chapitre 3

778 Mots
Dans la villa ... La piĂšce est plongĂ©e dans la pĂ©nombre, seuls quelques rayons de lune filtrent Ă  travers les stores. Je suis debout devant la grande table en acajou, les mains posĂ©es dessus, mon regard perçant balayant la carte de la ville Ă©talĂ©e devant nous. Gabriel est assis en face, les yeux fixĂ©s sur moi, attendant mes ordres. « Chaque mouvement doit ĂȘtre calculĂ©. » Ma voix est ferme, implacable. « Thalia ne se bat pas Ă  armes Ă©gales, et moi non plus. » Je sens l’air se charger d’une Ă©nergie Ă©lectrique, un mĂ©lange de menace et de dĂ©fi. « Son empire est bĂąti sur la peur, mais la peur, c’est une arme Ă  double tranchant. Nous allons retourner cette arme contre elle. » Gabriel hoche la tĂȘte, conscient que sous cette façade de contrĂŽle, je cache une dĂ©termination farouche, un feu intĂ©rieur qui refuse de s’éteindre. « J’ai des informateurs partout. Chaque mouvement, chaque alliĂ© qu’elle serre est sous surveillance. Je veux des rapports quotidiens. » Je me redresse, mon regard devenant encore plus dur. « Et surtout, je veux qu’elle sache que je ne suis pas un adversaire qu’on peut ignorer. Que son passĂ©, aussi douloureux soit-il, ne lui donnera pas un avantage sur moi. » Gabriel sourit, ce sourire froid qui en dit long sur sa loyautĂ© mais aussi sur sa propre ambition. « Tu es un roi, Noam. Une force que personne ne peut arrĂȘter. Elle va devoir l’apprendre Ă  ses dĂ©pens. » Je me tourne vers la fenĂȘtre, regardant la ville qui ne dort jamais, prĂȘte Ă  basculer dans le chaos ou la conquĂȘte. « Qu’elle vienne. Qu’elle ose. » Puis, sans quitter la fenĂȘtre des yeux, je murmure : « Je suis prĂȘt Ă  tout. » *****point de vue Thalia ****** L’air est chargĂ© d’une odeur mĂ©tallique et piquante, celle du sang frais et des nĂ©ons fatiguĂ©s. Je glisse dans l’ombre, mon regard aiguisĂ© parcourant la piĂšce, chaque mouvement calculĂ©, chaque souffle maĂźtrisĂ©. Ce lieu est une plaque tournante pour les faibles, un repaire pour les perdants. Mais pas pour moi. Ici, je suis la tempĂȘte que personne ne peut arrĂȘter. Je n’attends rien, je ne crains rien. La douleur, la trahison, tout ça est derriĂšre moi. Je suis Thalia, reine d’un empire forgĂ© dans la douleur et le feu. Et pourtant, ce soir, un frisson inattendu me traverse. Quelque chose ou plutĂŽt quelqu’un. Je le vois, lĂ -bas, dans la pĂ©nombre, Ă  peine visible mais impossible Ă  ignorer. Noam. Dix ans. Une dĂ©cennie d’ombres et de silences. Et le voilĂ , debout au milieu de ce chaos, aussi calme et inĂ©branlable qu’un monolithe. Je ne laisse rien paraĂźtre. Pas une hĂ©sitation, pas un battement de cƓur. Mon visage reste de pierre. Il ne doit pas savoir que sa prĂ©sence bouleverse l’ordre fragile que j’ai construit. Alors je me dĂ©tourne, reprenant ma route, laissant le silence s’installer entre nous, lourd de non-dits. Je suis la chef. Je suis la menace. Et je ne recule devant rien. Mais ce soir, quelque chose a changĂ©. --- La lumiĂšre blafarde d’un nĂ©on grĂ©sillant Ă©claire Ă  peine la piĂšce oĂč je me tiens, entourĂ©e de mes hommes. Leurs regards sont braquĂ©s sur moi, attentifs, prĂȘts Ă  recevoir mes ordres. Je suis leur chef, leur reine, et personne ici n’oserait montrer la moindre faiblesse. Un de mes lieutenants, Marco, s’avance, son visage marquĂ© par des annĂ©es dans la rue. « Le nouveau fournisseur, il est prĂȘt Ă  passer Ă  l’action. Mais il y a du mouvement du cĂŽtĂ© de Bastien. Il commence Ă  bouger, plus que d’habitude. » Je le regarde, froide, les traits serrĂ©s. « Bastien
 » Je rĂ©pĂšte le nom, sans laisser transparaĂźtre quoi que ce soit. « Qu’il bouge. Ça ne changera rien. Nous sommes prĂȘts. » Marco hoche la tĂȘte, mais je sens l’inquiĂ©tude dans ses yeux. Moi, je ne laisse rien paraĂźtre. Je me dĂ©tourne, faisant signe Ă  mes hommes de se disperser. Seul dans le silence qui suit, mes pensĂ©es dĂ©rivent, vers lui. Noam. Il est lĂ , quelque part, dans cette ville. Toujours Ă  sa place, toujours en contrĂŽle. Je ne peux pas nier que sa prĂ©sence dans ce secteur me dĂ©stabilise. Pas parce que je craque, non. Mais parce qu’il est le rappel d’un passĂ© que j’ai enterrĂ© trop profondĂ©ment. Il ne sait rien de ce que je suis devenue. Il ne doit rien savoir. Mais au fond, je me demande
 est-ce que lui, lui, a changĂ© ? Ou porte-t-il toujours cette mĂȘme froideur, ce mĂȘme empire qu’il dirige d’une main de fer ? Je secoue la tĂȘte, repoussant ces pensĂ©es. Je ne peux pas me permettre cette faiblesse. Pas maintenant.
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