Je ne savais pas pourquoi j'avais dit ça. Je paniquai intérieurement. Qu'est-ce que je faisais ? Mon cœur battait aussi vite que celui de Nina. Elle me regardait avec de grands yeux, se préparant à ce que j'allais dire. Pourquoi avais-je dit ça ? C'était trop tard, maintenant, je devais finir ma phrase. Je cherchai une excuse, mais n'en trouvais pas. Je devais me lancer, là, maintenant. Je pris une grande inspiration.
– En fait...Nina...Cela fait trop longtemps que je dois te le dire, et même si c'est pour te perdre, je dois assumer.
Je cherchais les mots, ne savais pas comment le dire clairement. Nina était rouge comme une tomate, ses yeux toujours grands ouverts encrés dans les miens, ce qui devenait déstabilisant.
– Je...
Je n'arrivais plus à parler. La catastrophe. J'avais mal à la gorge. Nina semblait embarrassée, ne sachant que faire. Nous restâmes ainsi pendant quelques secondes, jusqu'à ce que ma meilleure amie presse ma main dans la sienne plus fort. Je réalisai alors que nous nous étions rapprochés, son visage à vingt centimètres du mien, puis quinze, puis dix. Je sursautai et m'écartai brusquement lorsque la porte s'ouvrit d'un coup. Lucy déboula dans la chambre, capuche sur la tête, tenue habituelle. Je clignai plusieurs fois des yeux, déboussolé par cette entrée fracassante.
– Désolée de vous déranger, les amoureux. Vous allez me prendre pour une folle, je sais. J'arrive au mauvais moment, on dirait.
Nina relâcha ma main et baissa la tête vers le sol, gênée. Elle s'était éloignée elle aussi. Je relevai la tête vers Lucy et fronçai les sourcils en me demandant comment elle était entrée.
– Ce n'est pas facile d'escalader des balcons jusqu'au deuxième étage, si tu veux mon avis. Heureusement que tu avais ouvert la porte-fenêtre pour aérer.
– Pourquoi est-ce que tu rentres par effraction chez moi ? Ça ne va pas la tête ?!
– Désolée. Je ne trouvais pas d'autre moyen de vous parler en urgence. J'ai déjà parlé à Su.
– En passant par sa fenêtre, j'imagine ?
– Non, par la porte, puis le jardin. Bon, je dois vous parler de quelque chose d'important, et je ne suis pas là pour plaisanter. Déjà, je vous annonce que vous avez des pouvoirs surnaturels. Et moi aussi.
– Et Poudlard existe, aussi, c'est ça ?
– Non, ni Harry Potter, désolée de te décevoir. Je suis sérieuse. Je peux te le prouver, même si j'aurais aimé éviter ici même. Et Su me croit aussi. Vous pensez que c'est pourquoi que mes yeux sont vert vif, et que la nuit dernière Ethan, tu as rêvé d'un loup avec mes yeux, dans une pièce inexistante du collège, où se trouvaient sept flacons d'une substance bleue ?
– Comment...
– Oui, je t'ai envoyé ce message. Il n'y a que ceux comme moi, donc vous, qui peuvent voir la couleur de mes yeux particulière. Voilà comment je vous ai trouvés. Su vous détaillera tout, je n'ai pas le temps de tout vous raconter. Dans tous les cas, il en reste deux dans votre collège, je n'ai aucune idée de qui ça peut bien être. Et je n'ai pas réussi à détecter le dernier...Sûrement ailleurs. Il faut que je me transforme en loup ou vous me croyez ?
– C'est un peu radical, ce que tu dis là.
– Vous vous y ferez. Ah, sinon, je peux montrer...
Elle ne finit pas sa phrase et enleva sa capuche. Je regardai, hébété, deux grandes oreilles de loup, les mêmes que le loup de mon rêve, sur la tête de Lucy. Je me demandais moi-même si je ne rêvais pas, mais même mes rêves n'étaient pas aussi réalistes. Et puis, il y a quelques minutes même, Nina et moi parlions de phénomènes étranges.
– D'accord, d'accord. Supposons quon retrouve tout le monde, ensuite qu'est-ce qu'on fait ?
– On sauve le monde. Ou sinon, on retrouve les deux derniers, quelque part à Paris.
– Paris ?! C'est immense !
– Je sais bien.
Nina ne parlait pas. Je tournai la tête vers elle pour apercevoir son visage concentré. Elle devait certainement être en train de réfléchir à toute vitesse.
– Je te crois. Ces derniers temps, il se passe des choses étranges. Il n'y a pas longtemps, j'ai fait une chute de tension pour ouvrir les yeux dans ma cuisine, lâcha-t-elle alors.
– Tu dois sûrement avoir un pouvoir de téléportation. Ou bien de super-vitesse, quelque chose dans le genre.
Lucy remit sa capuche sur la tête avant de froncer les sourcils.
– Bon, je dois y aller. Réfléchissez-y.
Je n'eus pas le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'elle avait disparu. Nina et moi restâmes perplexes pendant quelques secondes, avant que je regarde l'heure et vois qu'il était presque treize heures.
– On va faire à manger ?
Nina hocha la tête et nous nous levâmes pour aller à la cuisine. Je réfléchissais à ce que nous pourrions bien manger lorsque Nina proposa de préparer une quiche, ce que j'acceptai. Je décidai de faire comme s'il ne s'était rien passé et parlai de tout et n'importe quoi, ce que Nina fit également. Nous préparions une quiche au thon, nous répartissant chaque tâche pour aller plus vite. Je finis par verser le contenu du bol dans le plat où était étalée la pâte et mis le tout au four. En attendant, nous mîmes la table puis regardâmes des vidéos sur nos téléphones en riant devant certaines d'entre elles. Une fois la quiche bien gonflée, j'ouvris le four pour en sortir le plat et le poser directement à table. Nous attendîmes quelques minutes pour ne pas nous brûler avant de passer à table. Nous mangeâmes en bavardant et riant toujours, comme avant, comme toujours.
Je réfléchissais à ce qu'il s'était passé une heure plus tôt, ne sachant pas où cela me mènerait. Je n'osais pas aborder à nouveau le sujet, préférant passer par tous les sujets normaux dont parlent des amis. En dessert, nous prîmes des yaourts.
Après le repas, je proposai de regarder un film. Nina accepta et nous nous installâmes sur le canapé, côte à côte. Je sentais la chaleur que dégageait le bras de ma meilleure amie contre le mien, ce qui me faisait du bien, et surtout, affolait mon cœur. Je la laissai choisir le film, et curieusement, elle choisit un film de romance, alors que d'habitude nous regardions toujours des films d'action ou d'horreur. Je ne fis aucune remarque et acceptai son choix. Je lançai le film et eus des frissons lorsque Nina prit ma main dans la sienne.