Chapitre 2 : La Première Confrontation

1186 Mots
MARCO Les premiers jours à Naples étaient intenses, entre discussions interminables, rencontres avec les alliés et l’observation discrète de mon père, Vincenzo. La famille D'Angelo était une machine bien huilée, et je devais apprendre à en faire partie, ou risquer de me retrouver à la traîne. Chaque instant de faiblesse serait exploité, chaque hésitation perçue comme un signe de faiblesse. Ce soir-là, alors que l'obscurité enveloppait la ville, je me rendis chez Savo pour une réunion secrète avec les lieutenants de la famille. Le climat était tendu, et les regards échangés en disaient long. Carmine Russo faisait pression sur nous, et les membres de la famille commençaient à se demander jusqu'où notre empire pourrait résister. L'appartement de Savo était situé au sommet d’un immeuble discret, loin des regards curieux. C'était l'endroit idéal pour discuter affaires sans risquer d’être écouté. Je franchis la porte avec un léger sourire sur les lèvres, mais la tension dans l'air était palpable. Je m’assis à la table où une douzaine de membres de la famille D'Angelo étaient déjà réunis, chacun avec son verre de whisky ou de vin, les yeux braqués sur moi. "Marco", commença Savo d’une voix grave, "c’est ici que ça se passe. Pas de fausses promesses. On règle les choses sérieusement." Un silence lourd s’installa. Je fixai Savo sans sourciller. "Je suis là pour ça, Savo. J’ai passé trop de temps à l’étranger pour perdre du temps avec des discours." Enzo, un autre membre influent de la famille, se pencha en avant. "Carmine Russo… ce connard veut nous prendre de vitesse. Il achète tout sur son passage : des politiques, des policiers, des membres de notre famille. On doit agir avant qu'il ne soit trop tard." Je scrutai la pièce, analysant chaque visage autour de la table. Chacun avait son rôle, son influence, mais je savais qu’il me serait impossible de leur faire entièrement confiance. L’un d’eux pourrait très bien être un traître, prêt à trahir pour un peu d’argent ou de pouvoir. "On ne peut pas simplement ignorer Carmine", dis-je en brisant le silence. "Mais on ne doit pas réagir à la légère. Savo, tu as des informations sur ses mouvements ?" Savo, habituellement calme, se redressa légèrement. "Il est plus vicieux que ce que tu crois. Il s’est allié à d’autres familles de l’extérieur. Il veut créer une alliance contre nous. Et il n’est pas du genre à reculer." Je le fixai droit dans les yeux, un éclat d’acier dans le regard. "Alors on l’attaque où ça fait mal. Là où il ne s’y attend pas." Vito, un vieil homme aux cheveux grisonnants et au regard fatigué, prit alors la parole d’une voix brisée. "Marco, c'est risqué. Trop risqué. Tu sais comment il travaille, ce type. Nous devons d'abord nous assurer qu'on a tous les appuis nécessaires avant de nous lancer dans un conflit ouvert." Je tournai les yeux vers Vito, un regard perçant. "Vito, il ne va pas attendre qu’on soit prêts. Carmine nous attaque déjà. Et si on reste là à discuter, on va tout perdre. C’est maintenant ou jamais." Mon père, Vincenzo, qui était resté silencieux jusque-là, prit enfin la parole. Tous les regards se tournèrent vers lui, le parrain, celui qui faisait l’histoire de la famille D'Angelo. "Marco a raison", dit-il d’une voix grave, son regard dur comme la pierre. "Carmine veut une guerre, et il a commencé à la déclencher en achetant des loyautés. Nous devons répondre. Mais d'une manière réfléchie." Savo hocha la tête. "J'ai des contacts à la frontière avec les autres familles. Peut-être qu’il serait temps de les activer." Je me tournai alors vers mon père. "Alors faisons-le. Nous devons créer un choc, quelque chose qu'ils ne verront pas venir." Le regard de Vincenzo se durcit davantage. "Ne sois pas imprudent, Marco. Le choc est là, mais il ne doit pas venir de nous… pas encore. Nous devons frapper fort, mais intelligemment." --- Le lendemain, je reçus un appel. L’identifiant affiché sur mon téléphone me fit frissonner. Je savais que ce moment allait arriver, mais je n’étais pas préparé à l’intensité de la situation. Carmine Russo. Sa voix manipulatrice et glacée résonna à l’autre bout du fil. "Marco D'Angelo", dit-il, son ton amusé. "Tu as enfin pris ta place à la table. Je me demandais quand tu allais commencer à comprendre que le monde a changé. Que la vieille génération commence à perdre de son influence, que l’on entre dans une ère nouvelle." Je pris une profonde inspiration, essayant de rester calme. "Carmine", répondis-je, "je suis là pour une seule chose. Tu peux arrêter de jouer à ce petit jeu de pouvoir. Le territoire de la famille D’Angelo t’appartient, mais ce n’est pas pour longtemps. Ce n'est pas à toi de décider des règles ici." Un éclat de rire sec et froid s’échappa de l'autre côté du fil. "Tu te crois encore à l’école, Marco ? Regarde bien autour de toi. La ville a changé. Les gens sont fatigués de l'ancien régime. Et toi, tu veux quoi ? Te mettre à la place de ton père ? Crois-moi, je suis plus que prêt à renverser tout ça." "Je ne suis pas mon père", répliquai-je d’un ton tranchant. "Mais je suis là pour protéger l’héritage. Et j’ai bien l’intention de te montrer que personne, pas même toi, ne peut nous voler ce qui nous appartient." La tension était palpable, la menace flottait dans l’air. Carmine avait l’avantage, mais je savais que je devais prendre ce risque. "On va voir ça", rétorqua-t-il, un air de défi dans sa voix. "Prépare-toi à perdre plus que ce que tu imagines, Marco. Parce qu'une guerre, tu la perds avant même qu'elle n'ait commencé." Le téléphone se coupa brusquement. --- De retour chez moi, je me dirigeai vers le bureau de mon père. L’atmosphère à la maison était lourde. Je savais que ce moment allait arriver, mais je ne m’attendais pas à ce que la confrontation avec Carmine soit aussi brutale. Vincenzo était là, en train de scruter des documents. Il leva les yeux lorsque je pénétrai dans la pièce, son visage marqué par les années de pouvoir et les décisions difficiles. "Carmine vient de m’appeler", dis-je en m’asseyant. "Il veut nous faire plier. Mais je crois que c’est lui qui va plier, pas nous." Mon père posa lentement son stylo, ses yeux perçant fixés sur moi. "Tu penses qu’il est assez faible pour ça ? Ou est-ce que tu es seulement prêt à prendre un coup d’avance dans une guerre que tu ne comprends pas entièrement ?" "Je comprends assez pour savoir que si on attend, on perdra. Il a l’avantage de la surprise, mais pas celui de la loyauté", répondis-je. Vincenzo me fixa un moment, puis hocha lentement la tête. "Tu sais ce que tu fais, Marco. Mais il faudra être prêt à tout. Carmine n’est pas un homme que l’on sous-estime." Je me levai, résolu. "Je ne sous-estime personne. Mais il est temps qu’il apprenne ce que c'est que défier la famille D'Angelo." --- Le jeu de pouvoir venait de commencer, et il n'y avait plus de place pour les hésitations.
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