Alors que je me retournais pour continuer de marcher, je sentis une présence.
Je m'arrêtai, me retournai et ne vis personne.
Je commençais à devenir légèrement paranoïaque.
Mais j'avais raison de me méfier, deux bras m'entourèrent et m'immobilisèrent tandis qu'une des deux mains remontait pour se plaquer sur ma bouche.
Je tentais de crier mais me dis que ça serait vain puisque personne ne viendrait à mon secours.
Agacée de ne rien pouvoir faire, je mordis la main qui ma bâillonnait très fort, faisant lâcher mon agresseur qui pesta.
Je n'avais aucun moyen de lui faire lâcher les bras alors je tentais le tout pour le tout et essayais de lui donner un coup en remontant mon pied. Il était dos à moi et ça aurait pu marcher si il n'avait pas bloqué mon pied avec son genou.
Il me gronda d'arrêter immédiatement, ce que je ne fis pas pour autant.
Je me mis à gigoter, je me tortillais dans l'espoir qu'il lâche prise, ce qu'il ne fit pas pour autant.
Voyez l'ironie de la situation.
Il marcha et on arriva à un sentier, il me poussait légèrement pour que j'avance pendant qu'il me tenait fermement.
Je m'arrêtai net, le faisant grogner.
- Avance ! me dit il .
Comme je n'obéissais pas il ajouta :
- S'il te plaît.
Puis voyant que je ne bougeais toujours pas, il décida de faire autrement.
Et en quelques secondes je ne touchais plus le sol.
Il me soulevait de quelques centimètres et me tenait encore plus fort qu'avant bien que je ne pensai pas que ça soit possible. Ses bras allaient certainement laissés des marques sur ma peau.
Au bout du sentier que nous avions emprunté, nous attendait une voiture et cinq loups, les mêmes que toute à l'heure.
Je continuais de gigoter sous les regards amusés des loups. Tout comme moi, ils savaient que je n'avais aucune chance de m'échapper maintenant qu'il m'avait rattraper, mais je refusais de le laisser faire sans me battre.
Même si mes actes étaient un peu pitoyables, ça restait une façon de ne pas se laisser faire.
Il m'assit avec force, à l'arrière de la voiture et s'assit à mes côtés.
Je souris intérieurement quand j'étais du côté de la portière droite et lui du côté de la gauche.
Quand on commencera à rouler, je pourrais ouvrir et sortir.
Et c'est ce qu'on fit, nous étions quatre dans la voitures : deux à l'avant et nous deux à l'arrière.
Les autres étaient dans une autre voiture qui nous suivait.
Le terrain rugueux, empêchait le conducteur de rouler trop vite, ce qui serait un avantage.
Je posai ma tête contre la vitre et fermai les yeux comme si je m'endormais, mais j'étais pleinement consciente.
Tellement consciente que je sentis la main de mon âme-sœur me caresser la joue, je réprimai un frisson de dégoût.
Il devait penser que je dormais, alors je le laissai faire.
J'attendis encore quelques instants et ouvris l'œil droit, celui qu'il ne voyait pas, je vis que la route allait bientôt devenir lisse et qu'on allait sûrement accélérer. C'est maintenant ou jamais.
De toute façon je ne perdais rien à essayer.
J'ouvris la porte, me laissai tomber et afin d'éviter de me faire mal, je fis une roulade.
Plutôt bien réussie d'ailleurs mais je n'avais pas le temps de me vanter.
Je courus aussi vite que possible.
L'ébahissement passé ils s'étaient tous lancé à ma poursuite, abandonnant les voitures sur la route.
Je courais, j'étais déjà à bout de souffle, mon cœur battait la chamade.
Mes pieds qui martelaient le sol renvoyaient des vibrations désagréables dans le reste de mon corps.
Mais il fallait que je continue, je me concentrai : un pied après l'autre.
Je faisais un effort surhumain pour que mes jambes ne se mêlent pas l'une à l'autre.
Je ne tiendrais plus très longtemps.
Je sentais la chute imminente quand quelque chose se jeta sur moi.
On roula tous les deux sur le sol et je me retrouvais sous lui.
Il se leva et me releva violement, sûrement agacé par mes tentatives de fuite.
Quand on se retourna, je vis les cinq autres loups qui avaient eux aussi couru, me regarder en souriant.
On passa devant eux, et en tendant j'entendis l'un d'eux dire.
- N'empêche c'était bien tenté. Elle a pratiquement réussi.
Un des autres lui répondit :
- Ouais, elle est sauvage. Va falloir qu'il la dresse !
Ils éclatèrent tous de rire.
Je ne supporterai pas ça longtemps ! Ils se foutaient ouvertement de moi.
Et l'action se répéta :
Il me jeta dans la voiture, du côté droit et monta du côté gauche.
Seulement cette fois il me rapprocha et me mit sur la place du milieu.
Un autre Loup monta et se mit à ma droite. Un de ceux qui se foutaient de moi toute à l'heure.
Je pensais que le fait d'être entourée de Loup allait être la seule conséquence à ma tentative de fuite.
Mais je me rendis compte que je me berçais de douces illusions, quand je sentis un mouchoir plaqué sur mon nez et ma bouche.
Je retins ma respiration un instant mais quand je fus au bord de l'asphyxie, je pris une bouffée d'air juste une.
Mais cela suffit a inspiré assez du chloroforme imbibé sur le mouchoir.
Je sombrais quelques secondes et je sentis ma tête tombée sur le côté.
***
Lorsque je me réveillai il faisait nuit, j'étais toujours dans la voiture entre mon âme-sœur et cet autre Loup.
J'étais toujours dans un sacré pétrin. Je ne savais pas du tout comment m'en sortir.
Je pensais un instant à demander à aller au toilette et a filé en douce pendant ce temps mais il n'était pas stupide et après ma dernière tentative il allait redoubler de vigilance.
Je réfléchissais toujours un moyen de me sortir de là quand il remarqua que j'étais réveillée.
Il me scruta, cherchant une faille. Ou alors peut-être qu'il me détaillait juste.
Alors moi aussi je le détaillais :
Toute à l'heure il m'avait paru très grand, au moins un mètre quatre-vingt voir plus. Evidemment ce n'est pas hyper grand mais comparé à mon mètre soixante et bien il y avait une différence.
Il était brun, et sa peau était plutôt bronzée, presque basanée.
Ses yeux verts ressortaient dans l'habitacle étroit.
Ses traits n'étaient pas grossiers sans pour autant être fins.
Des traits d'hommes, très virils.
Sa musculature apparaissait sous son tee-shirt.
Quand je vis qu'il avait remarqué que je le regardais, je détournai le regard en rougissant légèrement.
Je me détestais pour ça : maintenant il allait croire qu'il me plaisait.
Je comptais sur l'obscurité pour cacher ma gêne.
Et finalement après avoir tourner et retourner le problème dans ma tête je m'endormis.
***
Quand je me réveillai cette fois, je n'étais plus dans la voiture.
J'étais dans un lit très confortable, que je n'avais pas envie de quitter. Ça faisait trois jours que je n'avais pas dormi dans un vrai lit, celui du Motel ne comptant pas dans la catégorie "vrai lit".
J'ouvris les yeux doucement et vis que je me trouvais dans une chambre assez grande dans les tons de beige et rose clair.
Le lit était un lit deux place à baldaquins. Les draps quant à eux étaient taupes.
Je tournais mon regard sur ma gauche et vis des portes coulissantes, certainement un placard.
À droite je vis deux portes.
Je me levai et m'avançai vers l'une d'elle.
J'avais lu suffisamment de roman à l'eau de rose pour me rappeler qu'il fallait vérifier ma tenue.
J'avais été changée : je portais un short bleu foncé et un débardeur gris.
Personne n'avait heureusement touché à mes sous-vêtements.
Rassurée, j'ouvris une porte et découvris une salle de bain dans les tons de beige elle aussi.
Décidément tout était beige ou rose dans cette chambre.
J'approchai de la deuxième porte et l'ouvris délicatement m'attendant à ce qu'elle grince.
Et bizarrement elle ne fit aucun bruit.
Je me trouvais donc dans un couloir, à ma gauche il y avait une fenêtre et rien d'autre, je partis donc sur la droite.
Et très vite je fis face à un escalier.
Je descendis lentement les marches qui ne grincèrent pas non plus.
J'avançais sans bruits et pourtant j'étais sûre qu'il m'entendait.
J'arrivais dans une cuisine, un des murs étaient rouges et les autres gris clair. Une imposante table se trouvait au milieu de la pièce.
Et en face de moi, assis à cette table, se trouvait mon âme-sœur. En y réfléchissant je ne connaissais même pas son nom.
Il m'avait regardé tout le long de mon inspection.
Il m'invita à m'asseoir et me proposa de déjeuner. Je vis alors que l'horloge indiquait qu'il était dix heures. L'heure du petit déjeuner.