Chapitre17

1221 Mots
Un silence m’enveloppa, me laissant figée, incapable de réagir aux mots qu’il venait de prononcer. Il avait ce côté énigmatique qui me déconcertait sans cesse. Pourquoi ne pouvait-il jamais exprimer les choses de manière simple et directe ? Chaque phrase semblait receler une signification cachée, et j’étais parfois perdue dans ses intentions. Ce qui me surprenait le plus chez lui, c’était son incapacité à lire dans mes pensées. Contrairement à ce que j’avais imaginé, il ne devinait pas mes émotions à demi-mot. Pourtant, il saisissait toujours le sens de mes paroles, même lorsque je m’exprimais de façon confuse. Je me demandais si, au fond, il comprenait réellement que mes références au lion me concernaient lui. L’angoisse me tenaillait à l’approche de la soirée à venir. J’allais être présentée à tous les loups-garous, et l’idée qu’ils puissent me rejeter me rendait nerveuse. Après tout, je n’étais qu’une humaine. Il m’avait assurée que je n’avais qu’à être là, que rien ne m’était demandé d’autre. Était-il vraiment sincère ? J’ai choisi de le croire, pour ce soir du moins. Je m’allongeai sur le lit, mon esprit tourné vers ma survie et les jours à venir. Même si je passais indemne cette soirée, de nouvelles épreuves m’attendaient. Dans deux jours à peine, j’allais l’épouser, tout juste à mes dix-huit ans. Jamais je n’avais imaginé un mariage si précoce ; en vérité, je n’avais jamais envisagé le mariage, convaincue qu’un jour, Père ou Draven mettraient fin à mes jours. Mais le destin avait décidé autrement. Puisque j’étais encore en vie, le mariage devenait inévitable. Étrangement, l’idée de l’épouser ne me paraissait pas insupportable. Il était beau, parfait, attentif et bienveillant à mon égard. Cependant, une part de mystère en lui continuait de m’effrayer. Malgré tout, son respect et sa douceur me permettaient d’accepter cet homme tel qu’il était, espérant qu’un jour je comprendrais ses mots énigmatiques et la profondeur de ses pensées. Je songeai à Max et à la jalousie qu’il aurait éprouvée face à tout ce luxe. J’aurais aimé qu’il partage ce moment avec moi, mais une autre part de moi ressentait de l’agacement envers lui. Il aurait pu mettre fin à notre tourment, ou au moins tenter quelque chose en se rendant à la police. Même lorsque j’avais essayé, il m’avait arrêtée, affirmant que cela détruirait nos vies. Comme si elles n’étaient pas déjà en lambeaux ! Le bruit de la porte qui s’ouvrait me fit sursauter. Démétrius m’avait assuré qu’il ne viendrait que ce soir. Je me redressai, curieuse de savoir qui venait troubler le silence. À ma grande surprise, c’était Evelyn, la sœur de Démétrius. Elle possédait la même beauté que leur mère, éclatante et élégante. Elle s’assit à côté de moi avec un sourire chaleureux. « Je pars après ton mariage. Peut-être n’aurons-nous pas beaucoup de temps pour parler, alors je me suis dit que c’était l’occasion idéale. Tu dormais ? » demanda-t-elle. « Non, je me reposais simplement », répondis-je. « Fatiguée ? » « Un peu », répondis-je en riant légèrement. « Démétrius m’a fait visiter le château. Ça m’a un peu fatiguée, mais pas tant que ça. » « Il t’a tout montré ? » « Presque. Sauf le toit, qu’il m’a promis de me faire découvrir plus tard. » « Et son bureau, tu y es allée ? » « Oui. C’est magnifique. » « Il y passe énormément de temps. Il aime la solitude. » « Il me l’a dit. J’ai le droit d’y aller quand je veux. » Evelyn sembla surprise. « Vraiment ? Il ne laisse jamais personne y entrer sans raison. Parfois maman, mais pas toujours. Quand il est de mauvaise humeur, tout le monde le craint. » « Vraiment ? » murmurai-je. « Il se met souvent en colère ? » « Quand c’est le cas, oui, c’est impressionnant. Mais il ne te fera pas de mal. Il tient énormément à toi. C’est évident quand il te regarde ou parle de toi. » « Il parle de moi ? » m’étonnai-je. Pourquoi aurait-il la moindre raison de parler de moi ? « Il garde beaucoup de choses pour lui, mais il nous a parlé de toi il y a deux mois, quand Oncle Victor lui a proposé d’épouser une princesse. Il a refusé, affirmant qu’il t’avait déjà choisie comme reine. » Alors il disait la vérité depuis le début. Il me connaissait depuis longtemps. Mais me surveillait-il ? Comment me voyait-il ? Sa sœur semblait ignorer ces détails, et je choisis de ne pas creuser davantage. « Je ne le connaissais pas à l’époque », répondis-je. « Il a dit que tu l’avais rencontré hier seulement, quand il t’a amenée ici », ajouta-t-elle. « Oui. » « Puis-je te demander quelque chose, Blue ? » « Bien sûr. » « Ne lui parle pas de ça », dit-elle. « Promis, je ne le ferai pas. » « Alors, t’a-t-il forcée à venir avec lui ? » Je réfléchis un instant. Non, cette fois, je n’avais pas fui. Il savait ce que je voulais, m’avait assuré protection et sécurité, et il aurait peut-être insisté si j’avais tenté de m’échapper. Mais je ne l’ai pas fait. « Non, je suis venue de mon plein gré », répondis-je. « Mais pourquoi ? Pourquoi partir avec un inconnu ? » Je ne pouvais pas lui raconter ma famille, ni ce qu’ils m’avaient infligé. Tout ce que je désirais, c’était fuir cette vie. Et si cela impliquait de partir avec un inconnu, je le ferais. « C’est notre secret », murmurai-je. « J’aimerais qu’il le reste. » « Comme tu veux. Mais tu peux me faire confiance et me considérer comme une sœur. » « Je sais, Evelyn. Je veux juste préserver nos secrets », répondis-je avec un sourire. « Alors… vous avez fait quelque chose, toi et lui ? » Je rougis immédiatement. « Non, rien. » Sa question fit naître en moi des pensées que je n’osais reconnaître. La simple idée de me retrouver dans ses bras, de l’embrasser… me terrifiait et m’attirait à la fois. Il m’avait embrassée sur le front et frôlé l’oreille de ses lèvres, jamais les miennes. Mais sa proximité suffisait à me troubler. « Et toi, où pars-tu ? » « Merrick et moi partons en voyage, Ava nous accompagne cette fois. Nous reviendrons dans six mois, puis repartirons encore. » « Démétrius a dit que vous aimiez voyager. » « Oui, c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés, à une cascade. Puis nous avons voyagé ensemble, et ça a créé une connexion. Voilà cinq ans que nous sommes toujours aussi amoureux. » « J’espère avoir une famille comme celle-ci un jour. » Evelyn me sourit avec tendresse. « Blue, tu en as déjà une. Mon frère tient à toi plus qu’à quiconque. Il te protégera contre tout et personne ne pourra s’interposer. » « S’il y avait un danger et qu’il ne pouvait sauver qu’une personne, il te choisirait sans hésiter. Pourquoi ? Parce qu’il te désire. Les loups ont faim, Blue, et les Alphas encore plus. » Il obtient ce qu’il veut et protège jalousement son précieux trésor. Mon frère peut sembler intimidant, mais pour toi, il est doux et attentif. Il te donnera le monde entier, à condition que tu restes à ses côtés, fidèle et confiante.
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