Chapitre 5 ◆ Nineteen

1047 Mots
« Quel est ton nom de famille ? » je demande en balançant mes pieds d'avant en arrière, assise sur le comptoir où il m'a si gracieusement installée. Je ne sais presque rien de lui, et je pense qu'il est temps que je le sache. « Kingston », sa voix sombre me parvient tandis qu'il fouille dans leur stock d'alcool à la recherche de mon alcool de contrebande à la tarte aux cerises. « Le mien, c'est Carson », je l'informe, et il s'arrête, se retournant vers moi. « Tu me l'as dit, Lilah. » Le bruit me parvient aux oreilles et je me fige. « Je crois qu'il y a un fantôme, Grey », je murmure. Mon entraînement ne m'a pas appris à vaincre les fantômes. Et SOS Fantômes a ses limites. « Depuis combien de temps vis-tu ici ? » Je change de sujet, tout en surveillant attentivement mon environnement. « Pourquoi ? » Sa voix devient plus grave et je lève les yeux pour le voir me fusiller du regard. « Je veux juste savoir », je hausse les épaules, « je veux en savoir plus sur toi. » « Tu crois que je me soucie de ce que tu veux ? » ricane-t-il, et je retiens un gémissement des plus forts. Pourquoi change-t-il si vite ? Il était juste gentil. « Tu crois que je me soucie de ce que tu penses ? » je rétorque, la frustration grandissant en moi. « Et tu te demandes pourquoi j'ai envie de boire », je grogne, ajoutant à ma liste imaginaire de raisons pour lesquelles j'ai envie de boire. « Va te faire foutre », sa voix devient mortelle et je regrette mes derniers mots. Personne ne m'a jamais dit ça avant et je n'aime pas vraiment ça. « C'est tout ce que tu as ? » je grince. S'il pense qu'il va m'atteindre juste comme ça, il va m'en faire voir de toutes les couleurs. Il s'avance à grands pas vers moi et je le fixe du regard. Il saisit mon menton d'une main ferme, mais pas douloureuse, et relève ma tête pour que je le regarde droit dans les yeux. « Pourquoi fais-tu ça ? » Il serre les mâchoires. « Faire quoi ? » je demande doucement. « M'énerver », sa prise s'adoucit, tout comme ses traits. « C'est toi qui as commencé », je hausse légèrement les épaules, me mordant la lèvre pour ne pas sourire. Son regard se pose sur elle. « Ne fais pas ça », il me fusille du regard. « Pourquoi ? » je fronce le nez. « Ça m'excite, maintenant arrête », il serre les mâchoires et je lâche ma lèvre en sentant mes joues s'enflammer. Eh bien, au moins, nous avons un point commun. Il m'excite d'un seul regard. Excitée ? Bon sang, j'ai besoin de vacances. Il prend le clair de lune à la cerise et celui à la pêche et me les tend. « Va-t'en », grogne-t-il en me soulevant du comptoir et en me reposant. Mon courage, j'aime ça. Je jette un œil par la petite fenêtre et je vois une pluie battante dehors. C'était le fantôme que j'ai cru entendre, évidemment. Quel moment idéal pour ne pas avoir ma voiture ! C'est pas amusant ? « Euh », je commence, ne sachant plus où donner de la tête. « Tu vas adorer, je n'ai pas ma voiture. Tu aurais une veste ou quelque chose à me prêter ? » je demande. Il me lance un regard noir. « Non », il me pousse légèrement hors de la pièce et je me retrouve dans la partie principale du bar. Je pousse un grand soupir et me dirige vers la porte. C'est vraiment nul. Je serre le moonshine à la tarte aux cerises et à la pêche contre moi en sortant enfin du bar. La pluie glaciale me fouette la peau et je suis presque en état de choc. Je vais vraiment faire une hypothermie. Ensuite, je vais accuser Grey. Et la prochaine fois qu'il me verra, il l'apprendra. Si j'en sors vivante. Je commence mon périple en descendant Redstreet. J'arrive à environ cinq magasins du bar de Grey quand je sens quelqu'un m'agripper par les épaules. J'ai cru qu'on me kidnappait sérieusement pendant trois secondes, mais tout va bien. Il m'enfile un sweat-shirt qui sent exactement son odeur et je m'en pâme. Il soulève la capuche et la baisse au maximum pour couvrir mes jambes nues. Je lève les yeux à côté de moi et vois le seul et unique Grey Kingston. Zut, cette pluie ne le rend que plus beau. « Qu'est-ce que tu… » « Tais-toi », grogne-t-il, et je m'exécute. Il me conduit jusqu'au parking et au siège passager d'une superbe Jeep Wrangler noire, grande et brillante. Il m'ouvre la portière et je monte à l'intérieur en le remerciant légèrement. Après avoir fermé ma portière, il fait le tour de son côté. Le temps qu'il le fasse, je respire son odeur, ce qui est la plus belle chose au monde, et la propreté générale de la voiture. Il ouvre sa portière et mes yeux aperçoivent le t-shirt qui lui colle si divinement au torse. Mon Dieu. C'est très joli. C'est juste… Waouh. « Grey », dis-je doucement et il me regarde, l'eau dégoulinant de son corps magnifique. « Merci », je lui adresse un petit sourire. Il ne dit rien, ce qui est normal. Il démarre et je commence à paniquer. Je ferme les yeux pour me calmer tandis que je sens la voiture se mettre en mouvement. J'essaie de chasser de ma tête les souvenirs des événements qui ont précédé l'accident, mais certains refont surface. « Lilah. » Sa voix me ramène à la réalité et mes yeux se rouvrent brusquement, se jetant sur lui. Il me regarde presque avec inquiétude. Inquiet ? Non, je dois rêver. « Hein ? » « Qu'est-ce qui ne va pas ? » demande-t-il en fronçant les sourcils. Je secoue simplement la tête. « Quoi ? Oh, rien », je dis d'un geste de la main, même si je suis encore complètement paniquée. « Dis-moi où aller », m'exhorte-t-il, et je suis ses ordres du mieux que je peux, d'une voix calme.
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