Il s'appelle Mike, mais tout le monde l'appelle Miky. Il est assez gras du bide, costaud mais pas très grand. Il est également très bavard et assez pervers sur les bords, il adore faire des blagues salaces et il est très imbu de lui-même. Mais sans manquer cruellement d'humour, c'est son esprit qui lui fait défaut : il n'est ni intelligent ni cultivé, mais gentil et on peut lui faire confiance. C'est le plus important le concernant, car c'est mon seul ami à Ouroboros. Il me tape dans le dos et me prend par surprise, je suis saisi de peur, car je ne m'y attends pas. Il commande une bonne bière et on commence à discuter :
« - Alors Phoebus ? Comment ça va ? Je m'inquiète pour toi, ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu dis-moi ! Alors quoi de neuf ?
– Salut Miky, ben écoute je vais bien, ma foi. Désolé si on n’a pas pu se voir avant, mais je suis super occupé avec mon boulot. Les heures supplémentaires, tu sais ce que c'est. Je bosse pratiquement tous les week-ends, je n’arrête pas. Là, c'est vraiment exceptionnel que je ne travaille pas ce soir, j'en profite donc pour t'inviter à venir boire un petit coup avec moi ! Et toi, ça va ?
– Ouais, moi super. Ce n’est pas grave, je comprends, ton patron te fait bosser comme un forcené, il sait que tu es le bon pigeon pour ça ! Il peut compter sur toi en toute circonstance pour travailler à sa place ou celle de tes collègues.
Alors toi, toujours à boire ta boisson de femmelette à ce que je vois ! C’est vraiment de la pisse de chat ! Je ne sais pas comment tu fais pour boire un truc pareil, personnellement moi ça me donne envie de gerber ah ah ah !
Tu me fais bien rire, tu ne changes pas d’un pouce, tu aimes toujours autant le sucré dis-moi ?! Allez, buvons un verre, ça va nous déstresser un peu et te faire le plus grand bien ! Buvons à notre santé ! Et en un instant, il boit d'une traite la moitié de sa bière.
– Eh oui, comme tu vois les habitudes ne s’oublient pas aussi facilement, j’adore toujours autant ça !
Et je ne te permets pas d’insulter ma boisson, ok ?! Chacun ses goûts p****n, tu sais bien que les goûts et les couleurs ça ne se discute pas bordel !
Cependant tu as tout à fait raison ! Détendons-nous et rigolons un peu ! J'ai envie de m’enivrer jusqu'au bout de la nuit !! »
Je fais de même que Miky avec ma Pinnacolada, puis, s'en suit une autre et une autre et encore une autre à n'en plus finir...
La soirée passe à une vitesse folle sans encombre, on se marre bien avec Miky. Mais il est tard désormais, il est temps pour nous de rentrer. Wow, je suis bien enivré moi, mais je tiens encore bien la cadence car mon esprit et ma vision sont encore très claires... Je suis arrivé sous les coups des dix-huit heures et je n'ai même pas mangé. Et là, il doit être vingt et une heure trente passé, il faut que je parte rapidement. En général, je me couche tôt pour ne pas avoir un rythme de sommeil décalé par rapport à mon poste, car je commence souvent très tôt le matin. Mais heureusement, le lendemain matin dimanche, je ne travaille pas non plus. Je fais signe à Miky qu'on doit y aller. Nous cheminons un moment ensemble avant qu’il ne me salue pour me dire au revoir et que chacun parte de son côté. On se sépare à la lisière d'une forêt qui n'est pas loin du bar. Elle est un peu isolée, mais rafraîchissante et superbe la nuit. Mon appartement se situe à quinze minutes de là, à pied. C’est le raccourci idéal et le plus rapide que j’ai pour regagner mon foyer.
J'emprunte le chemin qui remonte et coupe à travers bois pour rentrer, quand soudain j'entends des cris et des appels à l'aide. Je titube tout en me dirigeant en direction des voix, quand tout à coup je vois une jeune femme d'une vingtaine d'années se faire agresser ! Elle est tenue en échec par trois types à l’air louche, ils sont aussi baraqués les uns que les autres. Je vois trouble et je marche de traviole, mais j'arrive à penser encore à une autre personne que la mienne et à la situation inconfortable dans laquelle elle se trouve. Ils se permettent de la toucher à des endroits inappropriés. Ils lui tiennent aussi les mains et la plaque contre un arbre pour qu’elle ne puisse pas bouger ou s'enfuir. Elle pleure et crie sans cesse de désespoir, que quelqu'un vienne l'aider plus que jamais ! Elle les supplie et les implore d'arrêter ça et de la laisser partir, qu'elle ne va rien dire à personne. Ils choisissent bien l'endroit ces salopards, elle est clairement en danger, faut que je fasse quelque chose là et vite... Ici, c'est un lieu isolé que seuls les habitués de mon coin connaissent. C'est alors que je reconnais les voyous de mon quartier, des dealers sans aucun scrupule ni empathie pour personne. Ils sont connus déjà pour avoir un casier judiciaire, long comme un bras auprès des forces de l'ordre. Cependant, des criminels ça reste des criminels pas vrais ? Peu importe le nombre d'années qu'ils peuvent passer en taule, ça ne leurs sert jamais de leçon, apparemment, comme d'habitude à ces putains de fils de p**e ! Je l'entends appeler au secours :
" - Au secours ! Aidez-moi !! Je ne veux pas, non !!!! Pitié, que quelqu'un vienne m'aider, peu importe qui mais que quelqu'un vienne, je vous en supplie, tout mais pas ça !!! Je vous en prie, arrêtez, arrêtez !! NON !! NOOOOOOOOOONNNNNNNNNNN !!!!!!!
– Ça ne sert à rien de t'agiter comme ça, ma jolie, personne ne va venir te sauver dans un coin si reculé de la forêt. T'es toute seule maintenant, mais on va bien s'occuper de toi t’en fais pas, fais-nous confiance, huuummmmmm… »
Ils arrachent soudainement un ou deux boutons de son chemisier avec leur cran d'arrêt. Ils aperçoivent alors son décolleté large et profond, au travers de leurs yeux lubriques et de leurs mains malsaines.
Elle est en pleurs, traumatisée et remplie d'effroi, je le vois à travers ses yeux larmoyants. Elle essaye de se débattre, mais elle est menacée avec un couteau sous la gorge. Elle ne peut rien faire de plus à part attendre qu'une personne puisse l'aider. Une aubaine que je passe par ici, à ce moment-là ! Me suis-je dis. Ni une ni deux, je m'empresse de lui porter secours. Mes jambes me portent toutes seules dans sa direction. Je fonce aussi vers ces sales rats, mais dans l'état d'ébriété avancée où je suis, je ne sais pas ce que je fais ni ce que j'espère franchement... Je leurs crie dessus de ma voix la plus féroce et les insulte de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables qui me viennent à l'esprit. En leur sommant immédiatement de la laisser tranquille, ou sinon que ça va être mal barré pour eux ! Ils se mettent à halluciner au début, puis à se foutre de ma gueule quand j'arrive à leur hauteur. Un combat à mort s'engage alors, mais entretemps, je hurle à la jeune fille de partir pendant que je fais diversion. Ils ont des armes : un couteau à cran d'arrêt et un poing américain. Fort d'une grande gueule criarde habituelle à toutes celles des mecs bien bourrés, je continue de leurs chercher la m***e, alors que je sens mes jambes flageller... Enfin, mon courage vient de se dérober à l’instant même et se faire la malle, loin d'ici ! Il m'abandonne lâchement ce gros c*****d de fils de p**e ! Mais je dois le faire quand même, il le faut, peu importe les conséquences je n’ai plus le choix là :
« - Hé, vous la b***e de trous du c*l sans scrupules ! Vous n’avez pas honte de vous en prendre à une jeune femme, sans défense et innocente ?!
Attaquez-vous en à quelqu'un de votre taille, b***e de fils de p**e ! Bâtards, sales chiens des enfers, pourritures, ordures, sales déchets humains que vous êtes !
Vous êtes que des merdes, les vrais hommes ne s’en prennent jamais aux femmes ! Relâchez là tout de suite, où vous allez le regretter amèrement, je vous le garantis !
Je les regarde noir, en leur montrant de magnifiques doigts d'honneur avec bien évidemment, les bras réciproques.