Chère Ex-femme Aime-moi encore

5. Amy, tu es une gagnante, crois en toi !

5. Amy, tu es une gagnante, fais-toi confiance !

Amelia

Cela fait deux longues semaines depuis le jour où JuanLu est venu pour la dernière fois dans cette maison. Chaque fois que je passe par la buanderie, je vois ses valises prêtes. Je ne peux pas dire que je suis déjà passée à autre chose, car ce serait mentir. Ça me fait encore très mal, et je ne nie pas que la nuit, je verse quelques larmes, car son absence me pèse énormément, mais j'ai essayé de l'éviter, puisque, juste après que tout est arrivé, Lily m'a surprise en train de sangloter à minuit.

Voir ma fille souffrir en voyant ma tristesse m'a fait un peu reprendre mes esprits. Je ne suis pas la seule à souffrir de cette situation, cependant, les enfants essaient de faire en sorte que tout à la maison soit presque normal. S'ils se lamentent, ils le font en silence, pour que les autres ne se consument pas dans la peine de voir un être cher souffrir. Quand nous sommes ensemble, nous essayons de faire en sorte que tout continue comme nous le faisions lorsque mon ex partait en voyage.

Étrangement, il y a deux jours, j'ai commencé à bien dormir. Heureusement, je n'ai pas eu besoin de pilules.

Aujourd'hui, je vais déjeuner chez ma mère, pendant que mes enfants sont à l'école. Elle m'a invitée dès que je me suis levée et je n'ai pas pu refuser, bien que cela me semble très étrange. Elle prépare quelque chose, mais je vais bientôt le découvrir.

Je m'habille un peu plus formellement, jeans, chemisier à col ivoire et queue de cheval haute. Grâce à mes bons gènes, on dit que j'ai l'air beaucoup plus jeune que je ne le suis. C'est la "moi" qui va affronter le monde. Après être allée chez ma mère, j'ai l'entretien redouté avec Mme Dorantes, la couturière de Cony. Je n'ai pas grand-chose à montrer, alors j'ai fait un petit portfolio avec les costumes et vêtements que j'ai créés pour Lily lors de ses festivals et fêtes. Je sais que cela ressemble à un travail de maternelle, mais je n'ai que le talent inné que je possède. Je n'ai suivi aucun cours de design, donc je ne connais pas beaucoup de techniques. Tout dans mon travail est authentique et personnel. Je crois que mes créations pourront plaire à la personne.

Je vérifie rapidement mon maquillage, prends mes clés et sors de la maison. Je n'ai pas mis longtemps pour arriver, mais je suis intriguée de voir une voiture inconnue garée devant la maison de mes parents. C'est une voiture de luxe, donc elle attire évidemment l'attention.

Je dois chercher une place de stationnement devant la maison d'un voisin, qui sort pour voir qui c'est, et en vérifiant que c'est moi, une connaissance, il me salue d'un geste de la main. Il sait que je ne bloquerai pas son garage longtemps.

Je sors mes clés pour ouvrir, mais à ce moment-là, la porte s'ouvre comme si on m'attendait déjà. Ma mère est habillée comme si elle allait sortir, et cela m'intrigue.

—Amy ! Enfin tu arrives. Mais entre, entre, nous n'avons pas beaucoup de temps. —Elle me saisit par la main et me tire presque à l'intérieur. À l'intérieur, assis à la table de la salle à manger, je vois un homme que je ne connais pas. Ses vêtements sont élégants, je peux le remarquer, tout comme ses manières. C'est un homme d'environ 35 ans, on peut dire qu'il est attirant, qui me regarde d'une manière curieuse quand il me voit entrer.

—Regarde Rody, c'est ma fille dont je t'ai parlé. Fille, lui c'est Rodolfo Saenz. Il est le fils d'une de mes amies du bingo, et il est avocat de profession. Un excellent avocat. Il sera celui qui s'occupera de ton divorce.

Je reste bouche bée. Je n'ai pas encore parlé avec JuanLu, mais ma mère a déjà mon avocat prêt. Eh bien, eh bien.

—Enchanté, Amy... puis-je t'appeler Amy ? —L'homme me lance un regard que je ne peux pas identifier. Cela ne me met pas à l'aise, alors je force un sourire.

—Pareillement, enchantée. Merci d'être venu à l'appel de ma mère. —Ma mère m'indique une chaise où je peux m'asseoir. Juste en face de cet homme étrange.

—Le plaisir est pour moi. Et laisse-moi te dire que tu peux compter sur moi. J'ai d'excellentes références en matière de divorces réussis. Si tu le souhaites, nous allons le dépouiller jusqu'à la dernière chemise, comme on dit vulgairement, hahahaha. —Je souris légèrement, pour ne pas mettre mal à l'aise l'avocat et ma mère, qui semble enchantée par lui.

—Eh bien, nous verrons. Je veux d'abord savoir ce qu'il me propose. Mais j'imagine que cela se traitera entre avocats. J'aimerais aussi connaître le coût de tes honoraires, car comme tu peux l'imaginer, je ne dispose pas d'un grand capital. Je suis encore à la recherche d'un emploi, et donc tant que je n'ai rien de sûr, je ne peux pas te payer.

L'homme me sourit d'une manière un peu malicieuse. Je ne sais pas quelles pensées inappropriées traversent son esprit. On dit souvent qu'une femme divorcée est facile à séduire pour d'autres hommes, mais j'espère que ce type ne pense pas cela.

—Ne t'inquiète pas pour ça, ma chère Amy, nous obtiendrons d'abord ton divorce et ensuite nous verrons ce qui se passe. —Oh, oh. Cela ne m'a pas plu du tout. Il vaudrait mieux que je trouve comment le payer rapidement pour ne pas avoir de dettes de faveurs.

Le déjeuner se passe tranquillement, entre anecdotes de ma mère avec la mère de "Rody". Cela me fait rire de voir comment il essaie de se mettre dans les bonnes grâces de ma mère, pour savoir quels intérêts. Si c'est pour essayer de me séduire, qu'il oublie ça.

—Je dois partir. J'ai un entretien d'embauche dans une demi-heure. J'ai été ravie de te rencontrer "Rody" et nous resterons en contact. —Je lui tends la main pour lui dire au revoir, mais il la retient entre les siennes pendant quelques instants. En sortant, j'utiliserai une tonne de gel désinfectant.

—Tu veux que je te dépose quelque part ? J'ai ma voiture dehors. —Il me le dit d'une manière qui se veut sensuelle. Ridicule.

—Non, merci, j'ai amené ma voiture. Alors, maintenant je te dis au revoir. —Je donne un b****r à ma mère sur la joue et je sors de là. Évidemment, mon derrière a été le point d'observation d'un certain homme désagréable.

Essayant d'oublier ce mauvais moment, je mets une station de radio que je n'écoute pas fréquemment, car JuanLu ne l'aimait jamais. Maintenant, je suis libre d'écouter ce que je veux. C'est incroyable de voir à quel point la plupart des femmes vivent selon les goûts de leur partenaire. Mais c'est fini. À partir d'aujourd'hui, en premier lieu, c'est moi, et en second... c'est moi.

Je gare ma voiture devant la grande maison de mode où j'ai l'entretien. Je me sens nerveuse. Je me répète mon mantra : “Tout ira bien, tout ira bien, tout ira bien”, trois fois pour que ça fonctionne.

Je sors de la voiture, prends mon portfolio et, comme une femme qui réussit, je marche sur mes talons hauts vers la réussite. Cependant, la réalité est bien différente.

Quand la réceptionniste me fait entrer, je dois attendre presque une heure avant d'être reçue. Je ne peux pas me plaindre, car je viens sur recommandation. À chaque minute qui passe, le désespoir que j'ai essayé d'éviter dans mon esprit commence à jouer contre moi. La peur cède la place à la méfiance. Et si on ne m'embauche pas ? Et si mon travail n'est que de la pacotille ? L'envie de pleurer, qui était restée endormie ces derniers jours, revient avec une force écrasante. Je commence à me sentir vaincue. J'ai été trompée et mon mari m'a quittée pour quelqu'un de plus jeune et jolie. Qu'est-ce que je peux bien avoir de bon pour que quelqu'un me donne une chance alors que je suis une rejetée ? Finalement, je ne peux pas les retenir. Elles coulent sans que je puisse les arrêter de mes yeux. Je prends mon portfolio et me lève pour partir. Mais juste à ce moment-là, quelqu'un se tient devant moi. C'est une femme d'âge mûr, mais très élégante. Je lève mon visage pour la regarder. Elle me sourit.

—Tu vas quelque part, ma chère ? Je n'ai pas encore vu ce que tu fais. —Son sourire me redonne confiance.

—Je suis Amelia Fuentes, enchantée madame Dorantes. —Je lui réponds en essuyant rapidement mes yeux. Courage Amy. Tu es une gagnante. Crois en toi !