Chapitre 8 – La Danse du Mensonge et du Feu

1007 Mots
Leya Le Poids du Silence Le lendemain, le manoir est étrangement calme. Ou peut-être est-ce moi qui le perçois ainsi, après cette nuit troublée par la présence de Rafael, par ses mots qui résonnent encore dans ma tête. "Tu n’as pas à tout affronter seule." C’est une illusion. Une faiblesse. Je me lève avec difficulté, chaque muscle de mon corps protestant contre le moindre mouvement. Mais je ne peux pas me permettre de céder à la douleur. Pas ici. Pas maintenant. Lorsque je descends dans la salle principale, les regards se posent sur moi. Certains avec une pointe d’admiration, d’autres avec du mépris à peine voilé. Mais une chose est certaine : ils m’ont vue me relever hier. Et ça change tout. Dante est assis à la même place que la veille, sa posture détendue en apparence, mais ses yeux scrutateurs trahissent son esprit toujours en alerte. Rafael se tient debout à sa droite, fidèle à lui-même, une ombre silencieuse au regard perçant. Je m’approche, le menton relevé. — Bien. La voix de Dante tranche le silence. Il me détaille un instant, puis fait signe à un de ses hommes. — Une mission. Un frisson d’appréhension me parcourt. Je m’y attendais, mais l’entendre de sa bouche rend la chose plus réelle. — Un colis doit être récupéré ce soir. Un échange délicat. Ses doigts tapotent l’accoudoir de son fauteuil, son regard perçant le mien. — Tu vas y aller avec Rafael. L’air autour de moi se tend imperceptiblement. Je sens les regards s’échanger. Je me tourne vers Rafael. Il ne montre aucune surprise. — Compris. Dante sourit légèrement, comme s’il percevait quelque chose que je ne vois pas encore. — Parfait. Le Frisson du Danger Quelques heures plus tard, la nuit a déployé son manteau sombre sur la ville. L’air est chargé d’une tension électrique tandis que nous roulons en silence vers le lieu du rendez-vous. Rafael est au volant, son expression impénétrable. Je fixe la route, concentrée, mais chaque mouvement de sa main sur le levier de vitesse, chaque souffle qu’il prend, semble amplifier cette présence entre nous. — Tu es prête ? demande-t-il finalement, sans me regarder. Je serre la mâchoire. — Toujours. Il esquisse un sourire en coin, presque imperceptible. — On va voir ça. Le véhicule s’arrête à quelques rues du lieu de l’échange. Une ruelle sombre, entre deux entrepôts abandonnés. Un classique. Nous descendons ensemble, marchant à l’unisson, nos pas résonnant sur le bitume humide. Trois hommes nous attendent. Le chef du groupe s’avance, un sourire carnassier sur les lèvres. — Pile à l’heure. Je reste immobile, observant le moindre détail. L’homme tient une mallette dans sa main droite. Son regard passe de Rafael à moi, et je ressens instantanément une tension malsaine. — Alors, c’est elle, la nouvelle protégée de Dante ? Rafael ne bronche pas, mais son regard devient glacial. — Faisons l’échange. L’homme ricane. — Pas si vite. Il s’approche légèrement de moi, son regard appuyé glissant sur ma silhouette. — J’aimerais d’abord voir si elle est aussi impressionnante qu’on le dit. L’air autour de nous se fige. Rafael ne bouge pas, mais je vois la tension dans sa posture, ce contrôle féroce qu’il exerce sur lui-même. Un silence pesant s’installe. Puis je fais un pas en avant. — Tu veux tester ? Vas-y. Le sourire de l’homme s’élargit. — Courageuse. Mais la bravoure peut être une faiblesse. Je ne cille pas. — Tout comme la confiance excessive. Son regard s’assombrit légèrement. — Bien. Il pose la mallette au sol et l’ouvre, révélant son contenu. Des documents. Des liasses de billets. Un pistolet posé sur le dessus, comme un avertissement silencieux. — Tout est là. Mais je veux un petit bonus. Rafael parle enfin, sa voix tranchante comme une lame. — L’accord était clair. Pas de négociation. L’homme hausse les épaules. — C’est la règle de la rue, non ? Les choses évoluent. Il se tourne vers moi. — Un simple b****r. Juste pour voir si elle a du cran. Je ressens instantanément l’explosion de colère contenue dans Rafael. Il ne bouge pas, mais je le sens au bord de l’implosion. J’ai une fraction de seconde pour réagir. Je m’approche de l’homme, lentement. Je vois la satisfaction dans ses yeux, la certitude qu’il a gagné. Puis, avant qu’il ne comprenne ce qui se passe, je lève la main et frappe violemment sa gorge du tranchant de ma paume. Il recule en suffoquant, la surprise peinte sur son visage. — Ça, c’était gratuit. Le silence tombe. Puis un rire éclate. Pas de Rafael. Mais du second homme derrière le chef. — J’aime bien cette fille. L’échange se fait dans la seconde qui suit. Nous repartons avec la mallette, laissant derrière nous l’homme encore à moitié plié en deux, sa fierté plus blessée que son corps. L’Affrontement Le trajet de retour est silencieux. Trop silencieux. J’attends que Rafael parle. Il ne le fait pas. Mais une fois arrivés au manoir, au moment où je descends de la voiture, il m’attrape le poignet et me plaque contre la portière, son regard brûlant ancré dans le mien. — Tu aurais pu te faire tuer. Sa voix est basse, menaçante. Je le défie du regard. — J’avais le contrôle. — Vraiment ? Sa main se resserre légèrement. Pas pour me faire mal, juste pour m’ancrer dans l’instant. — Tu crois que c’est un jeu ? Qu’un coup bien placé suffira toujours ? Son souffle est chaud contre ma peau. Trop proche. Trop dangereux. Je refuse de reculer. — J’ai fait ce qu’il fallait. Son regard glisse sur mon visage, sur mes lèvres. Une étincelle de quelque chose d’autre passe dans ses yeux. Puis, sans prévenir, il relâche son emprise et recule. — La prochaine fois, réfléchis avant d’agir. Sa voix est plus rauque qu’avant. Il tourne les talons et s’éloigne, me laissant là, le cœur battant trop vite. Je devrais être soulagée qu’il parte. Mais tout ce que je ressens, c’est une frustration brûlante. Et un désir que je n’ai pas le droit d’avoir.
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