Un Beta Avant un Alpha

Chapitre 4

"J'ai vu Alpha Nathan en venant ici. Il semble furieux. J'ai vraiment peur pour toi," ma mère dit en essuyant les larmes de mon visage.

"Je ne pouvais plus le supporter. Il a fait tout son possible pour me blesser, pour me faire sentir qu'il ne me voulait pas. Je ne peux plus vivre de cette façon," je sanglote.

"Je comprends complètement, chérie. Je ne m'attendais pas à ça. Je ne sais pas à quel point c'est sûr pour toi ici en ce moment," elle explique.

"Que va-t-il se passer maintenant que je l'ai rejeté ? Le lien de compagnon sera rompu ?" je demande.

"En majeure partie, pour toi en tout cas. À la prochaine pleine lune, il sera complètement rompu. Pour Nathan, il devra accepter ton rejet, et ensuite, à la prochaine pleine lune, il sera également complètement séparé de toi," elle explique.

"Ce n'est pas sûr pour toi ici, Lo. Tu dois t'éloigner d'ici. Au moins, pour un petit moment," ma mère explique, et je hoche la tête.

"Où dois-je aller ?"

"Je pense que je connais quelqu'un qui pourrait t'aider. Je travaillais pour elle. Tu te souviens que je parlais de Peggy ? Elle était comme une seconde mère pour moi, quand j'avais ton âge. Nous étions très proches. C'est une humaine, mais elle savait ce que j'étais. Nous étions si proches que je lui ai dit, et elle m'a acceptée. Je suis restée en contact par téléphone au fil des années," elle répond.

Je l'ai entendue mentionner Peggy auparavant. Elle sort son téléphone et commence à composer un numéro. J'entends un petit coup à la porte, et je suis soulagée de voir que c'est Julien et Sadie. Je les contacte par le lien mental au sujet de ce qui s'est passé ce soir pour ne pas interrompre l'appel de ma mère. C'est beaucoup à encaisser pour Sadie. Elle ne s'attendait pas à ce que je trouve mon compagnon, encore moins à ce que le rejette. Ma mère raccroche,

"Peggy a dit que tu pouvais rester avec elle. Elle possède un bar, et elle a dit qu'elle pourrait même avoir besoin d'une serveuse," elle dit. Je suis soulagée par cette révélation.

"Commence à préparer tes affaires ; c'est un long trajet. Il est 21 heures maintenant. Si tu pars dans une demi-heure, tu pourrais arriver vers 7 ou 8 heures si tu conduis sans t'arrêter."

Mon soulagement se transforme soudainement en panique. Puis-je vraiment faire ça ? Je n'ai pas le temps d'y penser, heureusement.

"Julien, descends chercher un jerrican d'essence et mets-le dans le coffre de la voiture de Lauren. Lauren pourrait avoir des difficultés à trouver une station-service en conduisant toute la nuit," elle fait une pause.

"Sadie, peux-tu courir à la cuisine et emballer des fruits et des collations avec de l'eau et des boissons énergétiques pour elle ?" ma mère demande. Sadie hoche la tête et s'en va.

"Tu fais tes valises ; je reviens dans quelques minutes," ma mère ordonne. Je me change en leggings et en pull confortable, puis je prends ma grande valise et mon petit bagage à main. Je mets tous mes produits de toilette et mon maquillage, mes appareils électroniques là-dedans. Ensuite, je mets autant de vêtements que je peux dans ma grande valise. Je me demande quels vêtements apporter et lesquels laisser quand ma mère entre rapidement dans ma chambre avec sa grande valise.

"Prends aussi la mienne. Nous ne savons pas pendant combien de temps tu seras partie. Je vais rester ici et surveiller comment Nathan prend cela. Si après la prochaine pleine lune, le lien de compagnon est brisé, alors tu pourras revenir," elle dit.

Je hoche la tête, mais je ne peux pas imaginer revenir dans cette meute. Comment puis-je l'accepter comme mon Alpha après tout ça ? Ma mère commence à mettre plus de vêtements dans sa valise.

"Maman, je n'ai pas besoin de prendre de jolies robes. Ce n'est pas une nécessité," elle lui rappelle.

"Si tu peux rentrer dedans, tu le prends. De plus, tu ne sais jamais quand tu pourrais en avoir BESOIN."

Nous n'avons pas mis longtemps, presque tous mes vêtements sont déjà emballés dans ces deux grandes valises. Je fais de la place pour quelques objets sentimentaux. Une photo encadrée de ma famille avant que mon père ne décède il y a quelques années. Un album photo, ma petite boîte à bijoux, qui contient quelques objets que mon père m'a achetés en grandissant. Quelques livres, un petit ours en peluche qui m'appartenait depuis que j'étais enfant, et mon oreiller préféré.

Quand Sadie et Julien rentrent dans ma chambre, Sadie est maintenant chargée de trouver Nathan et de le surveiller, afin qu'elle puisse nous contacter par le lien mental s'il commence à venir dans notre direction. Le plan est de sortir discrètement sans être vus.

"Je viens avec toi," Julien dit.

"Non ! Je ne vais pas te mêler à ça," j'exige.

"Si tu essaies de venir, je ne vais pas y aller, Julien. Je ne vais pas te mêler à ça, et je ne vais pas te faire risquer ton avenir dans cette meute à cause de moi," je dis fermement.

"Lauren, je ne veux pas que tu partes dans la nuit toute seule," il répond.

"Je comprends tout à fait ce que tu ressens. Tu veux me protéger tout autant que je veux te protéger. Appelle-moi chaque heure, ou même toutes les demi-heures si tu veux."

Il a l'air si déchiré, mais je le pensais quand j'ai dit que je ne partirais pas s'il venait avec moi. Il aime cette meute, et je ne vais pas ruiner son avenir. Il hoche finalement la tête, avec un brin d'hésitation.

"Voici tout l'argent liquide que j'ai sur moi. Je t'enverrai de l'argent si tu en as besoin," Maman explique.

Je regarde l'enveloppe pleine d'argent. "Maman, non ! Tu as travaillé pour ça. Combien il y a là-dedans ? Ça a l'air d'être une sacrée somme !"

"Je veux que tu l'aies. Ne discute pas avec moi, tu m'entends ? J'ai plein d'argent à la banque ; tu sais que Papa m'a bien aidée. C'est tout ce que j'ai en liquide sur moi en ce moment : il y a 2000 $. Ça devrait te suffire un petit moment," Maman explique.

Je déteste prendre de l'argent venant d'elle, mais je n'ai commencé à travailler à temps plein à la garderie que depuis quatre mois, après avoir obtenu mon diplôme de lycée. J'ai économisé la plupart de mon argent pour l'acompte de ma voiture, une petite Chevy Malibu bleu foncé de trois ans, mais j'ai quand même un peu d'économies.

"J'ai environ 1000 $ sur mon compte bancaire aussi, Maman. Je n'ai pas besoin de tout cet argent." J'ai essayé de discuter avec elle, mais elle a insisté.

Quand nous arrivons à ma voiture, Julien charge ma voiture pendant que je fais un câlin à ma maman et lui dis au revoir. Je réalise soudain que je ne reviendrai jamais ici. Je ne peux plus faire face à Nathan. Cette réalisation soudaine me fait pleurer. Pas pour la perte de Nathan, mais pour celle de mes amis, de ma famille, de mon travail et de ma maison. Julien me prend dans ses bras. Nous sommes si proches, et il va vraiment me manquer. Ils vont tous les deux me manquer.

"Hé, tout ça devrait être réglé dans quelques semaines, après la pleine lune," il essaie de me réconforter. Je force un petit sourire et hoche la tête.

"Des collations et des boissons sont sur le siège passager. Branche tout de suite ton téléphone, pour que tu puisses écouter de la musique et répondre à mes appels toutes les heures," il m'instruit.

"Je le ferai ; je vous aime tous. Vous allez me manquer, mais je vais bien. Ne vous inquiétez pas. Je ne sais pas si je pourrai conduire d'une traite, mais si je m'arrête pour dormir, je vous enverrai un texto."

"Ne nous donne pas ta localisation par message, au cas où il prendrait nos téléphones. Attends... Si jamais nous t'écrivons quelque chose, et que tu veux vérifier que c'est nous, demande le mot de passe. Notre mot de passe sera... Peggy," ma Maman dit. Je hoche la tête, je leur fais un dernier câlin, je monte dans ma voiture et je pars. Quand j'arrive à la frontière des terres de la meute, je prononce des mots que je n'aurais jamais cru dire.

"Moi, Lauren Crane, je rejette Claw Moon comme ma meute." À peine les mots sortent de ma bouche, j'entends un hurlement glaçant. Nathan aurait ressenti que je venais de rejeter sa meute aussi. Je file dans la nuit.