Le temps a perdu toute consistance. Je ne sais plus quel jour on est. Seuls les gestes répétés, les voix familières et le rythme de mes pansements me donnent un semblant de repère . Mais ce que je sens ce soir, c’est différent . Bruno est là , je le sais dès qu’il entre. Sa respiration. Son pas un peu trop léger, comme s’il tentait d’éviter de faire du bruit. Il n’est pas le même.
Alicia : salut, je dis en souriant, même si tout en moi est en alerte.
Bruno : Salut, répond-il. Sa voix est… neutre. Pas triste. Pas joyeuse non plus.
Je tends les bras, espérant le contact de ses mains, de son étreinte. Il m’embrasse sur le front, rapidement. Pas comme avant. Il a gardé ses distances.
Alicia : Tu vas bien ? je demande.
Bruno : Oui , juste fatigué. C’est tout.
Je hoche lentement la tête.
