RAYHANATOU MELISSA BARRY
Dire que je suis fatiguée serait un euphémisme. Après avoir enchaîné 72h de travail non stop, je crois que je peux affirmer avec certitude que les périodes de fête font plus de malheureux que d'heureux. Les urgences sont pleines à craquer.
C'est pour cela que j'ai préféré pendre un taxi que de conduire vu mon état.
Jared aurait pu me ramener si je n'avais pas briser son joli coeur. Mais pour l'instant je préfère resté loin, me faire toute petite et laisser la culpabilité s'occuper de moi ; comme à l'accoutumée. Je ne sais pas ce que les gens ne comprennent pas dans je ne veux pas d'attache. Ce n'est pas parce qu'on est proche ou qu'on couche ensemble que cela veut dire forcément qu'on est ensemble.
Oui vous pouvez être choqué c'est votre droit, comme c'est le mien de vivre ma vie comme je l'attends. J'ai assez de vécu et d'expérience pour dire que je ne veux pas d'un homme dans ma vie. Je suis le genre de fille qui aime la liberté, l'indépendance. Je ne veux dépendre de personne et cela dans tous les domaines.
À part mon travail que j'adore plus que tout, peu de choses m'intéressent. Et pourtant je suis le genre de personne à qui on reproche toujours l'excès de gentillesse, surtout au boulot. J'aime aider les gens, parfois juste un sourire, un mot sincère suffisent et cela, je peux le faire à merveille. Mais ça c'est ma vie professionnelle.
Celle personnelle ? C'est tout à fait différent, je suis tout à fait différente. Je suis pire qu'un mur en brique, totalement impénétrable et ça, vous saurez le pourquoi bien assez tôt.
Je sors de mes pensées après avoir remarqué que le taxi dans lequel je me trouve s'était arrêté. Je paye ma course avant de m'engager vers ma maisonnette en chantonant. La Ferrari couleur or garée devant la villa de mon voisin attire mon attention et m'arrache le peu de bonheur que j'avais.
Et merde ! Il est de retour. Je peux dire à dieu à ce sommeil que j'espérais tant rattraper. Je ne suis pas du genre à detester une personne, peu importe ses défauts mais celui-là, je ne l'aime pas très sincèrement alors que je ne le connais même pas. Depuis qu'il a emménagé dans notre quartier il y a au moins une année, on ne s'est parlé qu'une seule fois et c'était loin d'être un échange de courtoisie.
Il m'exaspère. Il se prend pour un roi ou comme si le monde a été créé pour lui. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas jalouse et je n'ai rien contre sa richesse et son mode de vie tant qu'il ne me dérange pas ainsi que tout le voisinage. Il peut disparaître des mois et réapparaître, organiser des soirées qui le plus souvent déraillent et nous dérange tous et il n'a pas l'air de s'en préoccuper. Et dire que ma grand mère m'avait léguée cette maison, dans ce magnifique et paisible quartier de riche pour sa tranquillité ! Ce n'est plus le cas depuis que ce monsieur a emménagé.
Je ferais mieux d'aller commencer mon sommeil dès à présent parce que je suis persuadée que ce soir encore, il va faire sa fameuse fête "Welcome home" ah oui, un vrai macho.
En voyant la tête de mon chat qui me fait les yeux doux, puis une danse de la joie, ma bonne humeur revient subitement et me fait même oublier les pénibles journées que je viens de passer. Qu'est ce que je l'aime mon petit Simba, je vous vois rigoler mais je m'en fou. Oui oui je l'ai appelé Simba, le mien quoi.
Après avoir discuté avec lui (monologue bien-sûr) et l'avoir bien câliné. Je lui donne à manger et me dirige vers la douche pour un long et reposant bain. J'hésitais entre aller directement dormir ou manger quelque chose d'abord et finalement j'ai opté pour la seconde option.
Dans mon lit, je consulte mon téléphone que je n'ai quasiment pas toucher ces dernièrs jours et finalement je ne le regrette pas. Pas de message, ni d'appel. Et dire qu'on est en période de fête ! C'est avec tristesse que je me rends compte que je suis vraiment seule et cela fait vraiment mal. Si seulement mamie était encore vivante, mais la vie m'a arrachée la seule personne que j'avais au monde. C'est vraiment injuste.
C'est sur des pensées moroses que je me suis finalement endormie, mon Simba dans les bras.
Un brouhaha sans pareil me tira violemment de mon sommeil et je n'ai pas eu besoin d'un dessin pour savoir que mon cher voisin et ses amis adorables avaient commencé leur fête. J'ai vraiment essayé de prendre sur moi malgré la migraine qui me broullait même la vue et ce mélange de bruit qui me faisait presque perdre la tête. J'ai essayé de suivre un film, de lire et même de méditer mais comment peut on se concentrer avec ça ?
Je n'en pouvais plus. Il fallait que quelqu'un l'arrête un jour et moi je ne pouvais plus attendre. Avec colère et détermination je sors de ma maison et me dirige vers la sienne. La horde de voitures luxueuses garées devant la maison me donna une petite idée du genre de personnes qui doit se trouver à l'intérieur mais cela ne me démotive pas, au contraire.
Devant la porte, je m'acharne sur la sonnette jusqu'à ce que la porte s'ouvre sur deux hommes, l'un étant mon cher voisin en personne, tenant une cigarette électronique dans la main gauche. Non mais !
_Oh mais c'est super que tu décides enfin de te décoincer un peu et de sortir de ton cocon mais Sorry, ce n'est pas une soirée pyjama. Me nargue mon connard de voisin en me jaugeant de haut en bas.
_Imbécile ! Je ne suis pas là pour tes soirées merdiques.
_Ouh la ! C'est v*****t ! S'exclame son ami en se tordant de rire. J'étais de plus en plus agacée.
_Tu veux quoi ? Tu te sens seule c'est ça ? Reprit-il avec plus de sérieux.
_Non plutôt agacée. Tu es m******n non ? C'est quoi ton nom déjà ?
_Oh mais meuf tu nous dérange là, soit tu entre soit tu te barre. Intervient son ami. Il l'a calmé d'un regard, heureusement.
_Je le suis et je me nomme Ali, Ali bannat.
_Vois-tu Ali, je ne le suis pas moi mais du peu que j'en sais, ton comportement n'est pas celui d'un m******n et le fait de déranger tes voisins constitue l'un des plus grands péchés, tu dervrais avoir honte parce que tu es sûrement le seul m******n du quartier et le seul qui fait le contraire de tout ce que prone ta religion, en plus de bousiller ta santé. Terminais-je en pointant sa cigarette du doigt.
Bizarrement il m'écoutait avec intérêt, contrairement à son ami qui lançait des blablas et autre.
_Bref, soit tu mets fin à votre petite folie, soit j'appelle la police et crois moi je ne suis pas en train de bluffer. Lançais-je en partant sous le rire moqueur de son ami et le regard presque perçant de mon voisin, Ali.
Cinq minutes après mon retour chez moi, j'ai remarqué qu'on entendait plus aucun bruit et que les invités de Ali étaient en train de sortir, mais ils ne semblaient pas heureux surtout que la plupart étaient saoule. Devant ma fenêtre, je me faisais vraiment violence pour ne pas y retourner parce que très sincèrement ils ne sont pas en état de conduire et pourtant ils vont le faire, et ils vont aller percuter des personnes innocentes qui n'ont absolument rien demandé. Oh lala ! Je ferais mieux d'aller me rendormir.
Après 30 mins de tentative vaine pour me rendormir, je me suis finalement posée devant la tv pour regarder des films de noël nuls qui me font surtout me rappeler que je suis sans famille. Je n'arrête pas de me demander comment allait être ma vie si les choses c'étaient passées autrement.
Les coups sur ma porte et la sonnerie de mon téléphone ne m'ont pas permis d'approfondir mes pensées. Je n'étais pas surpris pour l'appel mais plutôt pour les coups sur ma porte et à 2h du matin. Tout en décrochant mon téléphone, je me dirige vers l'entrée et je fus vraiment surprise de voir mon voisin sur mon palier.
_Rayna ! Tu dois venir immédiatement à l'hôpital, il y a eu des accidents et les urgences sont pleines à craquer, nous avons besoin de toi. Me dit le Docteur Miranda, mon supérieur d'un trait.
_Il y a un problème ? S'enquit mon voisin.
_Oui ! Je dois me rendre à l'hôpital, il y a eu des accidents. Dis-je en me dirigeant vers ma chambre pour me changer en vitesse. À mon retour au salon mon voisin s'y trouvait toujours.
_Je ne sais pas pourquoi tu es là, mais ça devra attendre là je dois vraiment y aller. Lui dis-je en me dirigeant vers la cuisine pour prendre les clés de ma voiture avant de me souvenir de l'avoir laissé à l'hôpital.
_Merde ! Dis-je en me tapant le front.
_Qu'est ce qui se passe ? S'enquit mon voisin toujours sur mes talons.
_J'ai laissé ma voiture à l'hôpital.
_Je peux t'y amener. Me propose-t-il avec sérieux. Je n'ai même pas pris le temps de réfléchir, j'ai directement accepté.
Vu le bolide qu'il a et la vitesse à laquelle il conduisait, nous sommes arrivés à l'hôpital en moins de 10 mins et je n'ai même pas eu le temps de le remercier, j'ai bondis hors de la voiture et je me suis dirigée vers l'hôpital en courant.
Docteur Miranda n'avait pas tort, c'est vraiment le bo***l ici. Entre le bruit des ambulances, les cris des patients et celui des médecins, je ne sais pas où donner de la tête, je reste figée sur place.
_Hey Rayna ! Il faut que tu te réveilles, nous avons besoin de toi en salle d'opérations et maintenant.
Je me réveille instantanément sous les cris de mon supérieur et m'empresse de les suivre en salle. Pendant que l'un de mes collègues m'expliquait l'état du patient, ce dernier me saisit le bras fermement et s'efforçait à me parler malgré son état.
_Mon bébé, il faut que vous trouviez mon bébé je vous en supplie, je suis sa seule famille, nous n'avons personne. Sauvez mon bébé svp. Bafouille-t-elle avec toutes les difficultés du monde.
Je ne sais pas pourquoi elle m'a choisie moi mais je ne peux pas résister, comme toujours.
_Tu ne peux pas partir Rayna, nous avons besoin de toi. Me dit Le docteur Miranda.
_Désolée ! Dis-je en courant vers le sens inverse.
Il y a assez de docteur pour s'occuper de la dame mais personne pour son bébé, il faut que je le trouve. Ma première idée fut d'aller voir les ambulanciers pour savoir si ils ont amenés un bébé et en effet, ils avaient récupérés un bébé mais personne ne savait où il se trouvait. Je ne savais vraiment comment le récupérer dans cet immense hôpital et surtout en ce moment précis. Je tournais en rond, me renseignant un peu partout en vain quand j'ai remarqué Ali, assit sur un banc, la tête entre les mains.
_Hey ça va ? Tu fais quoi ici ? Lui Demandais-je une fois à son niveau.
Il leva la tête et me regarda avec un regard brisé ; j'étais perdue.
_Je suis désolée. Me dit-il la voix brisée.
_Euh et pourquoi ? Et si tu m'aidais plutôt à retrouver une aiguille dans une botte de fouin, un bébé je veux dire.
_Mes amis faisaient partie de l'accident, ils l'ont sûrement occasionné et j'ai perdus mon meilleur ami.
J'ai tiqué. Ils vient de dire quoi ? J'avais dis quoi ?
Les souvenirs de ma famille heureuse et unie me reviennent subitement en tête. Je n'avais que 5 ans quand mon jumeau a été enlevé lors de nos vancances de famille au Ghana. Après cela rien n'a été comme avant. Ma mère est entrée dans une grande dépression et s'est mise à boire, mon père sous la pression de sa famille a dû divorcer de ma mère, malgré qu'elle avait tout abandonné, même sa religion et il est retourné fonder une autre famille dans son pays, la Hopeland. Et moi ? Bah moi heureusement que j'avais ma grand mère maternelle qui m'a recueilli et m'a élevé jusqu'à mes 18 ans avant de se faire percuter par un chauffard ivrogne. Et me voilà, seule au monde ey avec toutes les peines du monde.
Mon ressenti du moment ? Pour la première fois j'ai vraiment envie que la personne en face de moi meurt. Ma haine pour lui a triplé.
_Dégage ! Hors de ma vue et de ma vie ! Tu n'es qu'une merde et j'espère que tu es satisfait d'avoir la mort de toutes ses personnes sur la conscience. J'aurais aimé que tu sois à leurs places espèce de salop. Hurlais-je comme une hystérique en le tapant.
_Hey Hey calme toi ! Je peux savoir ce qui se passe ici ? Intervient Jared en me tirant de l'autre.
_Le bébé a été retrouvé mais la maman n'a pas survécu. Enchaîne Hannah, me faisant vaciller de choc.
_Ça va aller Mélissa, je t'ai toujours dis d'arrêter de trop t'attacher aux patients. Me dit Jared en essayant de me calmer.
Si seulement il connaissait mon histoire, mais il ne la connaît pas, personne ne la connaît.
_J'espère que tu es vraiment satisfait, tu viens de faire un autre orphelin. Dis-je à Ali qui n'avait toujours pas réagi.
Il se leva enfin pour sortir hors de l'hôpital pendant que Jared m'amenait de l'autre côté. Il n'arrivait pas à comprendre ma réaction, mais au fond de moi un volcan me rongait. Toute cette histoire venait de me rappeler la mienne que j'avais tout fait pour oublier et une seule personne en est responsable.
Je le déteste à un point inimaginable et j'espère que la vie s'occupera de son sort, je prierai pour.
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Queen
24/12/2018
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