Chapter 2

1124 Mots
  Ses yeux étaient sombres et indéchiffrables. Les siens ? Complètement dénués de vie. Le garage était comme un vide—tendu, suffocant. Et cette fille ? Toujours accrochée sans honte à Lucas, enroulant ses bras autour de son cou comme s'il lui appartenait, murmurant des choses incompréhensibles à son oreille, comme si Claire n'était même pas là.   Claire sentait ses yeux brûler rien qu'en les regardant. Elle détourna le regard, monta dans sa voiture et s'en alla sans leur accorder un regard supplémentaire.   Peu de temps après être rentrée, le bruit familier d'un moteur troubla le silence en bas. Claire était dans le dressing, détachant son collier devant la vitrine de verre, lorsqu'une présence imposante se glissa soudainement derrière elle. Un mur de chaleur et de tension. Son parfum imprégnait l'espace autour d'elle.   Il posa ses mains de chaque côté de l'armoire, se rapprochant pour capter son expression dans le reflet. "T'es en colère ?" demanda-t-il d'une voix basse.   Claire ne broncha même pas. Avec précaution, elle déposa le collier, chaque geste parfaitement mesuré. "Assez en colère pour tuer quelqu'un. Tu devrais rester sur tes gardes," dit-elle, d'un ton presque indifférent.   Lucas la fixa longuement avant de répondre. "Les Morgan veulent s'associer avec Polaris," commença-t-il. "J'ai discuté avec Nathan Morgan. Cette fille, c'est sa sœur."   La voix de Claire se fit froide, ses yeux évitant toujours les siens. "Et quoi, si tu n'amuses pas sa sœur, il retire l'affaire ?"   "Claire, j'essaie de t'expliquer—ne commence pas avec ton sarcasme."   "Je ne vois pas l'intérêt d'expliquer," finit-elle par dire en se tournant vers lui. Son regard était perçant, calme, comme si elle voyait à travers lui. "Lucas, si tu en as marre, si tu veux que quelqu'un d'autre tienne cette maison—je ne t'empêche pas."   Le visage de Lucas s'assombrit aussitôt. "Qu'est-ce que tu viens de dire ?"   "Je t'ai dit", soupira-t-elle, "divorçons, tout simplement."   Elle commença à s'éloigner, mais il la rattrapa brusquement, la tirant en arrière. Sa main saisit son menton avec un avertissement implicite, sa voix glaciale. "N'y pense même pas."   Claire resta silencieuse.   Mais la vérité ? Elle y avait déjà pensé. Elle en avait assez.   Lucas rentra brièvement ce soir-là, resta tard, puis repartit après avoir reçu un appel. Claire avait clairement entendu des sanglots d'une voix féminine à l'autre bout du fil.   Le matin suivant, son avocat—et ami de longue date—lui envoya une capture d'écran : c'était une nouvelle publication de la petite amie de Lucas. Une photo prise au sommet d'une montagne, deux mains formant un cœur—l'une grande, l'autre petite—avec la légende : "Sentir le battement de cœur l'un de l'autre sous le doux soleil du matin."   Elle reconnut immédiatement cette grande main.   Celle de Lucas.   Claire resta pétrifiée pendant un long moment, sa tasse d'eau serrée dans sa main.   Lorsqu'elle finit par la reposer, le verre heurta la table avec un cliquetis sec, comme si quelque chose en elle s'était brisé et était tombé à jamais.   Pendant les jours suivants, Lucas ne rentra toujours pas à la maison. La seule fois où elle le vit fut lors d'une réunion d'entreprise—il siégeait à la tête de la table, elle était assise avec les autres cadres de part et d'autre.   Aucun regard échangé. Aucun mot.   Claire ne chercha même pas à monter à l'étage pour le trouver. Lorsqu'elle ne s'occupait pas à chercher un nouvel appartement, Claire passait son temps à se débarrasser de tous les cadeaux que Lucas lui avait offerts au fil des années—les présents d'anniversaire, les surprises pour la Saint-Valentin, même leurs alliances.   Depuis que cet homme n'était plus dans sa vie, à quoi servait-il de s'accrocher à des poids émotionnels inutiles ? Ce soir-là, Lydia l'invita à passer la soirée dans un club privé. Il était déjà près de onze heures et Claire n'était pas vraiment d'humeur, mais comme elle venait de quitter le Groupe Prosperon et prévoyait de monter sa propre entreprise, élargir son réseau semblait nécessaire. Elle décida donc d'y aller.   Dès qu'elle entra dans le club, elle aperçut Lydia. "Lydia, pas besoin de descendre, j'aurais pu monter toute seule", dit-elle. Lydia passa un bras autour de celui de Claire et l'entraîna dans l'ascenseur en riant. "J'avais peur que tu te perdes. C'est ta première fois ici, non ?" Elle n'avait pas tort—Claire n'avait jamais mis les pieds dans cet endroit auparavant.   En haut, Lydia la conduisit dans une grande salle privée. Au milieu se dressait un paravent imposant, divisant l'espace en deux. Claire remarqua le bruit et le brouhaha venant de derrière le paravent. Mais Lydia ne l'emmena pas là-bas. Elle la guida plutôt vers le côté où seule une autre femme était assise. Claire la reconnut vaguement—probablement la petite amie d'un des amis de Lucas.   La femme sembla reconnaître Claire elle aussi. Bien que son sourire fût légèrement gêné, elle la salua poliment. Après avoir enlevé son manteau, Claire s'assit. Lydia avait déjà quitté la pièce. Elle prit une gorgée de la boisson qu'on lui avait offerte et peu à peu, les voix animées de derrière le paravent devinrent plus distinctes.   Et tout à coup, elle entendit son nom. "Lucas ne ramène même plus Claire avec lui, hein." "Eh bien, évidemment. Mademoiselle Morgan est jeune et mignonne. Il la traite comme si elle était en or."   "Il était temps que Lucas change un peu après toutes ces années."   "Certes, Claire est belle, mais huit ans ? Il doit être lassé d'elle."   "Elle est un peu stupide, franchement, elle est restée pour rien. Si Lucas en a fini avec elle, peut-être que j'aurais ma chance. Sa taille me hante depuis des années."   Les yeux de Claire devinrent glacials.   Elle reconnaissait au moins deux de ces voix—des gars qui lui faisaient du charme à chaque fois qu'ils la voyaient.   La femme assise à côté d'elle semblait tellement gênée qu'elle n'osait même pas croiser son regard. Quand Claire se leva, elle a probablement pensé qu'elle allait partir en courant.   Mais Claire s'éclaircit la gorge, leva son verre, et se dirigea calmement vers l'écran. Elle s'y adossa nonchalamment et interrompit leur petite séance de commérages d'une voix détendue :   "Eh bien, n'allons pas réécrire toute l'histoire. Je veux dire, quand Lucas s'est mis avec moi, il était encore un petit timide inexpérimenté. Je peux dire que j'en ai bien profité pendant ces huit ans, non ?"   Silence.   Tout le monde dans la pièce la fixait comme s'ils avaient vu un fantôme.   Et à peine avait-elle fini de parler que deux silhouettes imposantes entraient dans la salle derrière elle.   Tous les regards passèrent d'elle… à la porte.   Et c'est là que la panique commença vraiment.
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