Chapitre 6

3219 Mots
Habiba a réfléchi durant toute la nuit à une solution pour empêcher ce mariage qu'elle trouve dégoûtant et pas à son goût. Ce midi, elle est venue à la cuisine discuter avec sa mère.  Habiba : maa je veux te parler  Chioma : prend le mortier tu commences à piler les légumes ci  Habiba boude mais va faire ce que sa mère lui a demandé. Elle pile avec désinvolture Chioma : je me demande comment tu feras chez ton mari tu n'aimes pas travailler Habiba : voilà maman c'est justement de ça que je veux te parler. Tu sais que je ne suis pas posée tu dis toujours que je suis têtue et rebelle si je me comporte mal et mon mari me répudie vous serez déçus nor Chioma : c'est une façon de me dire quoi la  Habiba : qu'il faut éviter que je me fasse répudier, ça va détruire notre belle réputation dans le village. Et la seule façon d'éviter ça c'est annuler le mariage Chioma : je vois qu'il y a de l'eau dans ta tête hein. Habiba ne commence pas ce que tu veux faire la ne joue pas avec mes nerfs. Tu racontes quoi comme ça donc tu vas faire exprès de mal te comporter pour qu'il te chasse, essaie et tu me verras, ça c'est même quel genre d'enfant Habiba : maman regarde comment je suis petite et regarde le vieux père là sûrement il meurt même bientôt Sa mère a pris le pilon pour d'oser sur sa tête Habiba : aiiiiii maman ça fait mal  Chioma : dis encore une sale parole je te casse la tête. Tu n'as même pas honte une vieille fille à 17 ans tu es encore chez tes parents tes égaux sont en mariage et ont déjà deux enfants. Regarde Maya c'est ta petite sœur elle est mariée elle se plaint ? Elle a quel problème tu n'est même pas encore dedans tu veux déjà sortir Habiba : parce que tu crois que maya est très heureuse, elle n'a pas le choix elle obéit à ses parents tout comme vous voulez le faire avec moi. C'est même grâce à moi qu'elle sourit ici si tu ne le sais pas Chioma: parle moi bien hein je ne suis pas ton amie. À chacun son foyer tu vas te marier après-demain donc ne commence pas le désordre. D'ailleurs même tu sais qui est ton père tu peux faire ça avec moi mais pas avec lui.  Habiba : maman je ne refuse pas de me marier mon problème c'est le choix du mari maman toi même regarde le il n'a même plus les dents il est laid et vieux il est comme mon grand père Chioma : n'exagère pas il n'est pas vieux et je te rappelle qu'il est bien solide. Avec lui tu seras à l'abri du besoin et peut-être même qu'il t'emmènera en ville.il va t'offrir des pagnes tu donneras ma part  Habiba : je ne te donnes rien  Chioma : ok fait comme tu veux mais tu iras là-bas. Quand tu seras heureuse tu vas me remercier. En passant commence à faire ton sac tu prends juste les vêtements encore en état. Tu as compris  Habiba : j'ai compris Chioma : ok' s'il te plaît pile ça vite je vais mettre au feu tu fais comme si tu n'as pas les os.  Habiba est désespérée, elle n'a pas d'autre choix que d'accepter les consignes de ses parents. tant mieux. Après avoir aidé sa mère, elle est allée voir Maya dans sa chambre. Maya range ses habits qu'elle a retirés dehors sous le soleil. Maya : tu fais une tête d'enterrement Habiba se laisse aller sur le lit avec désespoir. Maya vient s'asseoir à ses côtés Maya : ça ne va pas ? Habiba : je croyais convaincre ma mère mais je n'ai pas pu. Je vais me marier Maya: tu n'as pas le choix ça ne sert à rien de vouloir fuir, et qui sait peut-être que tu seras heureuse laba. Soit positive ça va aller  Habiba : ah je l'espère. Après tu viendras m'aider à faire mon sac  Maya : d'accord Habiba : je ne suis pas contente mais c'est mon destin je ne peux que l'accepter Maya : pour dire vrai nos parents ne devraient pas nous obliger à nous marier Habiba : pourquoi tu dis ça, ça toujours été comme ça  Maya : oui mais ce n'est pas la règle. Ils ne devraient pas choisir pour nous, normalement c'est à nous de faire nos choix, de choisir qui épouser, d'écrire notre histoire, notre destin. Chacun doit écrire son destin c'est comme ça  Habiba : hummm Maya : es ce que tu sais que ailleurs dans les grandes villes les enfants vont à l'école, aucune jeune fille de notre âge n'est mariée Habiba : c'est comme ça ailleurs ? Maya : Bien sûr. Même ma grande sœur m'a dit ça dans d'autres villes les filles vont à l'école jusqu'à elles travaillent dans les bureaux. Mais ici la place de la femme se résume à faire les enfants et rester à la cuisine. On lui impose tout elle n'a rien à dire, non ailleurs c'est pas ça Habiba : mais pourquoi ils nous font ça ici, moi je croyais que c'était partout Maya : jamais. Ici on vit selon les coutumes que je trouve villageoises et malsaines. Vraiment ça m'énerve Habiba : mais c'est bien ailleurs hein. On devrait faire ça ici.  Maya : tu vois en ville les filles se marient elles portent des grandes robes blanches, son mari a un costume ils vont à la mairie signer l'acte de mariage, après il y a une grande fête tout le monde est bien habillé. Or ici on vient vous donner les sacs de patates, d'ignames les coqs et j'en passe et c'est tout hein, il y a même pas d'acte de mariage ni d'alliance. Devant la loi ce n'est pas légal tu n'est pas marié Habiba : waouhhh je ne savais pas ça Maya : attend je te montre un mariage en ville. Elle va dans son sac et fouille jusqu'au fond elle sort un livre  Maya : ça c'est mon livre du cours moyen je le garde précieusement à cause des images qui sont à l'intérieur j'aime les regarder. Elle ouvre et fouille jusqu'à l'image qu'elle cherche. Maya : regarde voici la mariée regarde comment elle est belle regarde sa grande robe blanche  Habiba : waouhhh donc c'est comme ça qu'on se marie en ville  Maya : oui c'est une grande fête. Et regarde la est ce que c'est une petite fille elle a presque le même âge avec son mari.  Elle tourne la page  Maya : ici c'est la fête regarde la décoration, les invités, c'est beau nor Habiba : magnifique. J'aimerais me marier comme ça  Maya : moi de même cette image me fait trop rêver. Habiba : il y a d'autres photos ? Maya : oui oui il y'en a tellement. Tiens par exemple ça c'est le stade de la capitale Habiba : mais c'est grand hein c'est comme tout le village Maya : Hahhaha ça s'appelle le stade Ahmadou Ahidjo Habiba : c'est qui celui là Maya : c'était le premier président du pays Habiba : ah et le deuxième c'est qui  Maya : ekieeee tu ne connais pas ton président Habiba : il me connait aussi ? Maya : hahahaha  Habiba lui prend le livre entre les mains et Feuillette Habiba : eh ça c'est la route. m***e il ya beaucoup de voiture comme ça  Maya : on appelle ça l'auto route je crois que c'est sur l'axe Douala Yaoundé Habiba : mais tu connais hein  Maya : c'est écrit la nor. Ah oui tu ne sais pas lire dommage  Habiba : attend je m'installe pour bien regarder. Ça me plaît trop pourquoi tu ne m'a pas montré ça depuis  Maya : je ne savais pas que ça pouvait t'intéresser.  Habiba se couche pratiquement pour mieux feuilleter le livre, à chaque image elle sourit, elle est émerveillée Habiba : ça donne envie d'aller voir  Maya : ah oui. Quand ma sœur me raconte comment est la ville , je suis toute émue. J'ai juste envie d'aller là-bas. Nous sommes dans le trou ici  Habiba : hummmm. Un enfant est venue appeler Maya  Maya : j'arrive Habiba ton père m'appelle s'il te plaît ne sort pas avec ce livre si ton père voit ça il va brûler Habiba : qu'il est fou c'est son livre? stuippp Maya : je te dis seulement Elle est partie pour le salon de son mari. Ses deux autres coépouses y sont déjà bien assises  Maya : tu m'as appelé baba  Papa Diallo : oui je voulais vous parler par rapport à la dote de Habiba. Monsieur takam me fait savoir qu'il ne sera pas seul, donc il faudra faire à manger pour les recevoir. Chioma tu vas t'occuper de ça je te donnerai de l'argent et tu vas répartir avec tes coépouses et leur dire quoi préparer. Chacune fera un repas. C'est tout  Sessimé : il faut qu'on discute tous ensemble sur le menu c'est pas elle qui va nous imposer un menu Papa Diallo : ce n'est pas mon problème faites comme vous voulez mais je veux trois repas. Sessimé : bien vouloir tenir compte de mon état je ne peux rien faire de fatiguant  Chioma : je sais sessimé contrairement à toi je suis humaine  Sessimé : hummmm Papa Diallo : si c'est bon ça va  Chioma : demain on ira faire le marché, comme.ca après demain le matin on commence les préparatifs puisqu'ils vont venir le soir  Papa Diallo : ca me semble une bonne idée Maya : j'approuve aussi  Sessimé : moi je pense que… Chioma : arrête je n'ai pas demandé de penser tu veux toujours parler ou tout est clair même si tu n'as rien à dire  Sessimé : mais laisse moi parler pourquoi tu m'étouffe. Baba parle à ta femme ohh je n'aime pas le mepris Papa Diallo : wookooo Chioma : baba si tu as fini je peux aller dans ma case Papa Diallo : oui j'ai fini Elle s'est levée pour partir et Maya l'a suivi Sessimé : baba je suis fâchée, tu ne m'aimes pas. Ah oui j'ai la preuve que tu ne m'aimes pas je ne sais même pas pourquoi tu m'as épousé. Je vais te donner notre 3e enfant, tu penses que c'est petit ?.et Maya tu sais même si elle va accoucher un jour ? Papa Diallo : tu es arrivé laba comment ? C'est toujours le même problème ou quoi ? Sessimé : je ne suis pas fier de toi baba tu me néglige beaucoup et ta femme en profite pour me narguer  Papa Diallo : tu es très nerveuse va t'habiller on va sortir se balader un peu  Sessimé : ah bon on va se balader  Papa Diallo : oui oui vas-y tu es ma chérie je te l'ai toujours dis mais calme toi souvent c'est tout ce que je te demande. vas-y je t'attends Sessimé est contente elle court pour aller dans sa chambre se changer. Son mari n'a pas l'habitude de sortir avec ses femmes donc quand il le fait il faut en profiter. Maya arrive dans sa chambre, Habiba dort avec le livre ouvert. Elle sourit et ressort' elle s'est assise dehors. Son mari passe avec sessimé accroché à son bras Papa Diallo : Maya j'emmène sessimé se détendre un peu tu as besoin que je t'apporte quelque chose ? Sessimé : pourquoi ? Le jour où tu vas sortir avec elle tu vas lui payer ce qu'elle veut mais aujourd'hui c'est moi et moi seule Maya : non baba merci sessimé en a plus besoin que moi Papa Diallo : d'accord. Euhh en passant tu as vu Habiba ? Maya : oui elle dort chez moi  Papa Diallo : d'accord Ils sont partis, sessimé se tourne pour toiser Maya.  Maya : elle me fait rire cette folle si elle pouvait savoir comment je me moque qu'elle parte en balade avec lui. Si elle pouvait même le garder éternellement moi ça m'arrangerait stuippp. Chioma : tu parles seule Maya : ah non c'est sessimé qui me nargue parce qu'elle va en balade Chioma : ah ok. Habiba est ou.? Maya : elle.dort ne l'a réveille pas  Chioma : je lui ai demandé d'arranger son sac, elle n'a rien fait. Cet enfant est têtue Maya je ne sais même pas si tu lui parles souvent. Toi qui est sa petite sœur tu es plus mâture qu'elle je me demande si elle va s'en sortir dans ce mariage  Maya : ah moi je n'ai pas de problème avec elle. C'est vrai qu'elle est un peu folle mais j'aime ca  Chioma : stuippp vous êtes pareil. S'il te plaît parle lui, encourage la à se marier dis lui comment elle sera heureuse laba tu vois un peu  Maya : ok je le ferais Chioma : merci. Je pense qu'elle t'écoute plus. Je vais aller moi même trier ses habits  Elle est partie.. quelques heures après Habiba s'est réveillée, elle est sortie en se tirant  Habiba : m***e j'ai dormir hein  Maya : ta mère t'a cherché Habiba : j'ai rêvé que j'étais en ville je me mariais dans la grande robe là Maya : heureusement que ce n'est qu'un rêve.  Habiba : ah oui. Mon père t'appelais pourquoi Maya : par rapport à la dot il faut qu'on s'organise pour préparer Habiba : ok ohh. Je te laisse alors à demain seulement Maya : d'accord à demain Elle est partie Maya est entrée garder son livre. Habiba arrive dans sa chambre elle trouve ses habits sur le lit  Habiba : maaa qui a mis mes habits ici  Chioma : c'est moi j'ai trié tu vas mettre dans ton sac Sa mère est arrivée Chioma : le pagne qui est sur la table la c'est ce que tu vas porter  Habiba : ok. Chioma : j'ai aussi pensé à te donner un sac tissé que tu vas offrir à ta coépouse Habiba : pourquoi ? Chioma : en signe de bienvenue Habiba : c'est moi qui vient ou c'est elle. C'est a elle de me souhaiter la bienvenue pas à moi. Je ne lui offre rien du tout  Chioma : tu es vraiment très mal élevée Habiba : tu parle comme si c'était le voisin qui m'avait élevé Chioma : Vraiment hein ça ne vaut pas la peine. Je ne sais pas à qui tu ressembles avec ton comportement là. Range moi ses habits. Ton sac doit être prêt ce soir demain tu n'auras pas le temps on ira au marché Habiba : ok Maya est toujours dehors, sessimé est revenue avec son mari elle tient un plastique en main sûrement des achats elle va dans sa case et revient étant nerveuse  Sessimé : Maya pourquoi mes enfants sont sales tu ne les as pas lavé pourquoi Maya : tu t'adresses à moi ? Sessimé : il ya deux personnes ici ? comment tu peux les laisser comme ça regarde comment ils sont comme des petits cochons  Maya : mais tu as dis qu'on ne touche pas à tes enfants tu voulais que je désobéisse et tu me traite de mechante. moi j'ai lavé les enfants de chioma c'est tout  Sessimé : merci beaucoup je vois votre cœur dans cette concession ok j'ai compris que vous ne pouvez pas m'aider merci sache que ton tour arrive je ferai pareil stuippp Elle est partie  Maya : wandafull la fille ci n'a pas toute sa tête. J'espère que c'est la grossesse qui lui fait perdre la tête. Elle s'est levée pour entrer et a fermé sa porte. Il ne manque plus que quelques heures pour que Habiba s'en va, elle se sent déjà seule.  Le lendemain elle s'est vite réveillée pour faire sa toilette, pendant qu'elle cherchait quoi se mettre Habiba est entrée et a fermé la porte   Habiba : il faut qu'on parle (en chuchotant) Maya : c'est quoi il y a un problème ? Habiba : ne parle pas fort. J'ai pris une décision je ne vais pas me marier et tu sais pourquoi ? Maya : non dis moi pourquoi Habiba : parce que je vais partir en ville avec toi  Maya : pardon ? Attends tu dis quoi ? Habiba : Maya j'ai beaucoup pensé à la conversation qu'on a eu hier et ça m'a parlé. Notre place n'est pas ici Maya on doit partir Maya : je suis vraiment désolée que ce que j'ai dis a pu te mettre cette idée que je trouve tordue en tête mais Habiba ce n'est même pas envisageable, on ne peut pas quitter le village comme ça je suis mariée tu imagines un peu les retombés Habiba : Aka laisse ça. Tu parles de quel mariage, Toi même tu as dis que ce n'est pas légal ça ne compte même pas, tu as dis que ce qui se passe ici n'est pas normal ailleurs on ne vit pas comme ça. Maya moi je ne veux pas passer toute ma vie dans ce trou je veux découvrir d'autres endroits je veux voyager je veux vivre comme une fille de mon âge et toi aussi c'est ce que tu veux tu n'es pas heureuse ici, ton corps est la mais ton esprit est ailleurs, et tes projets que fais tu de ça ? Tes ambitudes ou c'est ambi quoi la (Maya sourit) tu fais quoi de ça. Tu ne veux plus devenir médecin ? Maya tu ne veux pas écrire ton destin toi-même ? Maya : hummm on dit ambitions et non ambitudes, ce que tu dis est vrai j'ai envie de faire tout ça mais Habiba nous avons nos coutumes et quand tu désobéi aux parents on te renie, mon père va me renier et le tiens aussi, en plus on ne connait personne en ville on va faire quoi il ya beaucoup de paramètres en jeu Habiba : je ne m'inquiète pas du renie on dit quoi Maya : hahahaha on dit reniement Habiba : moque toi toujours de moi je m'en fou. Je n'ai pas peur du reniement de mon père c'est son problème moi je veux partir. Tu as dis que la ville est grande donc on ne vas pas manquer quoi faire, où aller ma copine binkou est Là-bas elle peut nous aider. Maya : je ne sais pas c'est une décision difficile à prendre j'ai besoin de réfléchir Habiba : d'accord. Mais sache que je vais partir ce soir donc avant de dormir tu me donnes ta réponse. Je vais aller voir un ami son père à la moto il viendra me chercher la nuit pour me déposer à la gare Maya : tu as de l'argent ? Habiba : non mais je sais où prendre l'argent de mon père. J'espère vraiment que tu viendras avec moi. Imagine nous en ville c'est pas beau ? Maya : oui c'est très beau. Je vais te revenir le soir laisse moi réfléchir je ne peux pas prendre une décision pareille sur un coup de tête Habiba : ok. Après alors moi je suis devant  Elle est sortie. A suivre
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