Il s’était endormi dans le fauteuil du salon, à quinze ans, les lunettes de travers sur son nez, les livres d’économie ouverts sur ses genoux. Léonard s’était donné pour objectif de terminer ce chapitre avant minuit, mais le sommeil l’avait emporté, son corps maigre incliné, sa respiration lente. Sa mère était entrée, encore en blouse, fatiguée par ses deux jobs qu’elle cumulait pour le faire étudier dans une bonne école privée de Kinshasa. Elle s’était arrêtée, le regardant, la lumière jaune du plafonnier révélant les cernes sous ses yeux. Elle s’était approchée, avait pris délicatement les livres, refermé le cahier, rangé le stylo. Léonard avait ouvert les yeux à cet instant, pris d’un sursaut. Léonard : maman… désolé… je n’ai pas fini… Elle avait souri, un sourire doux, fatigué . So


