévenu ! Elle ment, elle cache pleins de choses, elle est imprévisible ! Et tu ne m’as pas écouté ! - Elle fait ce qu’elle veut parce que tu ne sais pas comment lui parler. En cinq minutes avec moi elle était calmée ! - Ouais la preuve ! Elle se tire ! - Grant n’ouvrira pas la grille. - Et tu penses qu’elle ne peut pas l’enfoncer avec ta saloperie de tank ! - ça ne te ressemble pas d’être aussi énervé Gabriel, elle va reprendre ses esprits et revenir. - Alors appelles la et fais-la rentrer puisqu’apparemment il n’y a que toi qu’elle écoute ! - C’est faux, tu es juste sous le coup de l’émotion, elle ne connait pas la région, elle ne va pas aller bien loin… Cette fois c’est moi qui lui raccroche au nez et j’essaye d’appeler Serena… Je suis dévoré par le stress… Elle me fait passer par toutes les émotions, elle n’est plus elle-même… - Qu’est-ce qu’il y a Gabriel ?! demande-t-elle sèchement en décrochant. - Serena, bébé, s’il te plaît… Je sais que tu te sens persécutée mais ne fais pas n’importe quoi… Parles-moi… On devait passer la soirée tous les deux… Je ne sais pas où tu vas comme ça en pleine nuit mais… Tu me fais peur mon étoile. - Je suis envahie d’émotions que je ne maîtrise plus Gabriel… Elle est en train de pleurer au téléphone... ça me brise le cœur… - Mon amour, je suis là tu le sais, tu te souviens, tu te ramasses et je te relève, je serai toujours là pour toi… J’essaye de la convaincre, je veux juste pouvoir la réconforter et la serrer dans mes bras. - Non ! Vous essayez tous de me changer ! M’empêcher de gérer les choses comme j’en ai toujours eu l’habitude ! A ma manière ! - Donc tu t’enfuis… Encore. - J’ai besoin de solitude pour le moment… Tu sais comment je fonctionne. - Je t’en supplie bébé… Laisse-moi au moins te rejoindre, seulement moi… Dis-moi où tu es… - Tu ne vas pas m’envoyer une armée pour me maîtriser et m’endormir à coup de calmants ? - Je te le promets. - Je ne sais pas où je suis, je roule au hasard. - Et comment as-tu fait pour réussir à conduire un char d’assaut toute seule ? - Je me débrouille Gabriel, comme toujours. Je soupire. J’ai des vertiges de terreur. J’ai tellement peur qu’elle fasse une bêtise… Elle en a déjà été capable une fois… Elle est en pleine instabilité et maintenant elle est seule au milieu de nulle part sans moi, sans personne, livrée à ses démons en plein océan de perdition. - Arrêtes-toi, où que tu sois, s’il te plaît bébé et je vais te rejoindre, seulement moi je te le promets. - J’ai trop mal Gabriel, j’en peux plus… - Ecoutes-moi mon étoile, s’il te plaît, ne fais rien, attends-moi je viens d’accord ? Tu peux faire ça ? - Oui, je crois, répond-t-elle la voix pleine de sanglots. Elle semble tellement souffrir que ça me déchire le cœur. - D’accord, je raccroche quelques minutes le temps de m’organiser et j’arrive. - D’accord, répond-t-elle alors. Je raccroche le téléphone et monte en courant jusqu’à la maison en ignorant totalement les hommes qui grouillent au hangar. - Maria ! J’ai besoin des clefs de la voiture la plus rapide que vous ayez ! - Toutes les clefs sont au garage… Je ressors rapidement de la maison en courant et fonce jusqu’au garage. Il y a une Mustang qui semble répondre aux critères que je recherche et après en avoir attrapé les clefs, je monte et démarre en trombe avant d’enfoncer l’accélérateur et partir à toute vitesse en direction de la grille principale tout en appelant Jimmy. - Quoi ? - Trouves-moi Serena s’il te plait. - Elle est partie ? - Ouais, elle est en pleine crise de manque. J’attends patiemment et m’arrête devant la grille alors que Grant s’avance vers moi. - Tu l’as laissée sortir sans te poser de question ? - Ba ouais, je n’ai pas d’ordre contraire… - Espèce de connard ! Les alarmes qui gueulent partout ça ne t’a pas traversé l’esprit que c’était à cause d’elle ? Quelle direction elle a prise ? Il me montre le chemin du doigt et j’enfonce encore l’accélérateur en faisant crisser les pneus. Je ne lui laisse même pas le temps de me répondre avant de partir. - Alors ?! insistais-je auprès de Jimmy resté en ligne, j’ai besoin que tu me diriges là je ne sais pas du tout où je vais, il fait nuit noire… - Je l’ai, elle est à dix, douze kilomètres au Nord-Ouest, je programme directement le GPS de la Mustang. - Vas-y. J’attends qu’il fasse ses programmations et quand enfin le GPS m’indique la bonne direction je mets les pleins gaz. J’évite seulement les buissons et roches éparses. Il n’y a pas de chemin tracé, j’avance au hasard en me guidant uniquement de mes phares et du GPS qui m’indique la direction à suivre. Je finis par apercevoir les éclairages puissants du Hummer garé au loin et je suis soulagé qu’elle m’ait écouté. - Merci Jimmy, je l’ai. - Ok, bon courage.
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