Chapitre 8

3292 Mots
Mme Weston n’ajouta rien et Emma, qui avait entendu le dialogue, se rendit compte combien avaient dû être grandes la surprise et la mortification de son amie. Elle se retourna et vit M. Elton s’approcher de M. Knightley et se préparer à une conversation suivie ; elle surprit en même temps des sourires d’intelligence entre lui et sa femme. Elle détourna la tête, tremblant intérieurement et craignant que sa figure ne la trahît. L’instant d’après, un spectacle réconfortant frappa son regard : M. Knightley donnait la main à Henriette Smith pour la conduire au milieu du salon. Jamais elle n’avait été plus surprise et rarement plus heureuse ! Elle était trop loin pour parler à M. Knightley mais à la première opportunité elle mit toute sa reconnaissance et son plaisir dans un regard et un sourire. Il dansait extrêmement bien, comme elle l’avait supposé, Henriette était triomphante et semblait ne pas toucher terre. M. Elton, étonné et confus, s’était retiré dans la salle de jeu, ne sachant plus quelle contenance tenir. Peu après, le souper fut annoncé, et on se prépara à passer dans la salle à manger. Depuis ce moment jusqu’à celui où elle leva sa cuillère, Mlle Bates ne cessa de se faire entendre : – Jane, où êtes-vous ? Voilà votre collet. Mme Weston vous prie de le mettre ; elle a peur des courants d’air dans le couloir ; pourtant, toutes les mesures de précaution ont été prises : une porte a été clouée et tout a été rembourré. Ma chère Jane, il faut absolument couvrir vos épaules. Monsieur Churchill, vous êtes trop bon ; votre opportune intervention a assuré le succès de mes efforts ! Elle est maintenant à l’abri du froid. Oui, ma chère, comme je vous l’avais dit, j’ai couru jusqu’à la maison pour aider grand’mère à se coucher, et me voici de retour : personne ne s’est aperçu de mon absence. Grand’mère était très bien, elle a passé une agréable soirée avec M. Woodhouse : une longue causerie et une émouvante partie de trente et un ; elle a eu une chance extraordinaire, elle s’est beaucoup informée de vous et elle désirait savoir avec qui vous dansiez. « Oh ! » dis-je « je ne veux pas enlever à Jane le plaisir de vous raconter demain tous les détails, elle même : quand, je suis partie elle dansait avec M. Georges Otway ; son premier partenaire fut M. Elton ; M. Cox l’invitera peut-être ensuite. » – Mon cher Monsieur, vous êtes trop aimable ! N’y a-til pas une autre dame à qui vous vouliez faire l’honneur d’offrir le bras ? Je puis aller seule. Attendons un instant et laissons passer Mme Elton. Comme elle a l’air élégant ! Quelles magnifiques dentelles ! Maintenant nous pouvons suivre derrière la queue de sa robe. C’est tout à fait la reine de la soirée. Nous voici au couloir. Jane faites attention aux deux marches – mais il n’y en a qu’une ! C’est curieux j’étais persuadée du contraire ! Je n’ai jamais vu nulle part une décoration d’un style aussi parfait : des bougies partout ! Je vous parlais de grand’mère, Jane ; il y a eu un petit incident à Hartfield : outre des pommes au four et des biscuits, on avait posé sur la table du souper une délicate fricassée d’asperges avec une garniture de ris de veau ; par malheur l’excellent M. Woodhouse ne jugeant pas les asperges suffisamment cuites, a renvoyé le tout ; c’est, vous le savez, le mets préféré de grand’mère aussi avons-nous décidé de ne parler à personne de cette aventure de peur que le fait n’arrive aux oreilles de Mlle Woodhouse et ne la contrarie ! – Eh bien ! Voici des tables servies avec profusion ! Je suis émerveillée. Où allons-nous nous asseoir ? À l’abri de tout courant d’air à cause de Jane – Ah ! vraiment, M. Churchill vous conseillez cette partie de la pièce ! Faisons comme vous le désirez : il vous appartient de commander ici. Ma chère Jane, comment pourrons-nous nous rappeler le nom de tous ces plats pour en donner la liste à grand’mère ? Il y a aussi du potage ! On n’aurait pas dû me servir déjà, mais le fumet est si fin que je ne puis m’empêcher de commencer ! Emma ne trouva pas l’occasion de parler à M. Knightley pendant le souper ; mais dès que les invités furent de nouveau réunis dans la salle de bal, les yeux de la jeune fille l’appelèrent irrésistiblement, et il vint s’asseoir auprès d’elle : il commença par blâmer énergiquement l’inqualifiable grossièreté de M. Elton et la complicité de Mme Elton fut sévèrement appréciée. – Ils ont cherché à blesser, ajouta-t-il, non seulement Henriette, mais encore l’amie d’Henriette. Pourquoi sont-ils vos ennemis, Emma ? Il la regarda en souriant et, ne recevant pas de réponse, il reprit : – Elle ne devrait pas vous en vouloir, quand bien même il aurait, lui, des raisons de rancune ; je ne vous demande pas de me confier le secret d’un autre, mais avouez que vous désiriez lui faire épouser Henriette ? – C’est vrai, dit Emma. – Je ne vous gronderai pas, dit-il d’un air indulgent ; je vous laisse à vos propres réflexions. – Ne vous fiez pas à mon sens critique ! Je me suis complètement trompée sur le compte de M. Elton. Vous vous êtes, au contraire, montré très perspicace ; vous l’aviez jugé intéressé et vaniteux ; rien de plus exact. J’avais été amenée à la suite d’une série d’extraordinaires malentendus, à m’imaginer qu’il était amoureux d’Henriette. – Pour vous récompenser de reconnaître vos torts, je veux vous rendre justice : vous aviez mieux choisi pour lui qu’il ne l’a fait lui-même. Henriette Smith a des qualités de premier ordre qui font totalement défaut à Mme Elton : c’est une jeune fille simple, sincère, droite que tout homme de bon sens et de goût préférerait à une femme du genre de Mme Elton. Je ne m’attendais pas à trouver la conversation d’Henriette si agréable. Emma fut extrêmement flattée de ce jugement porté sur son amie ; elle s’apprêtait à répondre mais ils furent interrompus par M. Weston : celui-ci organisait la reprise des danses. – Allons, dit-il, Mademoiselle Woodhouse, Mademoiselle Otway, Mademoiselle Fairfax, à quoi pensez-vous ? Venez Emma donner l’exemple. Tout le monde est paresseux, tout le monde dort. – Je suis prête à accomplir mon devoir, repartit Emma, si j’en trouve l’occasion toutefois ! – Avec qui allez-vous danser ? demanda M. Knightley. – Avec vous, si vous m’invitez. – Voulez-vous ? dit-il en lui offrant la main. – Je crois bien. Vous avez fait vos preuves et nous ne sommes pas suffisamment frère et sœur pour qu’il nous soit interdit de danser ensemble. – Frère et sœur ! Mais pas du tout. Sa conversation avec M. Knightley demeura pour Emma un des souvenirs les plus agréables du bal. Elle était contente que leurs opinions sur le ménage Elton fussent concordantes ; de plus, les éloges décernés à Henriette lui étaient particulièrement sensibles. En fin de compte, l’impertinence de M. Elton, au lieu de gâter sa soirée, lui avait procuré des satisfactions imprévues ; elle prévoyait aussi un autre résultat heureux : la guérison d’Henriette ; d’après les quelques mots que cette dernière lui avait dits à ce propos, avant de quitter la salle de bal, il était permis d’espérer : les yeux de la jeune fille s’étaient ouverts tout à coup ; elle avait eu la révélation de la véritable nature de M. Elton ; la fièvre d’admiration était tombée ! En se promenant le lendemain dans le parc, après le déjeuner, Emma songeait avec complaisance combien, à la suite de la transformation d’Henriette, sa propre tranquillité se trouverait consolidée : l’horizon s’éclaircissait de tous côtés ; Henriette devenait raisonnable, Frank Churchill était moins amoureux et M. Knightley paraissait disposé à la conciliation. Au détour d’une allée, Henriette apparut soudain ; elle portait un petit paquet à la main ; après diverses allusions émues aux plaisirs de la veille, elle prit un air sérieux et dit avec un peu d’hésitation : – Mademoiselle Woodhouse, si vous avez le temps, je désire vous entretenir en particulier ; j’ai une sorte de confession à vous faire. Emma fut assez surprise et pria son amie de s’expliquer sans retard. – C’est mon devoir assurément, reprit Henriette, de ne pas vous cacher le sentiment que j’éprouve aujourd’hui. Vous avez subi bien souvent le contre-coup de mes tourments et il est juste que vous ayez la satisfaction de me savoir guérie. Je ne veux pas m’étendre inutilement sur ce sujet, car j’ai honte de m’être laissée aller comme je l’ai fait. Vous me comprenez, j’en suis sûre ! – Oui, reprit Emma, je l’espère. – Comment ai-je pu m’abuser si longtemps ? Mon aveuglement me semble de la folie. Je ne vois rien d’extraordinaire en lui, maintenant. Il m’est parfaitement indifférent de le rencontrer ou non ; toutefois je préfère ne pas le voir. Je n’envie plus sa femme le moins du monde ; je ne l’admire plus comme je l’ai fait : elle est charmante, je n’en doute pas, mais je la trouve très désagréable ; je n’oublierai jamais le regard qu’elle m’a lancé ! Néanmoins, je vous assure, Mademoiselle Woodhouse, je ne lui souhaite aucun mal. Je n’éprouve plus aucune émotion à la pensée de leur bonheur. Pour vous convaincre de la sincérité de mes assertions, je vais détruire en votre présence ce que je n’aurais jamais dû conserver. Ne devinez-vous pas le contenu de ce paquet ? – Pas le moins du monde. Vous a-t-il jamais fait un présent ? – Non ; mais ce sont des souvenirs auxquels je tenais beaucoup. Henriette dénoua la faveur, déplia l’enveloppe : sous une épaisse couche de papier d’argent, était placée une jolie petite boîte, en bois, dont l’intérieur était doublé d’ouate ; à l’intérieur il y avait un petit morceau de taffetas d’Angleterre. – Maintenant, dit Henriette, vous devez vous rappeler ? – Mais non ! – Est-ce possible ! La scène s’est pourtant passée dans ce salon quelques jours avant ma maladie, précisément la veille de l’arrivée de M. John Knightley : M. Elton se coupa le doigt avec votre canif ; n’ayant pas de sparadrap, vous m’aviez priée de donner le mien : j’en coupai un morceau, mais il ne put utiliser le tout et me rendit le petit bout que vous voyez là : je l’ai conservé comme une relique. – Ma chère Henriette, dit Emma en se cachant la figure avec ses mains, combien je me sens honteuse ! Hélas ! je ne me rappelle que trop maintenant ! J’avais pendant ce temps mon étui dans ma poche ! – Vraiment ! Vous aviez du taffetas à portée ? Je ne l’aurais jamais soupçonné ; vous vous êtes exprimée avec tant de naturel ! Voici, ajouta Henriette en prenant la boîte, un objet qui avait encore plus de valeur à mes yeux ; c’est un crayon lui ayant appartenu ; un matin, environ huit jours avant le dîner chez les Weston, M. Elton voulut inscrire une adresse sur son calepin et eut recours à votre porte-mine, après avoir constaté que son crayon était usé ; il posa ce dernier sur la table et l’y laissa ; je ne le perdis pas des yeux et, sitôt que j’en eus l’occasion, je m’en emparai. – J’ai, en effet, gardé le souvenir d’un renseignement consigné par écrit. Continuez. – C’est tout. Je n’ai plus rien à vous montrer ou à vous dire, et je vais jeter tout cela dans le feu. Je sais combien j’ai eu tort de conserver des souvenirs de lui après son mariage, mais je n’avais pas le courage de m’en séparer. – Est-il nécessaire, Henriette, de brûler le sparadrap ? Je ne désire pas prendre la défense du vieux crayon, mais le sparadrap pourrait encore être utile ! – Je préfère me débarrasser de tout, dit Henriette, ce sont de désagréables témoins… C’est fait, grâce au ciel il ne reste plus rien de M. Elton. – Il me reste le remords d’avoir été la cause de votre déception. Cette expérience me servira de leçon ; je me suis trompée grossièrement, je ne veux pas m’y exposer dorénavant. J’espère Henriette que vous ferez un bon mariage… – Non, répondit Henriette, je ne me marierai jamais ! – Voici une nouvelle résolution ! Le temps sans doute vous apportera l’oubli et l’espérance. Mais je tiens à vous faire connaître, dès à présent, les limites que j’ai fixées à mon amitié : je suis résolue à n’intervenir d’aucune façon dans ces questions. Si votre cœur parle, que ce soit en secret. Tenez-vous sur vos gardes ; observez attentivement la conduite de l’homme que vous aimerez et réglez votre attitude d’après la sienne. Ne me faites part de vos sentiments que si vous avez de sérieuses raisons de les croire partagés. Henriette après avoir écouté son amie avec déférence, se défendit tout d’abord de pouvoir même imaginer l’hypothèse du mariage ; cependant au bout d’une demiheure de conversation elle avait repris confiance dans l’avenir. Le mois de juin n’apporta pas grand changement à Highbury. Les Elton continuaient à parler de la visite que devaient leur faire les Sukling et à énumérer les divers avantages du landau ; toutefois leurs parents s’attardaient à Maple Grow. D’autre part le retour des Campbell avait été différé encore une fois et Jane Fairfax ne devait les rejoindre à Londres qu’au mois d’août. M. Knightley sentait croître chaque jour l’antipathie qu’il avait éprouvée dès le début pour Frank Churchill ; il s’était toujours méfié de lui et, à force de l’observer, il pensait avoir acquis les preuves de la duplicité du jeune homme. Emma était l’objet apparent de ses attentions ; tout le proclamait : sa propre conduite, les allusions de son père et le silence discret de sa belle-mère, mais M. Knightley le soupçonnait, au contraire, de s’occuper particulièrement de Jane Fairfax. Il avait surpris des symptômes d’entente entre eux, qui lui parurent concluants. Son attention fut éveillée pour la première fois pendant un dîner à Randalls où Jane Fairfax et les Elton étaient également invités ; à plusieurs reprises Frank Churchill avait regardé Jane Fairfax d’une façon significative et M. Knightley, malgré son désir d’éviter tout écart d’imagination, ne put s’empêcher d’être frappé d’une attitude si étrange chez un admirateur passionné de Mlle Woodhouse. Par la suite ses soupçons se trouvèrent pleinement confirmés. Trois jours après il était parti à pied pour passer sa soirée à Hartfield comme il le faisait souvent, et ayant rencontré Emma et Henriette qui se promenaient se joignit à elles ; ils croisèrent bientôt un groupe nombreux : M. et Mme Weston, Frank Churchill, Mlle Bates et sa nièce que le hasard avait également réunis. Ils marchèrent tous ensemble et en arrivant à la grille d’Hartfield Emma les pria d’entrer et de venir prendre le thé avec son père. Les Weston acceptèrent immédiatement et Mlle Bates, après avoir parlé assez longtemps, finit par se ranger à l’avis général. Au moment où ils pénétraient dans le parc, M. Perry passa à cheval et les messieurs firent quelques réflexions sur la bête. – À propos, dit Frank Churchill à Mme Weston, où en est le projet de M. Perry d’avoir une voiture ? Mme Weston parut surprise et répondit : – J’ignorais qu’il en eût jamais été question. – C’est de vous que je tiens ce renseignement ; vous me l’avez donné dans une de vos lettres. Moi ! C’est impossible. – J’en ai pourtant gardé le souvenir ; c’était sur les instances de sa femme, me disiez-vous, que M. Perry s’était décidé ; celle-ci craignait toujours que M. Perry ne prit froid en sortant par le mauvais temps. Vous devez vous rappeler le fait maintenant ? – Sur ma parole, c’est la première fois que j’entends parler de tout ceci ! – Est-ce possible ? Je n’y comprends rien. Alors, c’est que j’ai rêvé ; j’étais tout à fait persuadé du bien fondé de mon allusion. Mademoiselle Smith, vous avez l’air fatigué ; je crois que vous serez contente d’arriver à la maison. – Vraiment, intervint M. Weston en se rapprochant. Perry désormais roulera carrosse ? Je suis heureux que la chose soit en son pouvoir. Est-ce de lui-même que vous tenez cette information, Frank ? – Non, Monsieur, reprit son fils en riant ; il semble que je ne la tienne de personne ! C’est curieux : je m’imaginais avoir appris cette nouvelle par une lettre de Mme Weston ; mais comme celle-ci déclare entendre parler de ce projet pour la première fois, j’ai dû rêver toute l’affaire. Quand je ne suis pas à Highbury, je suis hanté par ceux que j’y ai laissés : il paraît qu’en dehors de mes amis particuliers, je vois aussi en songe M. et Mme Perry ! – Quel air de vraisemblance ont parfois les rêves et d’autres sont si absurdes ! Ceci, Frank, prouve que vous pensez souvent à nous. Emma, n’avez-vous pas aussi des rêves prophétiques ? En se retournant, M. Weston s’aperçut qu’Emma était hors de la portée de sa voix : elle avait pris les devants pour avertir son père et donner des ordres. Mlle Bates qui, depuis le début de l’incident, s’efforçait en vain de se faire entendre, s’empressa de profiter de la première occasion pour intervenir : – Il m’arrive aussi parfois d’avoir les rêves les plus étranges ; mais si on m’interrogeait à ce sujet, je serais forcée de reconnaître qu’il a été véritablement question de ce projet au printemps dernier. Mme Perry en a parlé à ma mère et aux Cole ; mais c’était tout à fait un secret ; personne d’autre n’en a rien su. Depuis longtemps Mme Perry désirait que son mari eût une voiture, et un matin elle arriva chez ma mère et lui confia qu’elle croyait avoir fait prévaloir son opinion. Jane, vous rappelez-vous ? Grand’mère nous l’a raconté, quand nous sommes rentrées. Je ne me rappelle pas où nous avions été : à Randalls, je crois. Mme Perry a toujours eu beaucoup d’amitié pour ma mère ; du reste, tout le monde l’aime ! Réflexion faite, M. Perry a remis sa décision à plus tard et il n’en a plus été question depuis. Je ne crois pas en avoir jamais parlé à personne. Pourtant, je ne voudrais pas affirmer que je n’y ai pas fait allusion ; je suis bavarde, vous le savez ; il m’est arrivé de dire ce que j’aurais dû taire. Je ne ressemble pas à Jane et je le regrette. Je me porte garante qu’elle ne trahira jamais un secret. Où est-elle donc ? Ah ! la voilà. Quel rêve extraordinaire ! Ils pénétraient à ce moment dans le vestibule ; M. Knightley chercha Jane des yeux, mais celle-ci avait le dos tourné et paraissait très occupée à plier son châle. Les commentaires prirent fin et M. Knightley fut forcé de s’asseoir, avec tout le monde, autour de la large table moderne dont Emma avait réussi à imposer l’usage, à la place des petites tables sur lesquelles depuis quarante ans M. Woodhouse prenait ses repas. Après le thé personne ne parut pressé de partir. – Mademoiselle Woodhouse, dit Frank Churchill, est-ce que vos neveux ont emporté leur alphabet de lettres mobiles ? Auparavant la boîte se trouvait sur ce guéridon. Qu’est-elle devenue ? Il fait sombre ce soir et il convient d’avoir recours aux passe-temps d’hiver. Nous nous sommes une fois beaucoup divertis avec ces lettres ; je voudrais encore exercer votre sagacité.
Lecture gratuite pour les nouveaux utilisateurs
Scanner pour télécharger l’application
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Écrivain
  • chap_listCatalogue
  • likeAJOUTER