VI-1

3045 Mots

VIJeanlin, guéri, marchait à présent ; mais ses jambes étaient si mal recollées, qu’il boitait de la droite et de la gauche ; et il fallait le voir filer d’un train de canard, courant aussi fort qu’autrefois, avec son adresse de bête malfaisante et voleuse. Ce soir-là, au crépuscule, sur la route de Réquillart, Jeanlin, accompagné de ses inséparables, Bébert et Lydie, faisait le guet. Il s’était embusqué dans un terrain vague, derrière une palissade, en face d’une épicerie borgne, plantée de travers à l’encoignure d’un sentier. Une vieille femme, presque aveugle, y étalait trois ou quatre sacs de lentilles et de haricots, noirs de poussière ; et c’était une antique morue sèche, pendue à la porte, chinée de chiures de mouche, qu’il couvait de ses yeux minces. Déjà deux fois, il avait lancé

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