Ma vie

2974 Mots
. * Angélique Encore une nuit à ne pas dormir… Encore une nuit à déprimer… Même si mes nuits sont comme mes jours : Enfermée dans cette petite maison, qui est plus comme un appartement. En fait, c’est une grande bâtisse coupée en quatre logements. Tous se ressemblent. Il y a deux chambres de 15 m², une salle de bain avec douche, des toilettes, une salle principale avec cuisine ouverte et un petit jardin de 20 m². J’ai, côté chambre et jardin, vue sur une forêt, et de l’autre sur la route. J’ai une palissade haute de 1m80 de chaque côté qui me cache de mes voisins, et ça me convient très bien comme ça. Je n’aime pas les gens, je les trouve tous égocentriques, intolérants, égoïstes et moqueurs. Oui, vous l’aurez compris, je n’aime personne. Enfin, presque personne. La seule personne que j’aime est ma fille, Mégane, 20 ans et étudiante en histoire de l’art pour devenir archéologue, meilleure élève de sa classe. Ma fierté, ma seule réussite. Je ne sais pas, d’ailleurs, comment j’ai pu mettre au monde un tel trésor. J’avais tellement peur qu’elle me ressemble trop et qu’elle hérite de ma malchance… Mais, à l’époque, j’ai cru que faire un enfant avec Pierre serait un moyen de relancer notre couple. Alors sachez une chose, mesdames, que faire un enfant pour sauver un couple est complètement illusoire. Pierre était un homme qui aimait trop boire, aimer trop regarder les autres femmes et du coup ne me trouvait plus à son goût. Il a toujours eu une passion pour les grosses poitrines, du coup, moi avec mon petit 90B, je ne le satisfaisais pas. Il m’avait pourtant choisi comme ça mais il voulait que je me fasse faire une opération chirurgicale pour en avoir des plus gros… Je n’ai jamais eu confiance en moi, j’ai toujours eu du mal avec le regard des autres et l’opinions des autres. Je sais… vous allez me dire qu’il ne faut pas s’en occuper…Mais, honnêtement, y-a-t-il beaucoup de personnes qui arrivent à le faire ? Soyons honnête ! Moi, pas. Et les gens qui vous le disent, souvent ils sont comme vous ou ne vous comprennent pas. Comme on dit, « Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. », ils vous conseillent mais ne vivent pas la même chose. Qui je suis à l’air de gêner les gens. Je les vois souvent se moquer de moi, parler dans mon dos et me juger. Peut-être que je me fais des idées…peut-être pas… Enfin je les voyais faire car maintenant c’est fini. Je ne sors plus de chez moi. C’est simple, je fais tous mes achats sur internet. Le seul endroit où je sors, c’est dans mon jardin. J’ai toujours aimé jardiner. Je n’ai pas grand-chose, juste un rosier, deux géraniums, des lys et quelques pensées. Cela suffit à m’occuper quand je ne travaille pas. Et là je vous entends vous dire : « Mais si elle ne sort pas, comment fait-elle pour travailler ? ». Simple ! Je travaille pour une maison d’édition, je fais des corrections de traductions sur des romans à sortir. C’est un travail qui se fait à domicile, je reçois tout par mail. Je me suis installé un bureau dans ma pièce principale près de la baie vitrée. J’aime avoir la lumière du soleil et avoir une vue sur mon jardin. Mégane rentre à la maison uniquement pour les vacances. Entre-temps, elle travaille dans un supermarché ou alors elle part en voyage avec sa classe pour ses études. Elle se débrouille seule et le fait très bien. Ne vous trompez pas, je l’aide financièrement mais je ne peux pas autant qu’il le faudrait, alors elle gère. On s’appelle presque tous les soirs. Je ne vous ai pas dit, j’habite une petite ville près de Bordeaux et ma fille étudie à la Sorbonne sur Paris. Son père, lui, a refait sa vie et habite à Nantes. En étant à Paris, elle peut facilement aller chez son père ou chez moi. Enfin, voilà ma vie. Mais je ne me suis pas encore présentée. Je m’appelle Angélique et j’ai 45 ans. Je vis avec mon chat, Gribouille, de 5 ans et qui est mon compagnon de fortune. Je n’ai pas d’amis, en dehors du parrain de ma fille, Marco. Il était, à la base, le meilleur ami de Pierre, mais il n’a pas accepté que Pierre me trompe et me quitte pour une fille rencontrée sur internet. Je ne lui ai jamais demandé de faire un choix, seulement le départ de Pierre pour Nantes a facilité son choix. On se voit très régulièrement et on s’appelle aussi très souvent. Á l’opposé de Pierre qui est de taille moyenne, fin et roux, Marco est grand, bien sculpté et des cheveux noir ébène. Il n’est pas en couple et enchaîne très facilement les plans cul. Il me raconte ses histoires et ça me sort de mon quotidien sombre et routinier. Il essaie assez souvent de m’inviter à sortir et à aller chez lui mais je refuse. Et c’est souvent qu’il s’invite avec de quoi manger. Il sait que j’adore manger chinois et m’en ramène pratiquement à chaque fois. Bon il est déjà 9h00, je viens de recevoir un nouveau livre à corriger. Je me fais un thé et m’installe à mon bureau. C’est parti pour une nouvelle histoire. Celle-ci parle d’une histoire d’amour entre une femme veuve et un vampire, oui pourquoi pas, voyons voir. Personnellement, j’aime plus les histoires avec les loups-garous. C’est parti. * Marco J’arrive au travail avec 10 minutes de retard. J’en ai marre de cette circulation le matin pour aller bosser. Je travaille dans un garage pour voitures de collection, je suis carrossier. Déjà môme, je rêvais de réparer les voitures. En ce moment, je bosse sur une Renault Alpine A110 des années 1960. Un vrai bijou ! Je peux vous dire que je viens bosser avec le sourire, malgré les bouchons. Je bois un café avant de commencer et envoie un message à Angélique, comme tous les matins. • « Salut la plus belle, comment va ce matin ? Partante pour manger chinois ce soir ? » • « Salut beau gosse, ça va et toi ? Oui, avec plaisir ! Monsieur n’a pas de plan pour ce soir ? bizarre pour un vendredi ?! » • « Non, et tu sais bien que je préfère passer mes soirées avec toi ! ? » • « C’est ça ! Je vais te croire ! Charmeur ! Á ce soir ?. » Ça me donne le sourire, j’aime vraiment beaucoup ma meilleure amie. Je défie quiconque de lui faire du mal. Elle est tout pour moi, ma meilleure amie, ma sœur, cette partie de moi qui m’a toujours manqué jusqu’à notre rencontre. On se ressemble énormément, on a les mêmes délires, les mêmes façons de voir les choses. C’est juste dommage qu’elle refuse de sortir et de rencontrer du monde. La vie ne lui a pas fait de cadeau et l'a totalement renfermé sur elle-même. Ce gros con de Pierre qui n’a pas su la garder et qui l’a trompée. Je peux vous dire que, quand je l’ai su, je lui ai mis une branlée. Angélique ne l’a jamais su, et heureusement, elle m’aurait engueulé de mettre battu pour un type qui n’en vaut pas la peine. Ce qu’elle n’aurait pas compris, c’est que c’est elle qui en vaut la peine. Mais ça, elle refuse de l’entendre. Elle me dit toujours :  « Tu sais, Marco, il y a une chose que j’ai apprise c’est que la vie ne m’aime pas vraiment. Elle ne me déteste pas mais elle m’a laissé de côté car, même elle, ne s’intéresse pas à moi. Alors je fais ce qu’il faut pour que ma princesse ne manque de rien mais moi je n’attends plus rien de la vie. » Que je n’aime pas quand elle parle comme ça. Je suis sûr qu’elle a des blessures bien plus profondes que ce qu’elle dit. Un jour je le saurai et je l’aiderai à voir la vie autrement. Un jour, elle rencontrera quelqu’un qui l’aimera à sa juste valeur. La journée est presque finie et je suis en train de ranger mon matériel et le garage. Mon patron est déjà parti lorsque j’entends une voiture se garer. Une porte se claque, des talons se font entendre. Je me retourne et me retrouve face à un de mes plans cul. Une de mes règles est de ne jamais recoucher avec la même fille. Il y a trop de risques qu’elle s’attache et moi mon cœur est fermé à l’amour. Je vous vois venir, non je n’ai pas eu le cœur brisé. C’est juste que je suis stérile, je l’ai su lors d’un examen complet pour faire donneur de sperm pour un couple d’amies. J’avais la trentaine et elles cherchaient un donneur pour avoir un enfant. Il s’est avéré que je suis stérile. J’ai donc décidé de ne pas me mettre en couple et de ne pas imposer ça à quelqu’un. J’ai eu du mal au début mais Angélique m’a beaucoup aidé à passer au-dessus. À l’époque, elle était enceinte de Mégane et Pierre était trop occupé à son travail. Et c’est là qu’on a commencé à se rapprocher. Donc, comme je disais, je me retrouve face à Céline, p******l d’il y a deux semaines. Je me rappelle son prénom car elle m’a chauffé pendant des mois. Je ne voulais pas avec elle car je l’avais observé et j’avais vu qu’elle est le genre de fille à s’attacher très vite. Seulement, je suis un homme et à un moment donné j’ai cédé. Je n’aurai sûrement pas du mais c’est trop tard.  « Salut Céline, qu’est-ce que tu fais là ? »  « Oula, quel accueil ! Tu n’es pas content de me voir ? »  « Ça dépend, pourquoi tu es là ? »  « Je n’arrête pas de penser à toi depuis notre soirée. J’aimerai beaucoup recommencer. »  « Non, je t’avais prévenu Céline. C’était l’histoire d’une seule fois. Tu le sais très bien. Tu me connais maintenant. Tu sais que ça n’arrivera pas. »  « Il faut toujours une exception à la règle pour qu’elle soit vraie. Je veux être cette exception ! S’il te plaît ! » Elle s’approche et colle sa main sur le renflement de mon jean qui ne demande qu’à s’amuser. Il est hors de question que je cède. Je vois bien que ça va être dur de lui faire comprendre. Il n’y a qu’une seule solution.  « Bon, je ne voulais pas te le dire pour ne pas te vexer mais j’ai rencontré quelqu’un et c’est sérieux. »  « Ah ah ah, je t’ai presque cru !! Tout le monde c’est que Marco ne se casera jamais. Bien tenté mais ça ne marche pas. »  « Tu ne me crois pas ! Tu veux que je l’appelle devant toi ? »  « Dis-moi au moins son prénom pour voir si je la connais. »  Tu ne la connais pas, elle s’appelle Angélique. » Je commence à attraper mon téléphone pour appeler ma sauveuse.  « Non, c’est bon. Laisse tomber. Mais je retenterai ma chance. Je sais comment te faire craquer. » dit-elle en descendant le tissu de son haut pour me montrer ses seins. Je déglutis et lui demande de partir. Une fois fait, je passe commande au traiteur, vais récupérer le repas et je me rends chez ma meilleure amie.  *Angélique Il est 17h00, Marco devrait être là d’ici 2h00. Je n’ai pas vu la journée passer. Le livre est très bon, très prenant. L’autrice a réussi à marier le suspense et l’histoire d’amour sans y mêler les sempiternelles histoires de cocufiage. C’est bien mieux sans. Quand j’enregistre mon travail et que j’éteins mon ordi, mon téléphone sonne. C’est ma princesse qui m’appelle. • « Coucou ma princesse ! Comment ça va ? » • « Coucou maman, ça va super ! J’appelle pour te dire que je pars dans trois semaines en Egypte avec ma classe. Le Professeur Pierfond nous accompagne. On part pour un mois. Donc je ne pourrais pas rentrer pour les vacances de printemps. » • « C’est génial ! Je comprends. Tu m’appelleras dès que tu pourras. » • « Oui, bien sûr, ou au moins des messages. » • « D’accord. Tu fais quoi ce soir ? » • « Je dois terminer un devoir sur le Pharaon Snéfrou pour la semaine prochaine. Je vais travailler à la bibliothèque avec mon groupe. Et toi ? » • « Parrain vient manger avec moi, il me ramène chinois. » • « Oh la chance ! Tu lui feras un bisous de ma part. » • « Oui ma princesse. Allez, je te laisse, je voudrais prendre une douche avant qu’il arrive. Gros bisous et bon courage. » • « Merci maman, bonne soirée à vous et gros bisous. » Une fois raccroché, je file à la douche. J’enfile mon éternel jogging trop large en coton noir. Il est doux et m’apporte autant de réconfort que le ferait les bras d’un homme. Je lance la musique et mets du Maneskin. Leur musique me permet de m’éclater et de me défouler. Je suis en train de mettre le couvert en dansant et chantant. Je sens un corps se mettre contre mon dos et se mettre à suivre mes mouvements de danse qui, franchement, ne ressemblent à rien. Le parfum et la hauteur du corps derrière moi me font savoir que mon meilleur ami vient d’arriver. La chanson « I wanna be a slave » commence et on chante à tue-tête. C’est notre chanson favorite. Je me retourne face à Marco. On continue à se déhancher et son sourire me réchauffe le cœur, comme à chaque fois que je le vois. La chanson se termine et nous sommes morts de rire, à bout de souffle.  « Heureusement que je sais que tu as les clés de chez et que tu rentres sans frapper. »  « Je sais bien que je suis le seul homme de ta vie, ma beauté ! Sinon, je serais jaloux ! »  « Voyez-vous ça ! Et moi ? Qu’est-ce que je devrais dire de toutes tes conquêtes ? »  « Moi, ce n’est pas pareil. Elles ne comptent pas et le savent très bien. Ce n’est que pour un soir. Toi, c’est pour la vie ! »  « La différence est que toi et moi sommes meilleurs amis et qu’on ne couchera jamais ensemble ! »  « Faux ! On l’a fait une fois et, sincèrement, c’était la meilleure nuit de ma vie. » Il se rapproche un peu plus, l’attrape par les hanches.  « Donc, comme je te l’ai déjà dit, si tu veux recommencer… » Je pose mes mains sur les siennes, le fixe et lui dit :  « Premièrement, c’était l’année dernière, on était complètement bourrés et deuxièmement, tu sais très bien que c’est impossible. Je refuse de perdre la seule personne qui compte dans ma vie après ma fille. Ça ne se reproduira pas. »  « Oses me dire que tu n’as pas aimé !! »  « Marco, on ne va pas revenir dessus ! S’il te plaît ! »  « Réponds-moi au moins. Tu ne m’as jamais dit si tu avais aimé. »  « Tu promets qu’après ça on n’en parle plus ! »  « Promis ! »  « Bien… C’était… pour moi… ma… meilleure nuit aussi, je l’avoue. Maintenant le sujet est clos. »  « Je le savais ! » dit-il avec un sourire victorieux. Sa réaction me fit sourire. J’adore ses fossettes qui apparaissent à chaque fois qu’il sourit. La soirée se déroula normalement entre nos rires, nos blagues et nos conversations sur nos travails respectifs. Marco avait même parlé de Céline, son p******l insistant. Et la soirée se termina comme d’habitude : tous les deux endormis dans les bras l’un de l’autre, dans le canapé. Marco est le seul homme à pouvoir être aussi proche de moi. Je ne lui avouerais jamais que j’en suis follement amoureuse. Je sais que je n’ai strictement rien à lui apporter, à part mon amitié. J’accepte de le voir prendre du bon temps avec toutes ces femmes même si je suis parfois jalouse. J’aimerais, moi aussi, pouvoir profiter de son corps à ma guise mais la peur de me perdre avec homme qui ne m’aime pas en retour est trop présente. Alors, comme à mon habitude, je m’efface pour laisser la place aux autres. Tout comme Je l’avais fait avec Pierre lorsque j’avais découvert son infidélité. J’avais fermé les yeux dessus pendant des mois, me disant que ça allait sûrement se terminer. Malheureusement, au bout de six mois de tromperie, il est parti pour elle, Samantha. Un jour qu’il était à la douche, il a reçu une notification sur son téléphone. Celle-ci disait : « Samantha vous a envoyé un message : Tu me manques ! Vivement notre appel visio ! J’ai acheté de nouveaux sous-vêtements ! Je suis sûre que tu vas b****r comme un fou ! Je t’aime à ce soir. » Je suis restée figée jusqu’à ce que j’entende la porte de la salle de bain s’ouvrir. Je n’ai rien dit à personne. Je l’ai laissé faire jusqu’à ce fameux jour où il m’a dit qu’il avait rencontré quelqu’un d’autre, qu’il ne m’aimait plus et qu’il partait vivre avec elle à Nantes. Ma vie s’est effondrée. Heureusement, Mégane était déjà à la fac. Elle m’a quand même soutenu et Marco ne m’a jamais lâché depuis. Ce sont mes deux piliers.
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