Malgré ces lourdes interrogations qui tourbillonnaient de plus en plus fréquemment dans sa tête, la jeune australienne lui posa cependant une autre question par peur de paraître trop incertaine de lui parce à vrai dire, aussi fragile que soit leur relation, elle était basée sur la confiance. Elle connaissait les conditions et les conséquences dès le départ et elle s'était tout de même lancée dedans la tête la première. Alors pourquoi douter maintenant et faire des scènes ? Peut-être tirait-elle des conclusions trop hâtives et que Hakim avait juste des soucis de travail.
– J'espère que tu as faim parce que je vais préparer le dîner. Tu as envie de quelque chose en particulier ?
– Je te laisse choisir.
– Un ragoût, elle décréta d'emblée.
Il y avait de cela quelques mois, elle aurait rougi d'embarras en lui proposant un tel repas. Il fut même un temps où le voir se tenir debout dans son minuscule salon mal décoré avec des meubles bas de gammes aurait pu la faire mourir de honte. Aujourd'hui elle avait pris l'habitude même s'il se voyaient rarement tous les mois. Elle se leva et gambada joyeusement vers le frigo de la kitchenette ouverte qui permettait au souverain d'admirer sa maîtresse à l'œuvre. Elle l'ouvrit et y jeta un coup d'œil. Génial, il y avait des pommes de terre. Sinon elle aurait été contrainte d'appeler un pizzaïolo puisqu'il n'y avait rien d'autre pour constituer un autre repas solide. Or Hakim avait un excellent appétit sans pour autant manger comme un ogre. Dans la semaine il faudrait faire les courses.
– Laisse-moi voir... Tu préfères quelle viande ? Des cuisses de poulet ou du bifteck de bœuf halal ?
– Je préfère t'avoir toi.
– Idiot ! rit Bobbie en rougissant tout de même face à la lumière qui éclaira le fond du réfrigérateur. Désolée de te décevoir mais je ne suis pas au menu pour l'instant.
Si elle savait le nombre de gens qu'il avait détruit rien que pour avoir osé l'insulté ou le traité d'idiot. D'ailleurs seuls les plus fous s'étaient risqué à se dresser contre lui. Mais venant de Bobbie, il pouvait tout accepter, même qu'on lui retire son titre de noblesse et sa coiffe de Cheikh. Après tout, elle était là femme qu'il chérissait.
Au lieu de s'enflammer, il arborait un mince sourire en coin tout en admirant sa tenue d'intérieur qui se résumait en un débardeur blanc à fines bretelles rentrées dans une jupe fluide de couleur rouge lui arrivant un peu plus bas que les genoux. Elle était pieds nus et il trouvait ça sexy. Avant elle, il n'avait jamais su qu'il était un fétichiste des petits pieds féminins.
Profitant du fait qu'elle soit occupée à fouiller le frigo, il essaya de l'aider à ranger le désordre de jouet régnant sur le sol de la pièce déjà bien digne du plus bordélique des capharnaüms ou souk. Depuis qu'il connaissait Bobbie, il accomplissait des tâches que ses congénères auraient jugé indigne d'un Cheikh. Mais étrangement, il n'en avait absolument pas honte. Si c'était le cas, il ne se tiendrait même pas là. Il n'avait pas non plus honte de Bobbie. Il aurait voulu la présenter à son peuple mais la situation critique du Khayat ne le permettait pas encore. Bientôt, se promit-il. Lorsque tout serait réglé, il comptait refaire les choses de la bonne manière en lui révélant son identité, en lui demandant pardon et en l'amenant vivre dans son pays.
Il lui fallut vingt bonnes minutes pour venir à bout du bazar infernal. Quand ce fut fait, il réduisit la distance qui les séparait avant de l'enlacer par derrière. Il offrait le tableau du couple parfait. À présent elle était carrément de faire sa sauce de tomate. Les lèvres du Cheikh se déposèrent sur sa nuque gracile et dégagée par un chignon lâche et haut. Quelques mèches humides lui tombaient sensuellement sur le front et dans le cou. Elle était vraiment belle, une vraie déesse.
– Ça sent bon.
– Tu veux goûter ?
Elle souffla sur la cuillère en bois et tourna le cou pour l'approcha des lèvres de Hakim. Son intention première était d'éloigner malicieusement la cuillère une fois qu'il tenterait de goûter la préparation. Mais prise à son propre jeu, elle fut hypnotisée par ses lèvres entrain de recueillir un peu de sauce tomate.
– C'est délicieux mais il manque du piment, remarqua-t-il avant de se remettre à lui torturer délicatement la nuque.
– Je n'aime pas les mets épicés. Vous les arabes vous adorez ça parce que vous avez l'habitude.
Ses baisers tendres faisaient frissonner la jeune femme aux poils hérissés par la chair de poule qu'il provoquait sur l'entièreté de ses pores.
– Il va pourtant falloir que tu les aimes. Quand je t'emmènerai dans mon pays, je te ferai goûter aux mets les plus divins.
Elle frisonna en entendant cette douce promesse. Elle avait hâte alors, hâte qu'il lui fasse découvrir sa culture. Mais le plus divin des mets, elle l'avait déjà goûté et c'était lui. Elle ne sera jamais rassasiée de Hakim quoi qu'il arrive. Un large sourire étira ses lippes à cette pensée.
– J'en serai ravie. Maintenant on va laisser tout ça cuir sur feu doux et... Hakim arrête !
Il s'amusait à effleurer les tétons de ses seins nus sous le fragile débardeur. Ses tétons se dressèrent sous l'effet de l'excitation. Et Hakim ne cessait de la faire tressaillir au niveau de sa nuque. Il savait à quel point elle était sensible à cet endroit. À présent il en embrassant la peau à la senteur vanillée avec plus d'insistance et de façon appuyée. Son souffle brûlant s'écrasait contre la parcelle frissonnante. Bobbie avait de plus en plus chaud, surtout que l'érection de son homme commençait à poindre contre ses fesses. Hakim lui malaxait ouvertement les seins comme elle l'aimait : avec une fougue mêlé de langueur. Pourtant Bobbie joua hypocritement à celle qui voulait qu'il arrête. C'était un petit jeu entre eux et il s'y attendait.
– Arrête sinon on ne va jamais pouvoir dîner à temps !
– Je ne suis pas pressé de manger.
– Moi si.
Le souverain émit un rire de gorge. Elle se retourna pour le repousser mais oublia qu'elle tenant entre ses mains une spatule souillée de sauce tomate. Il recula de trois pas avec l'intention d'échapper à la catastrophe. Hélas ce fut inévitable. À présent des taches rouges et huileuses maculaient sa chemise hors de prix. Il baissa les yeux vers celles-ci et les reposa sur la brune hilare. Cependant son rire diminua d'intensité lorsqu'elle perçut une lueur dangereuse dans les yeux céladon enflammé par le désir accru malgré la situation.
– Tu veux vraiment jouer à ça habibti ? il susurra tout en s'approchant une fois de plus à pas de loup.
Bobbie qui avait cessé de rire depuis bien longtemps recula jusqu'à ce que son dos ne heurte le four. Hakim l'avait déjà rejointe. Il la prit par la taille et la plaqua contre son torse afin qu'elle ne se brûle pas par inadvertance avec la casserole chaude derrière elle. Le débardeur de la jeune femme fut lui aussi souillé par les traces salissant la tenue du brun mais ils s'en foutaient désormais. Cela aurait pu être la fin du monde, il n'aurait pas cessé de se dévorer du regard.
– Tu devrais pourtant savoir qu'il ne faut pas s'y risquer avec moi, il ajouta en éteignant le gaz à l'aveuglette.
Le mijotage de la sauce diminua aussitôt d'intensité jusqu'à s'arrêter. Leurs bouches entrouvertes étaient si proches mais ne se touchaient pas. Elles se cherchaient, celle de Hakim testait la patience de sa belle maîtresse qui ne cessait de la fixer avec envie. Elle voulait y goûter à nouveau mais lui, il voulait la faire languir pour mieux la rendre folle.
– Ha... kim... ! haleta la brune avec difficulté tandis que les lèvres de son seul et unique amant dévoraient amoureusement son cou en y laissant des traces rougeâtres qui n'allaient pas partir de sitôt.
Il se remit à pétrir ses seins parfaits pour les paumes de ses deux mains. Bobbie griffa les omoplates de son homme avec ses ongles et à travers sa chemise tout en s'accrochant désespérément à lui. Hakim dévia ses baisers jusqu'à sa poitrine qui se soulevait chaotiquement au rythme de sa respiration saccadée et hachée. Elle poussa un cri silencieux lorsqu'il attrapa un mamelon gonflé entre ses dents. Les mains de la jeune femme se perdirent dans sa chevelure sombre et tirèrent drument dessus sans pour autant lui faire mal. À travers la barrière du tissu, Bobbie sentit sa langue mouillée lécher tendrement l'une des deux petites protubérances roses et érogènes de son anatomie. Hakim passa à l'autre bulbe érectile et lui fit subir le même traitement de façon décuplée. Désormais la femme qu'il tenait dans ses bras couinait d'envie et même s'il n'y avait pas encore accès, il pouvait deviner à quel point elle était mouillée pour lui.
– Fais-moi l'amour, elle s'entendit le conjurer d'une voix qu'elle n'avait que lorsqu'il la caressait comme cela.
Cette prière instantanément fut aussitôt acceptée.
– J'en rêve habibti.
Ça faisait des semaines qu'il n'attendait que ça. Partager entre ses obligations de cheikh, ses soucis de dirigeant et ses voyages, il n'avait cessé de penser à elle. Il avait même cru perdre la raison. À présent il comptait bien rattraper le temps perdu. Hakim souleva alors sa maîtresse, celle-ci enroula les jambes autour de ses reins puissants et scella leurs lèvres en ayant les yeux clos. Elle sentit Hakim se déplacer et anticipa ce qui allait suivre. Son corps s'échauffa encore plus à cette idée.