Josephine

Patience

PDV Josephine

Bientôt une semaine maintenant que Abraham est retourné à Libreville. Nous sommes Mardi aujourd’hui. Normalement pour faire des rapports, il faut juste deux jours au plus, non ? Mais pourquoi met-il autant de temps à revenir? Ou peut-être que j’en sais rien, il faut plus d’une semaine pour établir des rapports de travail. Mami pourrait savoir peut-être.

-Mami ?

-Oui

-Tu crois qu’il faut combien de temps pour établir un rapport de travail?

Grande mère et moi sommes assises sur la natte, sous le manguier.

Mami explose presque de rire face à ma question. Je rougis presque instantanément. Elle a comprit mon inquiétude.

-Abraham t’a affirmé qu’il reviendrait n’est ce pas?

-Oui Mami.

-Alors tu t’inquiètes de quoi ? C’est un homme qui a l’air bien, et je doute fort qu’il ne tienne pas sa parole alors calme toi et sois patiente .

-C’est compris Mami.

-Voilà. Mais cela suppose donc qu’il te plaît finalement?

-Non Mami, tu sais, je n’ai pas encore terminé le deuil d’Ali.

-Josephine, tu sais, quoi que les gens diront , il ne s’arrêteront pas , même dans cinq ans, alors il faut que tu oublies ces préjugés. D’ailleurs, je suis la dernière personne ou je ne fais même pas partie de ces personnes qui te jugeront. C’est vrai qu’Ali est parti de façon particulière, en voulant te venir en aide, mais c’était la volonté de Dieu. On y peut absolument rien. Tu comprends?

Je hoche positivement de la tête.

-Alors, tu dois passer à autre chose et si Abraham peut t’aider à oublier aller de l’avant, je ne t’en voudrai pour rien au monde.

-D’accord Mami, merci beaucoup de me comprendre. Si tout le monde pouvait réfléchir comme toi.

-C’est impossible alors si cela peut te consoler, ne calcule pas l’avis des autres.

-D’accord.

-Comme cela, tu t’intéresse à cet Abraham? Me demande Mami de façon un peu moqueuse.

-Mami, tu me mets mal à l’aise là !! Lui ai-je répondu un peu gênée

-Mais y’a pas de raison de l’être, franchement, tu sais que tu ne peux rien me cacher et que quoi qu’il arrive je te soutiendrai toujours alors parle moi vraiment.

-D’accord, grande mère, (je me suis réajusté pour lui faire face). En fait au début, je n’éprouvais aucun intérêt envers Abraham. C’était le directeur de l’ONG, rien de plus. Mais il y a eu ce jour où il nous a ramené du dispensaire, tu t’en souviens? ( elle hoche positivement de la tête pour que signifier que oui, alors je continue), voilà quand tu étais repartie un instant à l’intérieur, il a essayé de me parler, d’engager une discussion , mais il a attardé son regard sur mon ventre un instant, rien de méchant ou volontaire mais ce geste maladroit m’a rappelé tous ces événements passés, j’ai donc commencé à faire une crise. Et dès qu’il s’est rendu compte de cela, il m’a immédiatement prise dans ses bras, m’a bercée en me parlant et me rassurant jusqu’à ce que je retrouve définitivement mon calme. L’instant d’après je me suis immédiatement détaché de lui, je me suis rendu compte que nous étions anormalement trop proche.

Depuis ce jour Mami, je l’ai en tête, je pense à lui, je sens cette connexion qui s’était créée, et il suffit juste que je le vois pour que je perde tous mes sens, une chaleur vive me prends, j’ai le visage qui rougit, l’estomac qui me chatouille et par dessus tout je pourrai passer tout mon temps à l’observer. En même temps, il est bel homme, c’est normal. Mais Mami je ne sais vraiment pas ce qui m’arrive. J’aime pas du tout ce sentiment, je le contrôle pas. Ai-je demandé à Mami paniquée?

-Calme toi ma puce , tu commence juste à développer des sentiments très forts pour Abraham. Ce n’est rien de grave, tu en entrain de tomber amoureuse.

Amoureuse?! Moi ?? De cet homme!! C’est impossible? Je dois à tout prix empêcher cela.

-Josephine, arrête de te donner du fil à retorde, tu es enceinte et le stress est dangereux pour ta grossesse. Tu dois m’écouter, si vraiment il te plaît alors n’hésite pas ma petite chérie. Mais ne te précipite en aucun cas pas, si il accepte de suivre ton rythme et t’accepte avec le bébé, c’est déjà un grand effort de sa part.

-D’accord Mami, j’ai compris

-Et ne t’inquiète pas, il reviendra comme il l’avait promis. La patience est un chemin d’or alors patiente ma chérie.

Je hoche positivement de la tête. Grande mère a raison, je dois me préoccuper de mon bonheur. Et Abraham, je me sens étrangement bien en sa présence. Je patiente qu’il revienne puis nous verrait de quoi l’avenir sera fait.

PDV Abraham

Nous sommes Mardi aujourd’hui. J’aurais dû être rentré depuis hier peut-être mais j’ai eu des empêchements. Il fallait que je supervise tout concernant la fin de la construction de cette villa. Aujourd’hui les travaux de construction finissent. Il restera juste quelques petits détails que je finirai plus tard. Je devais finalement superviser tout cela puisque Mohamed avait des examens à passer et je voulais qu’il se concentre. Demain, je vais devoir m’en aller parce que plus rien ne m’attend ici. Je vais pouvoir enfin la retrouver. Et mon intuition me dis qu’elle aussi s’impatiente. Patience, Josephine, ton futur époux revient. ( je rigole face à cette phrase).

Je viens de rentrer chez moi, je toque à la porte de mon frère. Quelques secondes après il m’ouvre.

-Ça va ?

-Oui grand frère et toi ?

-Ça va. Demain je retourne à Owendo. Alors comme d’hab, tu auras tout ce qu’il faut et dès qu’il y a un souci, tu me dis.

-D’accord c’est compris.

-Ok bonne nuit. Dis-je en lui tournant le dos.

J’ai déjà demandé la permission à Monsieur Diouf. Il m’a accordé un congé de deux mois, c’est énorme mais ce n’est pas pour me déplaire. Puis c’est normal, depuis toutes ces années, je n’ai jamais demandé ce genre de faveur, c’est la première fois. Il me l’a donc accordé simplement. J’ai également prévenu mes frères déjà. Tout ce qui m’embête, c’est retrouver Nadia. Pas que je me débarrasse des filles après les avoir couché, loin de là, juste que Nadia a l’air d’une vrai peste.