J'étais assise sur mon lit tranquillement, je pensais. Je lui avais laissé une chance.
Trois coups furent porter à la porte de ma chambre, j'autorisai la personne à entrer et sans surprise je vis Jonathan.
Quand on parle du loup … sans mauvais jeu de mot.
Il entra et s'assit sur le lit à un mètre de moi.
- On ne se connaît toujours pas.
Je baissais la tête, si on ne se connaissait toujours pas c'était ma faute : entre mes fuites et mon mutisme, je ne laissais pas beaucoup de place à l'échange que je voulais éviter à tout prix.
- Mais c'est pas grave, seulement maintenant je veux te connaître puisque pour l'instant je sais juste que tu t'appelles Allison.
Je le scrutai, cherchant inconsciemment quelque chose qui pourrait le rendre détestable. Sans le vouloir, je faisais ça avec toutes les personnes que je rencontrais.
Ne trouvant toujours rien, je brisai le silence pesant qui s'était installé.
- Allison Johnson.
Je vis tout de suite que ça ne lui suffisait pas alors je continuai.
- J'ai dix-sept ans.
Il me regarda, surpris, il devait penser que j'étais plus vieille.
Je lui demandai son âge, que je ne connaissais pas et il me répondit qu'il avait vingt ans. Nous avions donc deux ans et demi d'écart puisque j'allais avoir dix-huit ans.
Il me proposa alors un jeu, un jeu pour se connaître. Les règles étaient simples : on devait dire quelque chose nous concernant chacun notre tour. Et on ne devait dire que la vérité. Il accepta de commencer.
- Je suis un Loup-garou.
Je ris doucement, évidemment ça je le savais déjà. Je décidai d'entrer dans son jeu et lui dit.
- Je suis humaine.
Il sourit et rajouta une règle : on ne doit pas dire quelque chose que l'autre sait déjà. Comme c'était son tour il déclara :
- J'ai une petite sœur et un grand frère.
Je souris, il avait de la chance. Ne voulant pas parler de ma famille je lui dis simplement que j'aimais lire.
Ce sur quoi il rebondit en me proposant de m'emmener dans sa bibliothèque personnelle. J'acceptais et le suivis avec joie.
On marcha dans le couloir jusqu'au bout , une grande porte en bois très foncé nous faisait face.
On entra et je tombai sous le charme de la pièce.
De nombreuses allées débordaient de livres. Des sièges en velours rouges qui paraissaient confortables faisaient face à une grande table basse, sur laquelle étaient posés d'autres livres, en m'approchant je me rendis compte qu'il s'agissait en fait d'albums photos.
Le sourire béat que j'arborais ne voulait plus quitter mon visage ce qui ravit Jonathan qui se mit à sourire aussi. Je me baladais dans les rangées.
Dans les deux premières je ne vis que des livres datant de ses dernières années, des livres d'après la Révélation. Je fus légèrement déçue mais continuai mon exploration, ce qui s'avéra être une bonne idée :
Je trouvais dans les deux dernières allées des livres plus vieux. Mon sourire réapparut. Les allées réservées aux livres anciens ne pouvaient en aucun cas rivaliser avec la bibliothèque de mon père mais c'était quand même bien.
***
J'avais passé toute l'après-midi dans la bibliothèque. Quand Jonathan était venu me chercher pour le dîner, il n'avait pas réussi à cacher sa surprise de me voir assise par terre livre en main, entourée d'une dizaine d'autres livres. Je m'étais excusée pour le désordre et m'étais vite levée pour ranger mais il m'avait assuré que ce n'était pas grave.
Là j'étais dans mon lit, je ne trouvais pas le sommeil. Je me levai lentement et me dirigeai vers la porte de ma chambre, j'hésitais.
Je décidai d'y aller. Je sortis de ma chambre et allai jusqu'à la sienne.
Je restai devant la porte avant de prendre mon courage à deux mains et de toquer doucement. Tellement doucement que seul un surnaturel aurait pu l'entendre.
Peut-être qu'il dormait, je n'aurais pas du, j'allais repartir mais j'entendis une faible voix me dire d'entrer. Ce que je fis après une énième hésitation.
Il parut étonné que je sois venu le voir et j'avoue que je m'étonnais aussi. Je m'assis sur son lit et regardai autour de moi, je regardais tout sauf lui.
Il faisait totalement noir que je ne pouvais voir comment était sa chambre.
Finalement je lui demandai :
- Tu dormais ?
- Non, t'inquiètes pas pour ça.
Je fus soulagée, je ne l'avais donc pas réveillé. Je le sentis se redresser et s'asseoir, il alluma la lampe de chevet.
Une faible lumière émanait de celle-ci, me permettant juste de le distinguer lui. Me permettant aussi de voir qu'il était torse nu.
Je rougis instantanément, il le remarqua et sourit, ce qui fit redoubler ma rougeur. Je voyais bien qu'il hésitait à me demander ce que je voulais alors je le devançai :
- On n'a pas fini le jeu.
Point de vue de Jonathan
Je la regardais fixement essayant de savoir si elle rigolait. Mais je la vis très sérieuse.
Elle avait décidé d'être coopérative au moins pendant un moment alors autant en profiter.
Je me décalai, et l'invitai à s'asseoir à mes côtés. Nous étions donc tous les deux assis, contre la tête de lit.
Nous étions très proche, nos genoux se touchaient presque et ça me perturbait.
Mon loup s'agitait encore une fois, il voulait la marquer comme sienne. Mais je ne devais pas la brusquer.
- C'est ton tour.
Sa douce voix que j'avais tant espéré entendre pendant une semaine, me sortit de mes pensées.
Je lui dis que mon Bêta s'appelait Lucas.
Et elle me répondit que la chevalière qu'elle n'enlevait jamais était celle de son frère.
Je voulais lui demander pourquoi elle n'en parlait pas.
Mais le temps que je trouve une façon d'amener le sujet, elle s'était endormie. C'est vrai qu'il se faisait tard, je la couchai dans mon lit.
Je ne savais pas quoi faire : allait-elle m'en vouloir que je me couche à ses côtés ? Ou ne vaudrait-il pas mieux que j'aille dans le canapé du salon ? La fatigue me submergea et je me couchai près d'elle.
***
Point de vue de Allison
Je me réveille tranquillement, me tournant sur le côté, je me retrouve nez à nez avec Jonathan.
Tout me revint en mémoire : je me suis endormie avec lui.
Je le regarde, sa respiration est régulière et assez lente : il dort encore.
C'est l'occasion, je sors doucement du lit et repars vers la porte, avec un peu de chance il ne se souviendra pas qu'on a dormi ensemble.
Je suis maintenant dans ma chambre, je sors toutes les affaires de mon sac : la montre, la carte, le livre, quelques autres babioles et parmi elles, je vois un morceau de papier. Dessus a été griffonné un numéro de téléphone. Je ne me souviens pas d'avoir mis ce papier dans mon sac.
Je le retourne, il n'y a aucun nom, juste le dessin d'une rose.
Je comprends donc, c'est Lili, elle a pris tant de risques en me le donnant : si les personnes que je fuyais avaient trouvé ce papier, ils auraient pu la retrouver, et lui faire du mal pour savoir où je me rendais. Évidemment Jonathan ne ferait jamais ça mais à la base ma fuite n'avait pas été organisé pour lui.
Je l'appellerais un peu plus tard, je ne voudrais pas la réveiller. Il était sept heures du matin.
Étrange d'habitude je ne suis pas matinale, je suis plutôt du genre à me réveiller à treize heures le week-end. Je décidai de rentabiliser mon temps et descendis préparer le petit-déjeuner.
Nous étions dimanche et je vis par la fenêtre de la cuisine, des Loups, pas étonnant me direz-vous.
Mais là ils étaient sous forme lupine. Je savais qu'il existait quatre sortes de Loups, regroupés en deux grandes familles :
Les Métamorphes composaient la première famille : ils mutaient totalement, prenant l'apparence d'un vrai loup bien que beaucoup plus grand que ceux qui existaient avant la Révélation et qui avaient d'ailleurs plus la taille de gros chien.
Les membres de la deuxième famille sont des Medium-Mutationis, ce terme vient du Latin et signifie "demi-mutation" : ces Loups sont capables de muter partiellement et seulement partiellement en Loup ; ils se tiennent droits comme des humains, leur visage devient celui d'un loup tout en gardant les traits de l'humain, évidemment comme les Métamorphes leurs forces sont décuplées.
Dans ses deux catégories, il en existe deux autres sous-familles, les deux mêmes que ça soit chez la première ou chez la deuxième de ces familles :
Les Éveillés : ceux-ci restent au commande de leurs corps quand ils se transforment, ils sont moins dangereux car ils sont conscients, ils n'attaqueront donc jamais quelqu'un qui comptent pour eux.
Et il y a les Sommeilleurs : ceux là ne sont pas conscients lors de leur transformation ; le loup prend le dessus, quand ils redeviennent humains, ils ne se souviennent pas de ce qu'ils ont fait quand ils étaient sous forme de loups. Ceux sont les plus dangereux puisque le loup peut s'attaquer à n'importe quelle autre personne même si celle-ci est ami avec l'humain. La seule personne que le loup n'attaquera pas est son âme-sœur.
En y réfléchissant, je ne savais même pas de quelle catégorie Jonathan faisait parti. Je ne l'avais pas encore vu sous forme de loup.
On toqua à la porte. Un coup d'œil à l'horloge m'informa qu'il n'était que dix heures. Qui pouvait venir à cette heure ?
Je jetais un regard à ma tenue : un short noir et un grand tee-shirt. J'étais présentable.
Aucun des vêtements ne m'appartenaient mais je les avaient trouvés sur mon lit le premier jour.
J'ouvris la porte et découvris un couple, de Loups-garous certainement, accompagné d'un jeune enfant.
Je les regardais, sourcils levés.
Devant ma stupeur, l'homme demanda :
- Jonathan ne t'as pas prévenu ?