6h30, c'est à cette heure que je sortais de la maison pour aller au travail, il faisait très sombre et au coin de la rue se formait un brouillard assorti a un souffle de vent troublant annonçant le début de l'hiver.
Je marchais jusqu'à l'arrêt de bus pour attendre un niaga ndiaye(transport en commun).
On étaient pas nombreux à l'arrêt de bus , il y avait juste moi et une vieille dame qui avait à peu près la cinquantaine, la peau clair ,vêtu d'un grand boubou, elle portait à son cou un « thiak en pémé »(collier en perle),elle ressemblait à une peulh et malgré son âge elle avait de beaux traits avec elle un panier de légume sûrement elle allait au marché , je l'aimais déjà cette femme active, enthousiasme et pleine de vie vraiment je lève un chapeau à toutes les femmes, nous sommes braves et fortes.
C'est les cris de l'apprenti qui me sort de ma rêverie
: DAKAR-DAKEUR niawléne yeigg mou gaww(montez et faite vite)
Ouf j'ai de la chance une voiture qui part en ville surtout le matin ce n'est pas facile du tout, je monte sans me faire prier et m'assois en me posant à côté de la fenêtre, ce n'est pas plein à cette heure et la dame viens s'asseoir à mes côtés
-diohléne ma pass ( le prix du transport)
Ils ne te laissent même pas t'asseoir et te demande le ticket du transport, comme si on n'allait les échappés.
J'ouvre mon sac, prend ma pochette en tire 150 fcfa que je lui tends.
-tu pars où?
-Dakar
Il se tourne vers la dame qui lui donne une pièce de 100 fcfa
- tu pars où?
-marché tylén
-pass bi fanwére la dolima foukk(c'est 150 tu dois me donner 50)
-« sama dom balma fouki deureum »
-« sokhnassi damay ligey man tamit ni RK nguéne mell sama xaliss dal » (madame moi aussi je travail, vous êtes toutes comme ça, donnez-moi mon argent c'est tout)
-« thieuy sama dôme ya niak kerssa xana ngua roussma touti nak »(mon garçon vous êtes insolent ,au moins vous ayez de la compassion en mon égard)
-guissngua sa wah beurri na sama xaliss lisidess nak ngua débrouillé (vous parlez trop, mon argent et le reste je m'en fou)
Elle allait réplique mais je lui coupe la parole
-non mais vous êtes indiscipliné, insolent, idiot comment peux-tu la parlé ainsi en sachant qu'elle peut être ta mère, c'est vrai que tu travailles ,mais qu' elle peut te donner ce qu'elle ne dispose pas ,voudrez-tu qu'on le fasse a ta mère non sûrement pas, donc ne le fait pas à d'autres, au moins ait de la compassion « niak kersa danguén di ligey bâ dh té dolein am touss nah yarradikou » ( insolent vous allait travaille jusqu'à mourir vous n'allez rien n'avoir) tu réclamais 50f j'ouvre ma pochette et lui tend un billet de 500 et maintenant fous nous la paix, criais-je ahurie.
Je me tourne vers la dame et lui donne un billet de 1000
-madame, vous partez au marché, demandais-je à la dame
-oui, réponds-t-elle par un hochement
-« am motalilsi agn » (rajoute en pour tes achats pour le déjeuner)
-« Ay dom djeureudjeuf lo beug yallah nako sougniou borom deifaral,xamoumala wanté diappal nissa adouna tolof tolof yaye beuri rek mais do meusseu danou ndam rk »(merci ma fille je te souhaite tout le bonheur du monde il y'aura beaucoup de haut et bas dans ta vie mais sache que tu ne vas jamais tombé )
Ces paroles m'ont vraiment touché, j'étais émus ,jamais de ma vie à part mon oncle on m'avait formulé de tel prière tout ce que j'ai pu répondre c'est
-Amine ngiou bokk ka inshallah
-Amine
Et le reste du trajet se fit dans un silence absolu à part l'apprenti qui faisait du bruit et à cette heure il n'y avait pas d'embouteillage.
Arrivé au marché tylen la dame descend en me faisant un au revoir que je lui rends.
Arrivé au terminus la voiture s'arrête et tous les passagers descendent.
C'est à 7h30 que je franchis l'enceinte de la banque, heureusement je suis venue en avance sinon j'aurais affaire avec Mr.Diedhou mon patron qui depuis que je l'ai empaqueté me mène la vie extrêmement dure.
Primo parce qu'il peut être mon père et je ne me vois pas sortir avec mon patron
Secundo il est marié et a une fille qui pourrait être ma tante donc vraiment il peut aller dormir car nous deux c'est impossible.
A force de les remballés tu vas finir par devenir vieille fille sans mari ni enfants, profite de ta jeunesse, tu es belle mashallah car on ne vit qu'une seule fois mbaranal pa bi wone KO weuyou bandi moy bayam dangua maguett torop avec tes principes me repetait sans cesse Bintou une amie que j'ai rencontré à mon école de formation, on traîne tout le temps ensemble je l'aime bien , elle est folle drôle et audacieuse ,belle, j'ai confiance en elle et j'espère à son tour qu'elle ne me fera pas le coup de Mamy car pour moi l'amitié est un sentiment très fort qui doit être sincère, fidèle et réciproque.
Et moi je lui répondais à chaque fois que mon idéal, ma moitié viendra celui qui me feras frissonné, vibré de désir, celui avec qui je plongerais dans un océan de bonheur, celui qui me diras veux tu m'épouser être la mère de mes enfants et on vivra heureux jusqu'à la fin des temps.....tout se semblant de bonheur viendra in sha allah
-ndeysannn c'est mignon, exclamais-t-elle lasse de mon discours que je lui répétais à chaque fois
La journée au bureau et a l'école se passa rapidement mais j'étais déjà crevé à cause du travail fatiguant que m'a donné Mr.Diedhou, je ne fais pas un stage pour apprendre à imprimer, je le fais pour avoir la main dans mon domaine d’activité qui demande beaucoup d’activité mais bon je ne le montre pas car après tout je veux obtenir mon attestation de stage.
A la descente à 20h, accompagné de bintou on se dirigeait vers l'arrêt de bus tout en discutant, le seul hic dans les cours du soir c'est à la descente surtout nous les étudiants n'ayant pas assez de moyens financières pour se balader tout le temps en taxi on ne compte que sur nos bourses, qui parfois ne peut satisfaire nos besoins.
Dans mon cas je dis alhamdoulilah car au moins je vis chez mon oncle, mais y'en n'a d'autres qui provient tellement loin qui n'ont ni famille, ni ami dans cette ville c'est pourquoi peu importe notre condition nous devons le rendre grâce à dieu
- tu m'écoute, dit-bintou en me tapotant l'épaule
-oui oui
- mon bus est venu à demain chérie
-OK rentre bien
Me voilà toute seule à attendre un bus que je ne vois toujours pas et un ventre qui crie famine, il y'a une vendeuse d'arachide a l'autre ruelle, je ne peux plus le supporté depuis hier je n'ai rien mis sous la dent et l'arachide s'est consistant non pourquoi pas.
Je m'apprêtais à traverser et hop
J'ai eu la peur de ma vie, je n'avais même pas vu la voiture venir heureusement il a su freiner à temps, n'empêche pendant un laps de temps j'ai vu ma vie défilée entre les coulisses de la vie et de la mort..... J'ai eu peur !
-TU NE PEUX PAS FAIRE ATTENTION QUAND TU CONDUIT TU AS FAILLI ME TUÉ MAIS NON MONSIEUR SE SENS UNIQUE ET CROIX S'APPROPRIER LA ROUTE MAIS REVIENS SUR TERRE ET FAIES GAFFE AUX PIETONS, Dis-je bouleversé par le choc
-je suis désolé miss, vraiment et vous avez entièrement raison si j'avais fait attention, je ne vous aurai pas heurté ainsi, je suis profondément désolé, dit-il sur une once de culpabilité et d'inquiétude
Ma colère commençait à s'apaiser et je découvris en face de moi un jeune homme super beau ,costaud, il devait faire les 1m80,la peau noir toute lisse, les yeux marrons en forme d'amande et une petite bouche , un nez en forme de bec il était tout simple magnifique dans son ensemble costard bleu de nuit , une voix tendre et rauque à la fois un vrai œuvre d'art
-euh c'est bon vous êtes excuser, disais-je enfin pour rompre ce court silence
-ouf je suis soulagé, J'espère que vous n'avez pas mal ?
- non du tout vous m'avez à peine touché c'est juste que j'avais peur et l'action s'est passé à une telle vitesse que je reste ahurie
-désolé encore et pour mieux me faire pardonner je vous demande une faveur et tu ne peux pas me le refusé stp, dit-il en me suppliant du regard
-humm ça dépend, répondis-je en le regardant à mon tour
-c'est simple, je veux juste vous déposer pour m'assurer que vous êtes bien rentrée
-oh non ne vous dérangés surtout pas en plus je n’habite pas loin, mentis-je alors que j’habite à l’autre bout du monde
-j'insiste vraiment, j'ai tout mon temps et c'est un honneur de sévir une aussi belle dame
-quel beau parleur !
-si tu le dis, alors on n'y va?
Ce n'est pas sûr de monter dans la voiture d'un inconnu, si c'est un tueur en série, un violeur un kidnappeur, n'importe quoi
Tu ne le remballe pas lui, regarde le bien il en n'a pas l'air, il veut juste t'aider, Dit mon subconscient
Si je réfléchis aussi, il est presque 21h, mon bus n'est toujours pas encore venu, je suis épuisé, j'ai faim, j'ai les jambes en coton, je ne pourrais pas tenir il y'a trop d'obstacles donc je vais saisir l'occasion, en attendant priez pour moi, pour que je rentre saine et sauve
-pourquoi pas, on n'y va je vous suis
On se dirige vers sa voiture oh c'est magnifique si je me trompe pas c'est un X6, noir toute ruisselante, je m'y connais pas trop en voiture mais c'était top.
Je m'installe coté passager, même à l'intérieur c'était sublime, des fauteuils en cuir confortable, la musique de Youssou Ndour" Amitié" ainsi que son doux parfum emplissait l'espace dans un environnement juste parfait.
- où habitez vous ?
- à golf
-ah ok, moi c'est Mohammed Youssouf Barry, j'ai 30 ans, je suis ingénieur en informatique et je suis ravi d'avoir fait votre connaissance, dit-il tout en conduisant
-moi c'est Aminatou Ndiaye, j'ai 23 ans et je suis étudiante en 2eme année de formation, je fais des études en gestion
-vous avez un joli prénom et permettez-moi de vous appeler Mina
- un joli surnom, j'aime bien
-tant mieux Mina, sinon et les études
- cava-on s’accroche
-c'est bien faudra jamais laisser tomber les études c'est la clé de la réussite
-t'en fais pas, je ne les laisserais pour rien au monde
S'en suivit une discussion tournant tantôt vers les études tantôt vers nos vies respectives.
Il m'a dit que leur famille possédait une entreprise d'export-import et qu'il avait pris les rênes, qu'il était le fils unique de sa famille et avait une sœur Oumy, qui vie à l'étranger pour ces études, quant à lui il logeait aux almadies ou il vivait tout seul.
A mon tour je lui racontais ma vie sans rien omettre aucun détail, c'est fou, c'était comme si on se connaissait des lustres, du moins moi je lui avais tout dit d'un coup, j'étais devenu subitement ouverte...mais bon y'a rien n'à craindre, une petite partie de confession après chacun feras sa vie de son côté c'est tout.
-je prends quelle ruelle, dit-il tout en conduisant
-la gauche, tu te gares à côté de la boulangerie
Arrivé à côté de celle-ci il me demanda, de lui indiquer ma maison non pas je ne voulais lui montrait, mais je ne veux pas avoir de problème avec ma tante, même s'il y'a des fois des gens qui déposent Mamy à la maison, nous deux ce n'est pas pareille, donc vaudrez mieux que je reste sur mes gardes.
-ici c'est bon de toutes les façons tu ne pourrais pas passer, il y'a trop de sable dis-je avec un ton plus sérieux que je me l'imaginais
-ça ne me dérange pas, reprend-il
-n'insiste pas c'est barrés même quand tu prends un taxi, tu descends ici
C'est vrai qu'on n'a barré la route mais ça c'est de l'autre côté, tous les façons il ne connait pas ce quartier
Il me regarde comme s'il pouvait lire dans mes yeux et acquiesce finalement
-si tu le dis
-OK bon bye, c'était vraiment gentil de m'avoir déposé
-oh c'est à moi de te remercier, et désolé pour ce petit accident
J'hoche la tête et m'apprête à sortir quand il verrouille les portes, surprise je me tourne vers lui
-euh..y 'a un problème, demandais-je étonné par son geste
-effectivement il y'a un problème
Il me regardait droit dans les yeux, cette fois sans ciller, et je me surprend à fuir son regard, d'habitude j'aime bien ces défis du regard mais cette fois-ci mission impossible ,il a les yeux d'un marron éclatant qui nous inspire confiance, ses yeux m'intimident je ne peux pas les regardaient droit dans les yeux, c'est comme vouloir fixer le soleil a un moment c'est sûr, tu ne vas plus assumer voilà ce que me donnent les yeux de Mohammed
-puis-je savoir lequel ?, Dis-je avec assurance
-Amina, tu n’osais pas du tout sortir de la voiture sans me donné tes coordonnés, je veux mieux te connaitre moi, dit-il direct
Oui.....non, oufff moi aussi j'ai envie de mieux le connaître, il est sympa gentil, adorable alors pourquoi pas
Il faut le remballe si tu le fais moi je démissionne illico-presto c'est quoi ces manières, tu dois surement être lesbienne comme te l'avais si bien dit Alioune, dit-mon subconscient
La ferme fallait partir y'a longtemps
-euh oui prend c'est 778******
-je vais directement t'appeler comme ça tu obtiendras mon numéro
-pas de problème, puis-je partir maintenant
-il reste une chose, une toute petite chose en faisant le geste avec sa main
« Ah dou djeh » (ça ne se termine pas)
-je t'écoute, demandais-je lasse
-mon bisou, demande-t-il calmement
« Ki nak moni beug eupeu »l (il va vite en besogne), il parle de quel bisou ?
Comme il avait remarqué mon incompréhension, il me coupa de mes réflexions
-un bisou sur la joue, comme des amis quoi, reprend-il en sentant ma frustration
« Nay leer dh sinon rk ma défaral la bagage » (tu as intérêt)
-ah je vois, dis-je en m'approchant de lui pour lui donner un bref bisou sur la joue
-très bien Amina, tu peux partir maintenant, dit-il en riant
Il est mignon quand il sourit on voit des fossettes bien creux qui se formaient au niveau de ces joues et des dents bien alignés, quel beau spectacle en plus il a un rire contagieux.
-c'est bon j'y vais la, dis-je en riant à mon tour et en descendant de sa voiture
Il me fait un geste de la main pour me dire au-revoir tout en démarrant sa voiture.
Arrive à la maison vers 22h moins, je me dirige vers le salon j'y trouve mon oncle et ma tante en train de regarder la télévision, je les salue en faisant un genou flexion, en signe de respect
-« salamalaykoum oumpagne, nidjay » (bonsoir tante, oncle)
-bonsoir ma fille, et l'école tout va bien
-oui alhamdoulilah
Je me tourne vers ma tante qui m'a salué à peine du bout des lèvres, mais bon j'ai l'habitude
-tante je prépare quoi pour le dîné
-Amina tu te fous de qui, tu penses que je vais attendre à des heures aussi tardive pour dîner, j'ai une tension moi ne le fais pas monté tchipp
-excuse-moi tante, mais ce n'est pas de ma faute, à l'heure où je descends j'attends le bus sans cesse
Mon oncle prend la parole
-Aissatou tu oses blâmer maman, il fait dix heure moins et ta fille n'est toujours pas rentré, tu croix que c'est normale hein, ne te fous pas de moi et va chercher ta fille c'est mieux pour toi
Il se tourne vers moi et me dit
-ma fille va prendre ton dîné après tu te couches, tu dois être épuisé
J'acquiesce de la tête et répond
-« mani dem fananlein ak djam » (j'y vais passer une bonne nuit)
Ma tante avait préparait du « laxx » (bouilli de mil accompagné de lait caillé), j'ai tout mangé sans laissé une miette.
J'ai pris une bonne douche et hop au lit, on peut dire que ma journée d'aujourd'hui a été mouvementée et riche en émotion, en passant par la bonne dame à qui je ne connais même pas le nom, la folie de Bintou, le travail fatiguant de Mr.Diedhou, ma tante et ses caprices, et enfin ma drôle de rencontre avec Mohammed Barry, avec qui en fin de compte j'ai passé une excellente fin de soirée en sa compagnie
Bip-bip
Mon portable signalant la réception d'un nouveau message du77***
J'espère que tu es bien rentré et que tu n'a pas trop mal, je t'envoi plein de bisous et passe une bonne nuit en rêvant de moi
Mohammed.Y.B
C'est ainsi le sourire aux lèvres que je rejoins Morphée dans des rêves surpeuplés de Mohammed Barry.