Le lendemain, Kaia arriva au cabinet du Docteur Chase, elle était impatiente à l’idée de le revoir, ne le voyant pas après avoir frappé à la porte et regarder au travers des carreaux, elle resta un instant, l'attendant assise sur les marches du porche, puis elle se dirigea vers la porte, tentant de l’ouvrir, par chance elle n’était pas verrouillée et décida d’entrer afin de faire son travail.
Elle se dirigea vers une vitrine, là se trouvaient bon nombre de fioles, et de livres, en désordre. Elle entama alors de tout ranger en l'attendant. Il arriva au bout d'une heure avec à son bras une jeune femme brune aux yeux bleus, de toute évidence ils devaient avoir passé du temps ensemble car elle ne semblait pas malade. Voyant Kaia, il s'arrêta de sourire à la jeune femme, et prit alors conscience qu’il avait perdu toute notion du temps.
Il avait accepté ce rendez-vous pour justement ne plus penser à Kaia, la jeune femme l’obsédait et il voulait avoir les idées claires et ne plus penser à elle, chose qu’il avait réussi, vu qu’il avait oublier qu’elle devait venir l’aider.
"Kaia, je suis désolé j'avais oublié que vous deviez venir !"
A son grand étonnement il se sentait vraiment mal, et il était gêné d’avoir Clarissa à son bras. Il était sur qu’elle allait penser qu’il avait passer du temps avec elle, à raison car il l’avait vraiment fait. Mais de voir son regard à ce moment précis, ce regard triste de le voir avec cette femme. Jamais de sa vie il avait ressenti ce besoin de prendre une personne dans ses bras pour lui dire que ce qu’elle voyait n’était pas ce qu’elle croyait, bien au contraire, que c’était un acte détourné pour ne pas penser à elle autant qu’il pouvait bien le faire.
Kaia prit une grande inspiration, tentant de contenir le flot d’émotion qui venait de l’envahir.
"ce n'est pas grave, je vous aie rangé la vitrine en attendant, comme la porte était ouverte, je me suis dit que cela ne vous dérangerait pas que je travaille pendant votre absence. Je dois y aller j'ai des corvées à finir, bonsoir !"
Prenant ses affaires elle quitta le cabinet rapidement, elle ne voulait pas se l'avouer, mais elle était en train de tomber elle aussi sous le charme du nouveau médecin de la ville, et de le voir avec elle, cela lui faisait du mal, bien plus qu'elle ne l'aurait cru possible. Les larmes commençaient à couler le long de ses joues, sans qu'elle ne s'en rende compte, courant rapidement vers sa maison.
Au cabinet du Dr Chase, Elijah avait congédié la jeune femme, impuissant devant la détresse de la jeune fille, il était droit devant cette vitrine, rangée avec une classification impressionnante, elle avait tout organisé, de manière méthodique, prenant beaucoup de soin, ayant même nettoyer certains livres qui étaient assez anciens. Le remord se faisait sentir, pourquoi, il ne le savait pas, ou plutôt il ne voulait pas se l’avouer. Il était attiré par elle, bien plus qu’il ne le devrait, mais elle était bien jeune, trop jeune pour lui. De plus son style de vie ne correspondait pas avec une vie bien rangée, son secret ne lui permettait pas d'avoir une vie normale. S’il avait pu, il aurait hurlé sa frustration, il se trouvait dans une situation bien délicate, de plus, il était l’attraction du village, toutes les jeunes femmes voulaient être à son bras, et lui ne voyait qu’elle.
Kaia fut stoppée sur le chemin du retour, un homme lui faisait face, c'était Hank, le propriétaire du Saloon, un homme grand d'une trentaine d'année, cheveux long châtains, un regard furieux, un des "prétendants" de la jeune femme. Il la regarda, voyant ses larmes. Elle était excédée, elle n’avait pas besoin d’une scène supplémentaire aujourd’hui, son cœur avait bien assez souffert en peu de temps.
"qu'est-ce que tu as ?"
Lui demanda t’il se fixant devant elle, la regardant de toute sa hauteur, il avait dans le regard cette lueur perverse qui faisait de lui un danger pour toute femme un tant soit peu jeune et jolie dans cette petite bourgade.
"rien, ôte-toi de mon chemin je veux rentrer !"
Elle tenta de le contourner mais il se mit une fois de plus en travers de sa route, elle se sentit alors prise au piège et la peur commençait à prendre le pas sur la peine qu’elle ressentait il y a un instant.
Pour Hank, Kaia serait d’une manière ou d’une autre sa femme, d’une manière ou d’une autre il aurait le pouvoir sur elle, sur tout son être. C’est ce qui alimentait le plus la peur que Kaia ressentait à ce moment précis.
"c'est ton toubib, c'est ça, il a fait quelque chose de mal ?"
Kaia ferma les yeux, tentant de garder le contrôle sur ses émotions, elle le regarda alors droit dans les yeux, essayant une fois de plus de lui faire comprendre les choses, clairement. Elle ne voulait pas le laisser gagner et lire la peur qui la paralysait.
"Hank, ma vie ne te concerne pas !"
Elle tenta une fois de plus de fuir cette situation, mais il l’en empêcha encore une fois, un peu plus brusquement, la repoussant en arrière de deux pas.
"oh que si car c'est moi que tu vas épouser et personne d'autre !"
Kaia trembla quand elle entendit ses mots, elle s’était promise de ne jamais épouser cet homme, et s’il le fallait, elle se tuerait avant. Il était hors de question pour elle qu’il la touche et ait un quelconque droit sur elle.
"j'ai dit non !"
Visiblement, il avait eu le bras lourd sur la bouteille, une fois de plus, il s'approcha d'elle, dans ces cas-là, un refus lui était intolérable. Kaia se recula, elle le savait, il pouvait se montrer assez dur, raison pour laquelle son père n'avait pas autorisé cette union, elle était contre, elle aussi. Mais jamais elle n’avait eu à l’affronter seule quand il était dans cet état.
"Hank, retourne dans ton saloon !"
Il se mit à sourire, ses dents en mauvais état et l’alcool qu’il émanait de son haleine étaient perceptible par la jeune fille qui commençait à se demander s’il ne serait pas mieux d’hurler afin qu’on lui vienne en aide.
"non pas sans toi!"
Kaia se sentait de moins en moins confiante, son regard n'était pas habituel, et elle en venait à craindre pour sa vie. Il était tout près d'elle, et posa sa main sur son épaule, contacte qu'elle n'apprécia pas du tout. Elle tenta de repousser sa main, mais il la serrait assez fermement, assez pour qu’elle n’ai pas le force de le repousser.
"Hank lâche moi, sinon ...."
"sinon quoi ?"
Il avait approché son visage tout prés du sien, Kaia commençait à avoir des hauts le cœur. La proximité avec cet homme lui donnait la nausée.
"Lâchez là !"
Ces mots salvateur, lui donnèrent un peu d’air, elle n’était plus seule face à lui et se sentait un peu mieux, elle remerciait le ciel pour cette aide qui arrivait à temps.
Hank se tourna vers la personne qui venait de dire cela, Kaia elle l'avait reconnu sans mal, elle se sentit alors soulagée quand il la lâcha pour se tourner vers lui, elle hésita à partir en courant, mais elle se ravisa, sachant Elijah aux prises avec Hank.
"Tiens le toubib, quand on parle du loup !"
Elijah esquissa un sourire, situation bien comique pour lui. Hank se rapprochait de lui dangereusement, menaçant, et titubant sous l’effet encore présent de la grande quantité d’alcool absorbée. Elijah opta pour une négociation à l'amiable, si tant est que cela était possible.
"Laissez cette jeune femme, elle vous l'a dit, elle ne veut pas de vous !"
Hank se mit à rire, il poussa Elijah au niveau des épaules, qui fit quelques pas en arrière. Kaia s'approcha d'eux, tentant de calmer le jeu. Elle ne voulait pas que Elijah soit blessé, encore moins à cause d'elle. Elle était touchée qu’il soit là pour la protéger, mais elle ne voulait pas être la cause d’une éventuelle blessure qui le ferait souffrir.
"Hank laisse le ! Il veut seulement m’aider !"
Il la regarda, elle fit un pas en arrière toujours tiraillée par cette peur qu’il lui procurait d’un simple regard, puis regarda Elijah.
"C'est ça, en fait c'est lui que tu veux !"
Les battements de cœur de Kaia se firent bien plus rapide d'un coup, elle avait du mal à contenir la panique qui venait de l’envahir et le regard d’Elijah sur elle ne l’aidait pas à reprendre consistance. Elijah esquissa un sourire, comprenant la raison de cette réaction physique, puis regarda Hank souhaitant mettre un terme à cette discussion.
"Quand bien même, cela ne vous regarde en aucun cas, alors veuillez vous en aller !"