Mon dilemme part 2

3536 Mots
  Elle se tint là, après m’avoir posée la question, attendant certainement que je lui réponde quelque chose d’intelligent mais, je n’avais rien de bien malin à répondre. Le temps avait passé mais, je n’arrivais toujours pas à être plein d’assurance en face d’elle. Je me tenais devant elle, et peut-être pour me donner un peu de courage je pris ses mains dans les miennes, mais sans la regarder dans les yeux :   -          Je te le demande, dis-je simplement   Abeng se tenait devant moi, et avait l’air d’hésiter, je ne savais pas ce qu’elle pouvait ressentir pour moi après tout ce temps. L’espace d’un instant je me surpris à penser que j’avais dû faire preuve de trop d’audace. Je l’avais quand même abandonné, enceinte de moi et avais fait le mort pendant plusieurs années, pas plusieurs mois non… plusieurs années et là… je me pointais devant elle, la bouche en cœur, avec des paroles mielleuses à la bouche, comme si elle n’avait pas d’autre choix que de me dire « oui ». C’était stupide. Et son silence me pesait. Je me disais que peut-être, je devrais laisser tomber, la laisser tranquille. Mais il y avait notre petite Akeng et rien que pour elle il me fallait au moins essayer. Au bout de quelques minutes, qui me parurent une éternité, elle soupira en fixant son regard sur moi :   -          Je ne sais pas Gora, ça dépends de pas mal de chose… -          Hey ma belle, lui dis-je en serrant ses mains plus fort, je t’en prie j’ai besoin que tu me répondes, je disais ça en l’attirant vers moi mais voyant qu’elle me souriait sans répondre, je me risquais à déposer un b****r sur ses lèvres   Elle se laissait embrasser sans répondre véritablement à mon b****r, et moi je voulais croire que c’était juste parce qu’elle ne voulait pas me donner le sentiment d’être en terrain conquis. Au bout d’une minute, je sentis la demoiselle tenter de se défaire de mon étreinte, mais je la tenais, j’avais arrêté de l’embrasser mais je la tenais toujours contre moi. J’espérais qu’elle me dise « oui » tout simplement, pas de longue conversation, pas de négociation, juste un « oui » qui m’aurait remplie de joie mais, j’avais mis trop de temps à revenir vers elle :   -          Gora laisses-moi, c’est gênant tout le monde nous regarde, elle disait ça en tentant de se défaire de mon emprise -          Alors réponds Abeng, tu me manques tu sais -          Gora ! cria-t-elle -          Ok je te lâche, fis-je en retirant mes bras de sur elle, j’ai compris, tu n’es pas prête à me répondre aujourd’hui, je vais te laisser tranquille, mais appelles moi, et promis, quel que soit l’heure cette fois je répondrais. Tu me manque ma belle, alors appelles-moi ok ?   Elle me poussa légèrement et sourit en me regardant m’éloigner. Je fis un signe de la main à Ndoum qui nous regardait assis dans le magasin, la gamine dans les bras. Ce gars j’avais encore du mal à croire qu’il n’y avait rien entre ma copine et lui. Je dis ma copine parce que le seul fait d’imaginer qu’elle ne le soit plus, me donnait mal au ventre, un genre de crampe. Comme un coup qu’on m’aurait porté sans complaisance, un coup plein de colère. Alors pour ne pas ressentir ça, je me disais en moi-même que mon amour me reviendrait tôt ou tard, ce n’était qu’une question de temps. Ndoum nous observait, toujours assis dans le magasin. Il paraissait déçu du déroulement de mon entrevue avec Abeng. Il me répondit en me faisant signe de l’attendre, puis il se leva, sortit du magasin et vint me proposer de faire un bout de chemin avec lui, après avoir rendu la gamine à Abeng, apparemment nous allions dans la même direction :   -          Je suis désolé que cela ne se passe pas encore bien avec Abeng, -          Comment ça ? fis-je étonné, j’aurais pu attendre du soutien de n’importe qui mais toi… -          Je sais qu’elle t’aime énormément, coupa l’homme, j’ai seulement le sentiment qu’il y a quelque chose qu’elle voudrait te dire avant de faire la paix -          Quoi ? -          Je ne le sais malheureusement pas, sinon je te l’aurais dit je t’assure -          Ah oui ? Et pourquoi tu m’aiderais à me remettre avec elle ? Demandais-je encore un peu sur mes gardes -          Parce que je pense qu’elle t’as attendu suffisamment longtemps, c’est tout, aucune femme ne reste des années toute seule pour les mêmes raisons tu sais, certaines restent seules parce que déçues et ça n’a pas l’air d’être son cas. D’autres le sont parce qu’elles sont concentrées sur des objectifs qui ne permettent aucune distraction, ce n’est pas non plus son cas. Je pense qu’elle t’attendait tout ce temps, au départ, quand je l’ai abordée c’était pour lui faire la cour, et elle m’a envoyé sur les roses, tu te rends compte -          C’est dur, fis-je en souriant, surtout pour un gars comme toi -          Tu n’imagines même pas, répondit-il en souriant à son tour, et puis j’ai joué les têtus, genre le type qui ne se démonte pas tu vois, au final on est devenus proches sans vraiment être des amis, et puis, Akeng elle me fait me sentir bien -          Je te comprends… -          Ooooh non tu ne comprends pas, coupa Ndoum en mettant ses mains dans ses poches après s’être passé la main sur le visage   Il resta silencieux un moment, comme perdu dans ses pensées, et semblait ne pas pouvoir les traduire en paroles. Alors je tournais les yeux vers lui, je le sentis ému. Il marchait près de moi le regard rivé vers le sol. Mon cœur se serra en le regardant, il paraissait en proie à une vive émotion et je me revoyais quelques mois plus tôt, lorsque je les avais croisés au super marché, Abeng et lui, en compagnie de ma fille. Je me surpris à anticiper ce qu’il allait dire, je savais que c’était quelque chose de personnel, très intime et je pris l’air sérieux que requérait la circonstance, il soupira et me regarda en souriant un peu malgré lui :   -          Il y a quelques années… j’étais avec une fille, depuis deux ou trois ans, on était bien, il avait les yeux qui brillaient en disant cela et moi je sentais que je m’étais bien trompé sur son compte. Un jour elle vient me voir, reprit-il, et m’annonce qu’elle est enceinte et moi, je suis là comme une bille et je lui dis « et alors tu veux que je fasse quoi ? » imagine la boulette -          Je l’imagine bien oui, -          Là elle se fâche, et je suis contraint et forcé de lui expliquer que je ne suis pas en train de rompre tu vois, je veux juste savoir ce qu’elle attend de moi c’est tout, alors elle se calme et me fait « épouse moi » comme ça sans crier gars (il sourit), il faut que tu saches un truc à propos de moi c’est que je suis le dernier de ma famille et j’ai trois grandes sœurs, dont une qui est un vrai pitbull, j’avais 21 ans, je venais d’avoir mon bac, et mes sœurs, elles ne me refusent jamais rien je te jure, je n’ai qu’à demander et en deux temps trois mouvements elles font un miracle juste pour leur petit frère chéri. Depuis que nos parents sont partis s’installer dans leur village, je n’ai jamais manqué de rien. C’est encore mieux que lorsque nos parents étaient en ville, mais le mariage ha ha, j’étais sûr qu’elles diraient « non », ce n’était même pas la peine de demander,   Au lieu de continuer de discuter en marchant dans la rue, il m’indiqua un petit restaurant du doigt. Je le suivis à l’intérieur et nous allâmes nous installer à une table dans le fond de la pièce. Une fois nos commandes passées, je ramenais son histoire sur le tapis :   -          Et qu’est-ce que tu as fait ? -          Rien, j’ai voulu être le plus honnête possible donc je lui ai dit « mes frangines elles te donneront tout ce dont tu as besoin, mais leur parler de mariage alors que je n’ai pas de quoi m’occuper de toi, ni boulot, ni rien, pas de rente, ni de petite affaire qui me permettrais de prendre soin d’une famille, ce n’est même pas la peine d’y penser», il dit ça et se tut un instant encore… elle n’a rien voulu savoir, elle est rentré chez elle en colère, alors moi j’appelles ma grande sœur, l’ainée, c’est la plus folle des trois mais paradoxalement, c’est la plus sympas, je lui explique ce qui se passe et là elle me sors « oh sainte mère cette fille, elle se fout de toi petit frère » je reste un moment silencieux et je lui demande pourquoi elle dit ça, et la ma grande me dit « tu te souviens les tests de fertilité que les parents t’avaient obligé à faire avant que tu passes ton examen ? » et comment que je m’en souvenais, « ils ont refusé de me donner les résultats » je lui dit ça direct, et là elle me dit « tu as des problèmes de fertilité, il se peut que tu ne puisse pas avoir d’enfants, avec les autres on avait prévu de te faire subir une opération que les médecins avait recommandée aux parents quand tu aurais 25 ans le temps d’avoir assez de sous de côté pour ça et que tu nous ais présenté ta copine enfin une fille plus sérieuse que celle-là » -          Oh non ! -          Si mon gars, cette fille je l’aimais comme un dingue mais, elle s’était bien f****e de moi, pendant quelques longues minutes il garda encore le silence -          Et ??? -          Je lui ai expliqué toute l’histoire mais au lieu de s’excuser, elle s’est entêtée en disant que ma sœur était une menteuse, tu sais comment parlent les femmes et bla bla bla… en résumé elle voulait m’obliger à m’occuper de cette grossesse, et pour une fois je ne me suis pas démonté, je lui ai dit que je n’allais pas le faire mais qu’à la naissance du petit, je lui rembourserais deux fois tout ce qu’elle aurait dépensé, si les tests prouvaient que c’était bien mon enfant, d’un coup elle se tait et me regarde, j’attends de longues minutes et je l’entend m’avouer qu’en réalité elle ne sait pas qui est le père de son gamin, je me dit qu’elle m’a peut-être trompé mais bon c’est rien ça, mais non, en réalité elle avait trois autres mecs en dehors de moi, et pas n’importe quel genre de gars, mais le problème c’est qu’ils étaient tous mariés et n’avaient aucune ambition de s’engager avec elle, et aucun ne voulaient prendre la responsabilité de ce gosse   Je regardais ce grand gaillard me raconter son histoire ému et secoué, en pensant au pauvre gamin qui n’avait rien demandé, et voilà qu’il se retrouvait au milieu d’un mini drame dans lequel sa vie était en jeux, mais malheureusement pour lui, personne n’allait lui demander son avis. Parce que les intérêts qui étaient en jeu étaient ceux d’autres personnes, et qu’aucune d’elles ne se mettraient en danger pour lui. En écoutant Ndoum me raconter son histoire, je me sentais d’un coup le type le plus chanceux du monde. Mince, je ne m’imaginais pas à sa place, je serais devenu fou. Rien que d’imaginer qu’Abeng puisse être avec un autre m’avait perturbé mais ça… il s’était de nouveau tût, il se tenait près de moi en silence, la tête baissée, le regard lointain. Et moi j’essayais de me mettre à sa place, qu’est-ce que j’aurais fait ? Qu’est-ce que ça m’aurait fait ? Je n’arrivais même pas ne fut-ce qu’à imaginer Abeng dans les bras d’un autre alors apprendre qu’elle m’avait trompée avec plusieurs autres, et que l’un d’entre ces types lui avait fait un gamin :   -          Et, question stupide, vous deux ? C’est devenu quoi ? -          Après ça, j’ai pris mes distances j’étais dégouté, j’ai demandé à mes frangines de m’offrir une virée dans un autre pays, quelques temps, je suis allé au Sénégal, j’y ai passé un peu moins de deux ans et puis en rentrant j’ai ouvert une papeterie, enfin j’y vends plein d’autres choses aussi, mais je l’ai revu il y a quelques temps un peu avant de faire la connaissance d’Abeng, elle était venu passer les vacances dans sa famille, elle est à la fac maintenant, elle fait du droit et les choses semblent aller bien pour elle… elle a avorté de son gamin, -          C’était complètement stupide, -          Je le lui ai dit, mais elle a rétorquée qu’elle n’allait pas élever un enfant toute seule, qu’elle n’était pas prête à assumer la honte et le regard des gens etc etc… enfin bref, vu la tournure que commençait à prendre la conversation, j’ai préféré m’arrêter là. Si bien que lorsque j’ai rencontré Abeng et la petite princesse j’ai craqué sur le duo, je le vis sourire en disant ça, je suis persuadé que si elle avait eu son bébé, et qu’on s’était revu à mon retour et qu’elle s’en occupait seule, je serais retourné avec elle, même si ce n’était pas mon gamin je l’aurais aimé de tout mon cœur, au moins autant que j’aime sa mère -          Tu l’aimes encore ? Lui demandais-je étonné -          Et comment que je l’aime encore je suis sorti trois ans avec cette fille, ce n’est pas rien, tu vois l’amour est un sentiment dont on ne se débarrasse pas si facilement, même le temps a beaucoup de mal à venir à bout de lui tu ne crois pas ? -          Hum tu as raison ! dis-je résigné   Il avait raison. Et j’aurais certainement réagi de la même façon s’il s’agissait d’Abeng, j’aurais été en colère quelques temps et puis je serais revenu. Ma petite princesse j’en étais dingue, et le temps n’avait pas changé ça, bien au contraire. Rien que de revoir Abeng avait fait tomber toutes mes bonnes résolutions, et heureusement pour moi que mère nature avait un truc sous le coude pour moi dans la foulée. Finalement au lieu de rentrer chacun chez nous, on avait fini par passer le reste de la journée ensemble dans ce restaurant à manger, boire et à se raconter nos vies. Ndoum se dit qu’il s’était fait un ami de plus, et c’était bien selon lui. Nous n’avions pas énormément de choses en commun mais on semblait très bien se comprendre, et je crois pour ma part que c’est l’essentiel. Je pensais quant à moi qu’il avait pris soin de ma petite famille en mon absence, et m’aidait encore à tenter de comprendre les réticences d’Abeng, alors il méritait bien le titre d’ami. Des heures durant nous avons discuté sans se soucier du temps qui passait, ni de l’heure. J’avais perdu de vu plusieurs de mes amis du lycée, et ça me manquait pas mal, les longues heures à bavarder, autour d’un verre ou d’une bonne bouffe. A se plaindre de nos familles ou de nos nanas, le bon vieux temps quoi ! Mais j’étais plus détendu qu’au lycée parce que je vivais chez moi désormais. Si tout se passait bien avec Abeng elle pourrait venir me voir chez moi avec la petite ou venir vivre avec moi, et ce serait sans stress. Grâce à mon patron j’avais grandi de plusieurs années. J’étais devenu un homme. J’avais un boulot super, un contrat sur la durée, une maison à moi où je pouvais dormir sur mes deux oreilles parce que ma mère elle ne savait pas où me trouver. Elle avait un téléphone en cas de besoin et je serais toujours là pour elle, mais elle ne pourrait pas venir s’immiscer entre mes deux princesses et moi. Une victoire par chaos ! Je rentrais ce soir-là avec des étoiles plein la tête. Je passais un coup de fil à Mori pour lui dire que j’avais revu Abeng et que j’avais aussi vu ma fille de près, et combien elles étaient belles toutes les deux :   -          Je ne sais pas encore si Abeng acceptera de revenir avec moi, mais une chose est sûre… -          Dis-moi ! -          Je ne vais pas la laisser tomber encore une fois toute seule avec la gamine, je serais là pour acheter les fringues, la bouffe, payer pour l’école et tout ce qu’il lui faudra à ma gamine… -          Tu as raison, tu as l’aire tout content d’être papa hein ? Fit Mori en souriant -          Oui, c’est dingue, et la petite elle a l’air d’un ange, mais j’ai un peu peur tu sais -          De quoi dis-moi, -          Elle est si petite, on dirait qu’elle est malade et ça m’inquiète beaucoup -          Faudrait que tu en parles avec sa mère, elle est le mieux placée pour te rassurer, mais si c’est juste un problème de croissance tu sais on n’est pas tous fait pareil -          C’est sûr   Je raccrochais le sourire aux lèvres, je planais. Une famille rien qu’à moi. Il fallait qu’elle me dise « oui », je ne renoncerais jamais à la femme de ma vie. Elle devait revenir. Et j’étais prêt à tout pour cela. Je n’étais pas un homme à femme et de ce côté-là elle n’avait jamais eu à se plaindre. Mais j’allais faire encore mieux. J’étais plutôt possessif et jaloux comme garçon, et me promis que si elle acceptait de me redonner une chance, je lui laisserais de l’espace. Elle pourrait avoir une vie en dehors de moi, et je ferais en sorte que cela ne devienne pas une source de dispute entre elle et moi. C’était ce que je m’étais promis. J’apprendrais à lui faire confiance, surtout, parce qu’elle ne m’avait jamais donnée aucune raison de douter de sa loyauté. C’était avec elle que je voulais faire ma vie. J’en étais certain.  
Lecture gratuite pour les nouveaux utilisateurs
Scanner pour télécharger l’application
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Écrivain
  • chap_listCatalogue
  • likeAJOUTER