Je l’ai revu une dernière fois en 17, c’était en juillet. Il était un peu plus loquace sur ce qui se passait autour de lui. Il s’asseyait là, tu vois, et regardait ses pieds tout en racontant des faits sur un ton monocorde. Les tranchées, la boue, les rats qui dévorent les cadavres sont des faits relatés avec un détachement et une dureté qui me donnaient froid dans le dos. Il était, disait-il, blindé, endurci, il ne pouvait plus éprouver un quelconque sentiment de compassion envers ses congénères. Au soir, il s’étonnait d’être toujours là, vivant. Ici, il ne pouvait plus dormir dans un lit, il en avait perdu l’habitude ; aussi il ne dormait qu’enroulé dans une couverture devant le poêle de la chambre. Ces nuits n’étaient que cris, râles et cauchemars. Un peu plus tard, en octobre, je cro


