XXXI Renée de l’Estorade à Louise de Macumer Voici bientôt cinq mois que je suis accouchée, et je n’ai pas trouvé, ma chère âme, un seul petit moment pour t’écrire. Quand tu seras mère, tu m’excuseras plus pleinement que tu ne l’as fait, car tu m’as un peu punie en rendant ces lettres rares. Écris-moi, ma chère mignonne ! Dis-moi tous tes plaisirs, peins-moi ton bonheur à grandes teintes, verses-y l’outremer sans craindre de m’affliger, car je suis heureuse et plus heureuse que tu ne l’imagineras jamais. Je suis allée à la paroisse entendre une messe de relevailles, en grande pompe, comme cela se fait dans nos vieilles familles de Provence. Les deux grands-pères, le père de Louis, le mien me donnaient le bras. Ah ! jamais je ne me suis agenouillée devant Dieu dans un pareil accès de rec


