EN QUETE DE PROGENITURE
1-Rien qu’à y penser
Le jour se lève enfin sur les terres de la belle
république de Tchérizo. Ah cette belle patrie
autrefois déchirée en deux par la guerre. Oui !
Cette sale guerre qui a rendu des enfants
orphelins, des femmes veuves et qui a révoquée
en doute l’essence même de la nature humaine
aussi paradoxale qu’elle soit. L’humain, un être
sensé et raisonnable, bienveillant et aimable ne
serait qu’en fait au fond de lui un être bondé de
violence, hostile et dangereux pour ses
semblables. Après avoir faire parler le lion, la
férocité, la cruauté et l’inhumanité pour
conserver le pouvoir et ses intérêts. Le moment
est venu de déposer les armes, d’user du renard,
de la ruse, de la malice pour étouffer les
rancœurs et endormir les esprits de représailles.
Ah qu’est-ce qu’ils sont ferrés ces politiciens !
Lui qui au début brandissait les armes et criait
oui au feu, oui au sang, se retrouve aujourd’hui
brandissant des fleurs et criant oui à la paix, oui
au pardon, oui à la réconciliation. Le pouvoir
n’appartient donc plus à celui qui remporte les
élections mais plutôt à celui qui gagne la guerre.
Hélas la nature humaine est ainsi, ambivalente et
imprévisible à la fois. Heureusement pour nous
tout était fini. Désormais sur cette grande et
belle république de Tchérizo soufflait un vent de
paix, de bonheur et de prospérité. Mais que dire
de ces classes opposées qui fleurissaient de
jours en jours. Pour certains on broyait du noir
et pour d’autres le luxe coulait à flot. Voilà, encore des inégalités. Le monde ne changera
donc jamais ? La justice des hommes n’est point
équitable, l’argent est son seul maître. La
corruption règne et certains s’enrichissent sur
le dos des autres. Les faisant passer de l’état
d’affranchissement à l’état d’assujettissement.
Et c’est ainsi qu’est la terre des hommes. Dieu le
tout puissant devrait être déçu de nos prêtres,
nos pasteur et nos imams pervertis qui censés
guider les Hommes sur le chemin de l’éthique ne
le font guerre mais courent plutôt derrière
l’oseille. Ces derniers toujours en quête d’obole,
c’est vraiment pitoyable. Tant mieux, parmi ces
faux subsiste des vrais il est donc incontestable
que l’exception confirme la règle.
Dans tout ce débâcle vivait un couple pieux et
digne avec pour chef de file Kassim digne
descendent des Koulibaly. Ah ! Ce brave
monsieur qui gagnait son pain quotidien à la sueur
de son dur labeur. En effet, Kassim était vigile
ou appelé d’un ton ironique vielleur de la nuit dans
une industrie de transformation de noix de
cajou. Pourtant ce brave monsieur gagnait
dignement sa vie. Et comme on le dit derrière un
grand homme se cache une grande dame. Oui ! La
belle et tendre Awa sa bien aimé. Une jeune
femme m*******e comme on les aime, soumise,
respectueuse et courageuse. Ce genre de femme
qui n’embête pas son homme pour des futilités de
mèches ou de produits cosmétiques. On la
comprend elle était si naturellement belle et
travailleuse. Ce genre de femme modèle qui se
bat aux côtés de son prince charmant pour l’aider
à améliorer leurs conditions de vie. Ce
formidable et jeune couple célébrait leur noce de bois. Cependant, après tout ce temps de vie
commune sans enfant le ciel commençait à
s’assombrir dans leur vie. A qui la faute ? Aux
rumeurs de stérilité qui engendrèrent d’énormes
pressions. Oui ! Des pressions de la belle-famille
à la recherche du bouc émissaire sur qui
déverser le blâme. Malheur aux femmes, qui
dans ce genre d’occurrence porte le fardeau du
haut-le-cœur puisque ce sont elles qui sont
censées jouer le rôle de la terre fertile qui fait
germer le fruit de l’union entre l’homme et la
femme comme nous a appris le créateur de toute
chose que la grâce divine repose à jamais sur lui.
Voilà donc que commence le véritable calvaire de
la niaise Awa. Son quotidien si paisible se
transforma en un véritable tintamarre infernal
d’outrages et de persiflages. A ce chapelet
d’injures, elle est immunisée. Elle est forte,
courageuse et son mari la soutient se disait-elle,
oubliant l’influence de sa belle-mère sur ce
dernier. Et c’est normal les bons fils écoutent
leurs mères. Encore ces belles-mères
insupportables qui mettent leurs nez dans des
affaires de couple que Dieu le très haut nous en
préserve. Cette belle mère c’est Korotoumou. Oui
encore elle qui conspire et complote contre Awa.
Oui encore elle qui insuffle des idées noires à
son fils. Oui encore elle qui lui parle de polygamie
alors qu’elle-même à son tour luttait contre. Oui
toujours elle qui semble venir à point nommé pour
empêcher Awa de nager dans son marigot de
bonheur. Je le disais ce qui préfigure était
mauvais et Awa tel un devin voyait également
venir ce mauvais présage. Comment y remédier ?
se disait-elle ou devrait-elle plutôt dire
comment guérir d’un mal méconnu ? Une seule solution, tirer les vers du nez. Oui récupérons
des informations chez ce Kassim se disait-elle.
Une fois le soleil ayant troqué son manteau
éclairé pour celui de la nuit sombre Awa entama
la discussion.
- Mon cher et tendre époux qu’est-ce qui ne va
pas, t’ai-je causé du tort ?
- Non Awa tu ne m’as rien fais stipula kassim
- Aide-moi à trouver une solution à notre
problème
- De quel problème parles-tu ?
- Du fait que cela fera bientôt six ans que nous
sommes mariés et toujours sans enfant. Ce
vide ne te trouble-t-il pas ?
- Oh ! non détrompe toi cela m’inquiète solution, tirer les vers du nez. Oui récupérons
des informations chez ce Kassim se disait-elle.
Une fois le soleil ayant troqué son manteau
éclairé pour celui de la nuit sombre Awa entama
la discussion.
- Mon cher et tendre époux qu’est-ce qui ne va
pas, t’ai-je causé du tort ?
- Non Awa tu ne m’as rien fais stipula kassim
- Aide-moi à trouver une solution à notre
problème
- De quel problème parles-tu ?
- Du fait que cela fera bientôt six ans que nous
sommes mariés et toujours sans enfant. Ce
vide ne te trouble-t-il pas ?
- Oh ! non détrompe toi cela m’inquiète bien
plus que tu ne le pense
- Alors pourquoi ne fais-tu rien ?
- Parce que ma mère se charge de tous
- Ta mère ? Que vient-elle chercher dans
notre vie de couple ? Quelle est donc son
fameux remède pour nous ?
- Tu tiens vraiment à le savoir ?
- Bien sûr que oui puisque je viens à peine de
te le demander ?
- Dans ce cas je vais satisfaire ta curiosité. Ma
mère veut que je prenne une seconde épouse
- Et tu comptes réellement le faire ?
- Oui puisque c’est ma mère qui me la enjoint
A la suite de ces paroles ce fut la goutte d’eau
de trop qui fit déborder le vase, Awa fondit en
larme. Eh oui ! C’est bien triste tout ça. Triste de
voir que ces hommes clamant si haut et fort leur
- Tu tiens vraiment à le savoir ?
- Bien sûr que oui puisque je viens à peine de
te le demander ?
- Dans ce cas je vais satisfaire ta curiosité. Ma
mère veut que je prenne une seconde épouse
- Et tu comptes réellement le faire ?
- Oui puisque c’est ma mère qui me la enjoint
A la suite de ces paroles ce fut la goutte d’eau
de trop qui fit déborder le vase, Awa fondit en
larme. Eh oui ! C’est bien triste tout ça. Triste de
voir que ces hommes clamant si haut et fort leur statut de chef irréfragable ne seraient qu’en
réalité des pantins de leurs mères qui exécutent
à la lettre les directives de leurs dudit
génitrices. Eh bien, Dans une telle conjoncture la
rébellion s’impose. Néanmoins, une rébellion à
coloration tragique mettant en scène la lutte
d’une femme faible et seule confrontée à une
véritable légion romaine que constitue l’islam, ses
prescriptions divines et ses croyants qui font
office de soldat. Dans de telles conditions la
guerre semble perdue d’avance. Que faire pour
endiguer le véritable fléau qu’est la polygamie si
Allah lui-même le tout puissant l’approuve ? Sinon
rien à faire. Une unique solution s’impose.
Laquelle ? Enfanter. Dans le cas contraire elle
pouvait faire ses adieux à sa tranquillité et à son
amour unique. Les jours passaient, le poids de la
menace s’amplifiait. Awa ne pouvait que prier afin
qu’Allah le tout puissant prenne pitié d’elle et lui
vienne en aide. La prière, l’arme des croyants,
elle si pourtant efficace ne changeait rien au
quotidien d’Awa. La méchanceté des hommes, la
société qui critique et n’apporte aucune panacée.
Toujours cette société qui traite de ventre
cimetière et de sorcière les femmes qui ont du
mal à donner la vie sans même connaitre le degré
du désir qu’elles éprouvent d’enfanter. Ah je les
plains ! Ils ne savent pas et parle pourtant. Cette
société nuisible qui remue le couteau dans la plaie
avec ses réprimandes infâmes. Et de ces
critiques honteuses Awa en avait marre. Il était
enfin tant d’agir car les prières étaient veines.
Elle tenta également la médecine traditionnelle
et les potions magiques. Cependant, elle ne
sentait toujours pas la graine germer en elle.
Après plusieurs semaines d’essaies en vain, Awa
décida unilatéralement de se rendre chez Ankaramoko le marabout du quartier en vue de
trouver un palliatif à son mal. Alors, pouvait-elle
aller seule dans un endroit qu’elle n’eut pas
l’habitude de fréquenter ? Impossible !
Cependant, son foyer était menacé il fallait donc
qu’elle le fasse. À qui se confier ? A personne.
Oui personne ne l’aimait ! Se disait-elle. Elle était
devenue paranoïaque et ne pouvait faire
confiance. Quant aux femmes du quartier, elle
les percevait toutes comme des rivales, des
vautours guettant la moindre erreur de sa part
pour s’emparer de son chaleureux foyer qu’elle
avait construit avec beaucoup d’énergies et de
patience. Pas question ! Se disait-elle. Non !
Non et non ! Elle ne pouvait se laisser faire. De
cette pensée, elle s’arma de courage et se mit en
route. Sa destination ? Ankaramoko le marabout
du quartier.
Une fois arrivée chez ce dernier, la peur
s’empara d’elle puis elle entendit une voix grave
>. Cette voix si
étrangère et familière à la fois ! Ce fut le
trouble dans son esprit. Elle entra enfin dans le
temple sacret, la demeure des djinns. Là où ses
souffrances s’achèveront enfin.
- Assieds-toi ma fille affirma Ankaramoko
- Merci grand marabout !
- Je connais déjà le motif de ta présence les
génies. Les génies m’avaient déjà averti.
- Est-ce pour cela que vous connaissiez mon
nom ?
- Certes, mais j’ai aussi entendu parler de toi
je connais ton mal
- Ankaramoko par pitié aidez moi
A la suite de ces dires, le marabout sorti les
cauris et les jeta à même le sol. Puis d’une
manière concentrer se donna aux interprétations
- Ce cauris isolé c’est toi Awa
- Moi !
- Oui toi, et les quatre autres réunis c’est ton
mari, ta future coépouse, leur enfant et ta
belle mère
- Eh ! Allah pourquoi moi ?
Elle fondit à nouveau en larme face à la nouvelle
terrible qu’Ankaramoko venait de lui prédire.
Oh ! Misère, la vie est donc faite ainsi, pauvre
Awa on aurait mal à sa place. Que c’est triste le
destin qui lui était réservé.
- Ankaramoko combien de temps me reste-t-il
avant que ma coépouse ne vienne s’installer
dans ma demeure ?
D’un air soucieux, le marabout repris ses cauris
et les jeta à nouveau contre le sol
- Cette venue ne saurait tarder.
- Alors le temps presse Ankaramoko qu’elle
est donc la solution à mon problème
- Tu dois faire des sacrifices
- Ankaramoko tous ce que tu veux je suis prête
à tous et même à mettre les bouchés doubles
s’il le faudrait pour enfanter et sauvegarder
mon foyer.
Ah ! Il est facile de promettre quand on ne sait
pas à quoi s’attendre. Comme on le dit c’est au
pied du mur que l’on reconnait le vrai maçon.
- Tu as l’air si déterminé que les génies ne
sauraient te laisser tomber. - Ankaramoko remercie les de ma part
- Les génies demandent un mouton et trois
coqs dont deux blancs et un roux à cela il
faudrait ajouter une modique somme de dix
mille pour la consultation. Une fois que tu
réuniras les éléments demandés par les
génies reviens afin que nous achevions le
sacrifice
- Ankaramoko c’est compris dites aux génies de
me donner tout au plus 3 jours et je serai de
retour avec tout ce qu’ils m’ont demandé. Sur
ce je vais demander la route.
Lui dit-elle d’un air confiant. Pourtant le coût du
sacrifice n’était pas si médiocre, mais elle était
décidée à en finir avec cette histoire. Oui son
mal ne subsisterait plus jamais. Elle serait
soustraite de la caste des ventres secs car elle
allait bientôt donner la vie et rien qu’à y penser
son cœur s’emplissait de joie.
- Vas en paix ma fille sous la protection des
dieux !
- Merci Ankaramoko !
C’est ainsi, avec la joie au cœur et surtout
soulagée que notre chère Awa pris congé du
marabout peut-être salvateur.
De retour chez elle Awa s’empressa d’ouvrir son
coffre et de prendre de l’argent pour les
emplettes sacrificielles. Ah ce coffre lui qui
avait abrité pendant de nombreuses années
toutes les économies d’Awa. En effet c’était
l’argent de son commerce qu’elle gardait
précieusement pour des cas d’urgence et des
imprévus. Mais donner naissance n’était-il pas plus urgent que la maladie pour Awa ? Si puisque
donner naissance c’était son mal. Et le mal dont
elle souffrait serait bientôt terminé. Elle ne
pouvait s’empêcher de chanter et de manifester
sa joie. Ce cher Kassim ne comprenait plus rien.
Qu’est-ce qu’elle manigançait ? se demandait-il.
Il y a à peine moins de vingt-quatre heures cette
dernière le boudait parce qu’il l’avait trahi. Il
voulait une autre femme alors qu’il en avait déjà
une. Et pas n’importe laquelle c’était la belle Awa.
Capable de satisfaire à la fois ses désirs sexuels
et ceux d’ordre matériels. Elle l’assistait et
l’aidait. Elle le respectait, lui était soumise en
plus de lui être fidèle. Ah ! Une femme pareille
c’était un cadeau du ciel, une bénédiction de
Dieu. Alors il se demandait pourquoi le tout
puissant avait-il empoisonné le beau cadeau qu’il
lui avait lui-même donné ? Pourquoi prives-tu
Allah une si belle femme du don de
l’enfantement ? Ses questions restaient sans
réponses et il en souffrait énormément.
Cependant, il avait lui aussi besoin d’une
descendance, il nourrissait également le désir de
la paternité. Il n’était donc pas susceptible de
réfuter ce bonheur pour l’amour. Il n’en n’était
pas question. Awa l’avait pourtant vu et ignoré
elle ne lui parlait presque plus il était devenu son
ennemi. Elle se dépêchait de compter son argent.
- Cent mille, deux-cent-vingt-mille, trois-cent
dix mille.
Et voilà, plus rien, même plus un radis c’était
tout son fond mais pour ce sacrifice elle était
prête à tout et elle le faisait avec le sourire en plus.
- Où vas-tu avec tout cet argent ?
- Puisque tu ne voulais pas m’aider et que tu
tenais tant à satisfaire ton désir de polygamie
j’ai dû prendre les choses en main. Je vais régler
ce problème moi-même.
- C’est donc avec de l’argent que se règle les
problèmes de stérilités ?
- Qui stérile ! Qui traites-tu de stérile ? Es-tu
tombé sur la tête ? Qu’est ce qui ne va pas chez
toi ? Tu veux gâcher ma joie c’est cela. Jusqu’à
preuve du contraire aucune médecine ne m’a
déclaré le statut de stérilité. Ce serait plutôt toi
qui sois impuissant.
Face à ces mots si méchants Kassim préféra
garder le silence pour éviter le c*****e. De
toutes les façons il l’avait bien mérité. Car si ce
que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence
il vaudrait mieux que tu te taises. Après avoir
fini de déverser son venin sur sa victime comme
une véritable vipère, cette dernière se retira de
la pièce. Sa nouvelle destination le grand marché.
- Taxi ! taxi ! conduis-moi au grand marché
Une fois dans la voiture les remords
envahissaient son esprit. Après plus de cinq ans
de mariage c’était la toute première fois qu’elle
lui manquait de respect. Pourtant la question de
Kassim était normale. Et en plus elle l’aimait
toujours c’était son prince charmant. Tout d’un
coup le film de leur rencontre défila dans sa tête
comme la b***e d’annonce d’un film au cinéma.
Ah ! Ce fameux jour où kassim accompagné de
ses oncles était venu chez elle pour demander sa
main. Il était si beau, si élégant. Dès qu’elle l’eut
vu, ce fut le coup de foudre. Il lui plaisait déjà.
Elle était prête à tout laisser, tout abandonner pour le suivre. Mais son rêve fut brusquement
taire par le chauffeur de taxi qui criait >. Enfin ! disaitelle
- Combien je te dois
- Deux- cents
Awa donna donc au chauffeur ce qu’elle lui devait
et descendit du taxi.
Le grand marché se trouvait là devant elle. Elle
était joyeuse et n’en revenait pas parce qu’elle
était à deux doigts de son bonheur. Le grand
marché ou devrais-je dire la grande pharmacie,
puisqu’il abritait l’antidote de son mal. Et il se
trouvait là, sous ses yeux. Ce marché comme son
nom l’indique était vraiment immense et
partitionné en plusieurs secteurs. Il grouillait de
monde de sorte à rendre la circulation dense. Les
épices diverses du marché offraient des couleurs
chatoyantes et agréables à admirer. De bonnes
odeurs, ils n’y en avaient partout de sorte à
distraire Awa. Mais elle garda la tête sur les
épaules. Elle entra dans le marché et s’approcha
du secteur de la volaille. De grandes caisses
contenant toute sorte de volatile : des pigeons,
des moineaux, des pintades, des dindons, des
perroquets, des calaos, des poulets etc…
- S’il vous plait ! Combien coûte ce coq roux ?
- Trois-mille–cinq-cents
- D’accord je le veux ainsi que ces deux coqs
blancs là-bas
- Ça vous fera dix-mille-cinq-cents pour ces
trois coqs
- Tiens, voici ton argent
Merci madame à la prochaine
Après avoir acheté les coqs, il ne lui restait plus
que le mouton. Elle se dirigea donc vers le
secteur des bovins. Après trois minutes de
marche, elle arriva enfin.
- Assalamou aleykoum !
- Waleykoum salam !
- S’ il vous plait ! Combien coûte ce mouton làbas ?
- Trois-cent-vingt-mille
- S’il vous plait je n’ai que deux-cent-mille
- Ah désolé madame dans ce cas ce ne sera pas
possible notre mouton est bien trop dodu
pour un prix pareil, montez un peu s’il vous
plait
- D’accord deux-cent-soixante-mille, cela vous
convient-il ?
- Pas véritablement, veuillez augmenter encore
un peu plus madame
- On ne sait jamais je pourrai bien venir une
prochaine fois pour un achat futur alors
soyez clément et surtout indulgent !
- Deux-cent-quatre-vingt-mille madame et il
est à vous et en guise de remerciement on
vous le livrera à domicile.
- D’accord c’est une très bonne offre cela
m’agrée parfaitement. Cependant, pouvezvous directement le livrer à cette adresse ?
Awa leur tendit un bout de papier sur lequel était
inscrite l’adresse d’Ankaramoko le marabout du
quartier.
- Pas de souci madame se sera fait.
Après avoir remis l’adresse du marabout au
vendeur Awa rentra chez elle toute heureuse.
Le soleil ayant troqué son manteau éclairé pour
celui de la nuit sombre, le couple alla donc se
coucher. Il était à présent le moment opportun
pour Kassim de mettre les pendules à l’heure. Il
s’adressa donc à sa femme.
- Awa qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Que
manigances-tu encore ? Ces derniers temps
tu es devenu étrange. Tu ne t’occupe plus de
rien à la maison, tu t’absente presque toute
une journée sans que je ne sache où tu vas.
Tu ne m’as pas fait à manger aujourd’hui,
alors que tu sais très bien que je suis de
garde pour cette nuit. Est-ce donc cela ton
plan ? me faire mourir de chagrin,
d’inquiétude et de faim ?
- Mon cher époux je suis sincèrement désolé !
Cependant, si j’ai agi ainsi ces derniers temps
comme tu l’as si bien constaté ! C’est en
majeur parti de la faute à toi et ta mère. A
quoi t’attendais-tu lorsque tu décides avec ta
mère de prendre une seconde femme parce
que je n’arrive pas à enfanter ! C’est méchant
de ta part.
- Dans ce cas penses-tu qu’en agissant ainsi tu
m’empêcheras de prendre une seconde
épouse ? écoute moi bien ma très chère ! Je
suis un homme j’ai besoin d’un héritier pour
assurer ma lignée et je ne serai pas prêt à
sacrifier cette aspiration pour le maintien
d’une compagne en plus la polygamie n’est
point interdite ! Et plus qu’un droit c’est un
remède pour notre situation.
- La polygamie tu dis ! C’est un mot que toute
femme islamique au monde aimerait
déchiqueter en mille morceaux. Oui cette
polygamie qui rend les femmes malheureuses !
Cette polygamie qui détruit les familles, qui
fait naître la haine, qui attise l’hostilité et
qui constitue une véritable source de
pauvreté ! Cette polygamie nous devons la
jeter aux mouches. Se soustraire d’elle et la
retirer du coran si possible ! Cette polygamie
dont tu parles tant, c’est une erreur de Dieu
de l’avoir permis aux hommes.
- La stérilité aussi !
- Voilà que tu recommence !
Lui disait-elle avec le sourire aux lèvres. Elle
voyait très bien qu’il plaisantait. Voyant la
véracité des dires d’Awa, il voulait l’empêcher de
continuer, de peur qu’elle ne blasphème. Et cela
Awa l’avait bien compris. Elle rétorqua
également par un sourire narquois et se jeta dans
ces bras.
- Mon chéri, j’ai peut-être trouvé la solution à
notre problème
- Ah bon ! Et qu’elle est donc cette fameuse
solution ?
- Je suis allé chez Ankaramoko le marabout du
quartier qui m’a demandé de faire un
sacrifice.
- Je comprends maintenant. Mais pourquoi ne
m’en as-tu pas parler ?
- Parce que tu ne me soutenais pas tu étais si
obsédé par ta seconde épouse.
- Et qu’a-t-il demandé ?
- Un mouton et trois coqs.
- Mais c’est énorme ma très cher épouse !
- J’en suis parfaitement consciente ! Mais le
jeu en vaut la chandelle.
- Et tu crois vraiment que cela fonctionnera et
guérira notre mal ?
- Oui mon mari j’ai la foi
- Quelle conviction ! Et bien dans ce cas si ce
marabout réussi effectivement à soigner
notre plaie ! Je lui serais infiniment
reconnaissant. Pour le moment, ménageons un
peu nos forces car je travaille dans deux
heures et toi tu as un sacrifice à accomplir
demain.
Sur ce, notre charmant couple s’assoupit
profondément.