Partie 5 - LES HUITRES Il ne me faut pas faire un gros effort de mémoire pour me rappeler dans tous les détails le pluvieux crépuscule d’automne au cours duquel, me trouvant avec mon père, dans l’une des rues fréquentées de Moscou, je ressentis un étrange mal… Je n’éprouve aucune douleur, pourtant mes jambes fléchissent, les mots s’arrêtent dans ma gorge, ma tête penche sans force sur le côté… Il était clair que j’allais incontinent tomber et perdre connaissance… Si je m’étais trouvé à ce moment-là à l’hôpital, les médecins auraient inscrit sur ma tablette : fames (la faim), maladie qui ne figure pas dans les traités de médecine. A côté de moi, sur le trottoir, se trouve mon père en pardessus d’été usé et en casquette tricotée, d’où sort un morceau d’ouate blanche. A ses pieds on remar


