C’est seulement le mois suivant, en octobre, à l’époque où les vaches Aubrac allaient redescendre des estives, qu’Annie acquit la certitude qu’elle était enceinte. Quelques symptômes, qu’elle n’avait ni compris ni osé interpréter, s’étaient manifestés les jours précédents. Désormais, en comptant les semaines depuis le bal, elle ne pouvait plus avoir le moindre doute. La tristesse du début et la colère qui avait suivi firent place au désespoir et à une sourde inquiétude. Qu’allait-elle dire à ses parents ? Que pouvait-elle faire ? Qu’allait-elle devenir ? Elle se souvint d’Hélène Méjane, une ancienne camarade de pension, de son gros ventre, de sa honte et de son chagrin ! Personne n’avait jamais su qui était le père de son enfant. On avait affirmé au village que ses parents l’avaient battue


