le destin d'Aïcha

Chapitre V

Dans la peau d'Aïcha

Assan était la seule amie que j'avais, nous nous sommes vues pour la première fois à l'Université. J'étais responsable de classe et elle, mon adjointe, depuis lors nous sommes devenues inséparables. Après les études, je suis allée faire mon master au Maroc et de retour j'ai été embauchée dans la même entreprise que mon frère, en tant que directrice commerciale. Et au finale Assan est venue après moi lors des derniers recrutements en tant que réceptionniste.

Beaucoup disent que c'est grâce à mon frère ainé si je suis dans cette boite aujourd’hui, ce qui est tout à fait normal, certes j'ai eu à faire des stages là-bas depuis l'Université grace aux relations de mon frère mais mon embauchement je ne le dois qu'à mes compétences et mes performances. J'ai été major de ma promotion et le directeur de cette entreprise a alors décidé de me donner une chance en m'envoyant faire mon master au Maroc dans le but de me spécialiser pour mieux me préparer pour ce poste que j’occupe aujourd’hui et où je ne fais que des merveilles jusque-là. Disons juste que la chance m’a souri et j'en ai profité, j’étais juste là au bon endroit et au bon moment.

Je décide donc d'aller voir mon grand frère dans son bureau avant de rejoindre le mien

- toc, toc

* oui entrez

- bonjour frérot (en entrant)

Mon frère était assis derrière son bureau avec des tonnes de dossier, c'est le prix à payer pour être le bras droit du directeur général et pour tout vous dire je ne l’envie pas du tout.

- ah la nouvelle mariée, c'est toi ; quel bon vent t’amène ?

* Ah bon, il y en a une ici et pourtant je ne la vois pas (en rire)

- arrête ton sarcasme, je parle de toi, Mme Cissé Aïchata Traoré. Alors, tu sais maintenant de qui je parle petite sœur ? (en rire)

* oh que tu es ronchon des fois, de toutes les façons je ne suis pas là pour discuter de ma situation matrimoniale avec toi, je voulais juste te voir

- oh sois pas rabat-joie. Donc t'avais ma nostalgie? Que c'est mignon dit il en faisant des grimaces

* (en rire) rêve bien

- t'inquiète, je parie que quand ton mari sera là tu ne penserais même plus à moi

* n'oublie pas que tu es mon premier amour mon chéri (rire), bon je prends congé de toi, j'ai des dossiers à traiter aussi (en sortant)

- bye, on déjeune ensemble ?

* je ne pourrais pas, Maman veut que je l'accompagne au marché

- ah bon, ok

Voilà maintenant des heures que je suis dans mon bureau, perdue dans mes pensées. J'avais perdu la notion du temps et je n'arrivais plus à me concentrer comme il le fallait, suite à cette situation dans laquelle mes parents m'ont mise. Oh la galère, si on m'avait dit il y a 5 ans de cela que moi Aïchata que j'allais avoir un veuf comme mari étant si jeune et de plus  par contrainte, je ne l'aurais jamais cru.

C'est la sonnerie de mon fixe qui me fait revenir à la réalité

- Allô

*…

- dis-lui de m'attendre, je descends

Quelques minutes plus tard après avoir arrangé mon bureau qui était dans un piètre état, je descends pour rejoindre ma mère qui m'attendait à la réception

- Maman, on ne devrait pas se voir qu'à l'après-midi ?

* je suis désolée ma chérie, mais si on part tôt, on pourrait rentrer à la maison avant la nuit pour que tu es le temps de faire ta valise

- ma valise ? Quelle valise ?

* bon, allons-y je t'expliquerais en cours de route. Au revoir ma fille (à l'endroit d'assan)

- bye tantie

* Au fait Assan, tu annules tous mes rendez-vous de cet après-midi s’il te plait

- d'accord

Nous sortons du bureau pour alerter un taxi puisque ma moto est en panne.

Les filles avez-vous une mère comme la mienne ? Elle est comment dirais-je ? Une mère de la génération 21 comme elle aime le dire. Savez-vous qu'après avoir dévaliser la boutique pour m'acheter des pagnes et basins, elle m'amena dans une boutique de lingerie très fuitée, en plus elle était sans gêne contrairement à moi qui était morte de honte. On peut faire ça ?

- mais maman qu'est-ce qu'on fait ici ?

* détend toi ma fille, c'est pour toi qu'on est là. N'oublie pas que t'es désormais une femme mariée dont je n'ai plus rien à te cacher. 

- eeeh alors ?

- c'est de ton devoir de te préparer avant l'arrivée de ton homme

* Maman !?

- Quoi ? Si tu ne prends pas bien soin de lui sache que quelqu'un d'autre le fera à ta place. Les filles de nos jours n'ont d'yeux que pour les hommes mariés car elles les trouvent responsables et plus mature, donc tu as intérêt à mieux te comporter

* maman, elles peuvent bien prendre celui qui me sert de mari maintenant car il ne m'intéresse nullement et tous ceux qu'il fera dehors n'engage que lui

- oui c'est ça, n'importe quoi. Je disais la même chose quand j'épousais ton papa et pourtant cela ne m'a pas empêché de lui faire trois gosses. Sinon comment crois-tu que vous soyez venus au monde, ton frère et toi ?

* maman, ne dis pas ça. Papa était un homme merveilleux au sens même du terme ce qui éprouve ton changement d'avis alors évite de le comparer à celui qui te sert de gendre. Tout le monde sait que la mort et le sommeil sont deux choses qui sont diamétralement opposés

- tu crois que ceux sont tes gros mots qui vont retenir ton homme?, ma chérie tu as intérêt à ouvrir les yeux et puis d'ailleurs que peux-tu dire de ce jeune homme ? Est-ce que tu as cherché même à le connaître au lieu de dire des préjugés à son encontre

* de toutes les façons maman je ne compte pas coucher avec lui donc je ne vois pas l'utilité d'acheter des nuisettes ou bien vous aller me forcer aussi pour ça ?

- cela ne serait pas nécessaire ma fille et crois moi tu en auras besoin en temps voulu car tout le monde sait qu'un homme et une femme ne pourraient jamais cohabiter ensemble sous le même toit sans que quelque chose ne se passe entre eux. Tu me prends pour une folle en ce moment mais sache que l'homme et la femme c'est comme le coton et le feu, sa peut prendre feu à tout moment. Si tu ne fais pas attention tu risqueras de te faire prendre dans ton propre jeu. Alors arrête de me casser les oreilles, comme tu ne veux pas choisir, je le ferai à ta place. Têtue que tu es.

Le soir, elles étaient de retour, Alima demanda à sa fille d'aller faire sa valise

- mais maman pourquoi ? Est-ce que nous allons voyager ?

* sauf si tu le faisais avec ton mari sinon nous on a plus aucun droit sur toi dorénavant. Ton mari rentre plutôt que prévu. Son entreprise rencontre quelques difficultés. Ce qui fait qu'il est obligé d'être là cette semaine à Bamako

- quoi ?

* oui son avion atterrira demain soir. Donc va faire tes bagages, ta belle-famille sera là d'un moment à l'autre. Elle viendra te chercher pour te conduire chez ton mari à badalabougou puisque tu es déjà sa femme ce n'est plus raisonnable que tu restes ici

- tu plaisantes j'espère

* Ai je l'air de plaisanter ? Tu as intérêt à aller vite t'apprêter avant qu'ils n'arrivent

- je n'y vais pas maman

* oh que si jeune fille, c'est ton mari qui a donné l'ordre

- De quel mari tu parles ? Un inconnu, quelqu'un que je ne connais même pas. Malgré toute cette histoire, il n'a jamais essayé d'entrée en contact avec moi, même une seule fois tout ce qui prouve son indifférence tout comme moi d’ailleurs

* Aïchata Ahmed Traoré, je ne suis pas ton égale. Je suis ta mère et tu vas faire ce que je te dis. Tu as intérêt à aller préparer tes affaires avant que je m'énerve. Ce n'est pas parce-que tu es une femme mariée maintenant que je vais m'empêcher de te botter le cul. Femme insouciante, petite fille pourrie gâter

Aïcha était perdue voire dévaster. Elle rentre dans sa chambre et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps. Tout s'écroulait au tour d'elle, absolument tout. Elle qui croyait avoir plus de temps pour se préparer psychologiquement pour affronter cette autre étape de sa vie, eh bien cela était perdu d'avance. Elle a essayé au plus profond d'elle d'accepter cette décision de ses parents mais elle n'y arrivait pas, c'était plus fort qu'elle. Et sa mère qui ne comprenait rien en rien. Mais en réalité son cœur est parti le jour où elle a été victime de cet incident. Elle se maudissait d'être née sous la mauvaise étoile.

Mais ce qu'elle avait oublié est que "ceux qui sont faites pour être ensemble finiront toujours par se retrouver et cela peu importe le temps et les obstacles" dressés sur leur chemin. Mais pour tout ceci elle n'en était pas si sûre.