Chapitre 3 : Le prix du confort

1324 Mots
Marco Le lendemain matin, je me levai tôt, une sensation d’angoisse sourde me saisissant dès que j’ouvris les yeux. Je n’avais dormi que quelques heures, mais ma tête était pleine, saturée de pensées contradictoires. Les événements des dernières semaines s’étaient enchaînés à une vitesse effrayante, et aujourd’hui, je savais que je devais faire face à ma réalité. Je ne pouvais plus repousser indéfiniment cette décision. La peur me rongeait, mais une part de moi était épuisée, prête à tout accepter pour enfin voir un peu de lumière dans cet abîme financier qui semblait engloutir ma vie. Je passai une main dans mes cheveux, scrutant mon reflet dans le miroir de la salle de bain. L'homme que je voyais n’était plus celui que j'avais connu. Le temps m’avait volé quelque chose de précieux, un morceau de moi-même que je ne retrouverais jamais. Ce visage fatigué, ces yeux presque vides… Ils racontaient l’histoire d’un homme qui avait perdu sa place dans le monde. J'avais l'impression que chaque journée qui passait m’enfonçait un peu plus dans cette spirale infernale, un tourbillon de culpabilité et de désespoir qui menaçait de m'engloutir. Claire, comme d’habitude, était déjà partie au travail. Elle se levait tôt pour s’occuper de Sarah, notre fille, avant de partir à son travail. Je savais qu’elle s’inquiétait. Elle voyait bien que j’étais plus absent, plus distant, comme si je me trouvais dans un autre monde, un monde qui n’était plus le mien. Mais elle n’avait pas encore compris à quel point la situation était grave pour moi. Elle n’avait pas encore perçu la profondeur de mon désespoir, ce vide qui me rongeait de l’intérieur. Le téléphone vibra sur la table. Je jetai un coup d’œil à l’écran et vis le nom d’Émilie s'afficher. Une bouffée de chaleur me monta aux joues. C'était elle. Cette simple notification fit battre mon cœur plus fort, me rappelant cette offre qui hantait mon esprit. Ce message n’attendait plus de réponse, il m’invitait, avec insistance, à faire mon choix. Bonjour Marco, j’espère que vous avez pris votre décision. Nous vous attendons si vous êtes prêt à nous rejoindre. Nous vous promettons que cela pourrait changer votre vie. À très vite. Emilie. Je fixai l'écran, mon cœur battant plus fort à chaque mot. Cela faisait des jours que j'y pensais, que je pesais le pour et le contre. L'argent, le confort, la vie facile que je pourrais offrir à ma famille. L’idée de ne plus avoir à me soucier de demain, de pouvoir enfin respirer sans cette pression constante de l’incertitude. Mais à quel prix ? Je me levai de la table, toujours le téléphone dans la main, et me dirigeai vers la fenêtre. Je fixai le monde extérieur, un monde que j’avais longtemps connu, mais qui semblait désormais si lointain. Les gens se hâtaient de partir au travail, plongés dans leurs vies, leurs préoccupations. Ils n’avaient pas idée de ce qui se passait dans ma tête, de ce que je ressentais. Moi, je n'étais plus qu’un étranger dans cette vie qui m’avait jadis paru familière. Claire et Sarah ne comprendraient jamais. Je me répétais sans cesse que c’était pour elles que je faisais cela. Pour qu’elles n’aient jamais à se soucier de l’argent, pour qu’elles aient tout ce qu’elles désiraient. Mais chaque pensée à ce sujet semblait plus sombre que la précédente. Chaque argument rationnel que je me donnais ne faisait que renforcer cette angoisse, ce malaise qui m’envahissait. Tu dois faire quelque chose, Marco. La voix de Claire résonnait dans ma tête, pleine d’espoir, mais aussi d’inquiétude. Je savais qu’elle me poussait à m’en sortir, mais cette pression, cette attente, me pesait comme un fardeau. Que pouvais-je faire d’autre, si ce n’est accepter cette offre ? C’était la seule voie qui semblait encore ouverte, la seule possibilité de me sortir de ce marasme. Les images de ma vie avant cette spirale infernale me revinrent soudainement. Le sourire de Claire, la petite main de Sarah que je tenais quand elle était bébé, les moments simples, heureux, que j’avais oubliés sous le poids de la culpabilité et de l’incertitude. Ces souvenirs étaient comme des éclats de lumière dans une nuit noire, mais ils semblaient appartenir à un autre temps, à une autre vie. Cette vie, je n’étais plus certain de pouvoir la retrouver. Le téléphone vibra à nouveau. Cette fois, c’était un appel. Émilie. Je fermai les yeux une seconde, essayant de me préparer à ce qui allait suivre. Puis je pris une profonde inspiration et décrochai. Allô, Marco ? Sa voix, toujours aussi calme, résonnait dans l’appareil. Je voulais savoir si vous êtes prêt à nous rejoindre. Nous avons plusieurs clients qui attendent un homme comme vous. C’est une chance unique, et vous pourriez vraiment changer votre vie. Elle marqua une pause. Et croyez-moi, vos doutes sont normaux, mais une fois que vous aurez franchi le pas, vous ne regarderez plus en arrière. Je me sentais perdu. Chaque mot qu’elle disait semblait avoir du sens, mais en même temps, quelque chose au fond de moi hurlait que je me dirigeais droit vers l’inconnu, vers un chemin dont je ne reviendrais peut-être jamais. Pourtant, cette sensation d’opportunité, de pouvoir enfin avoir ce que je voulais, de reprendre le contrôle, m’attirait comme un aimant. L’idée d’un avenir plus stable, plus confortable, où mes soucis financiers disparaîtraient… Je savais que c’était le seul moyen de m’en sortir. Mais à quel prix ? Qu’allais-je sacrifier pour cela ? Je posai mon téléphone sur la table, fermai les yeux un instant, et laissai le poids de ma décision m’envahir. Claire, Sarah… Que leur dirais-je si je me lançais dans cette voie ? Comment leur expliquer que j'avais choisi d’entrer dans ce monde de l’ombre pour leur offrir une vie meilleure ? La culpabilité me dévorait. Mais je savais que je ne pouvais pas revenir en arrière. Je n’avais plus le choix. Le téléphone vibra de nouveau. Cette fois, c’était Claire qui appelait. Je me tendis, hésitai, puis décidai de répondre. Allô ? Ma voix était presque timide, comme si j’étais déjà coupable de quelque chose. Marco, tu ne me caches rien, n’est-ce pas ? La voix de Claire était douce, mais je pouvais entendre un fond de suspicion. Tu as l'air bizarre ces derniers temps, comme si quelque chose te tracassait. Si tu veux en parler, je suis là. Tu sais que je veux qu’on s’en sorte ensemble. Je serrai les dents, une boule de stress se formant dans ma gorge. Je ne pouvais pas lui dire la vérité, pas maintenant. J’étais trop perdu pour lui expliquer ce qui se passait réellement dans ma tête. Comment lui dire que j’étais prêt à tout risquer pour échapper à cette angoisse ? Je n’arrivais même pas à l’admettre à moi-même. Non, ça va, Claire. Je mentis, et je le savais. J’ai juste un peu de stress. Mais je vais m’en sortir. Tout va bien. D’accord, mais… Elle semblait encore hésiter. Si tu as besoin de parler, je suis là. N’oublie pas ça. Je raccrochai, le cœur lourd. J'avais l'impression d’être pris au piège dans un dédale de mensonges et de décisions irréversibles. J’étais à un tournant de ma vie, et je savais que ce que je choisirais aujourd'hui déterminerait la personne que je deviendrais demain. Je me levai, pris mon manteau, et me dirigeai vers la porte. Je n’avais plus de temps à perdre. La décision était prise. Je devais accepter l’offre. Je n'avais plus d'autre choix. Je me rendis dans un café, m'assis seul à une table, et pris mon téléphone en main. Mes doigts tremblaient légèrement alors que je composais le numéro d’Émilie. Il fallait que ce soit fait, qu’il n’y ait plus de retour possible. Allô, Émilie ? Je pris une profonde inspiration avant de parler. Je suis prêt. Un silence se fit de l'autre côté du fil, puis sa voix, plus douce que jamais, répondit. Bienvenue à bord, Marco. Vous ne le regretterez pas.
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