DIX ANS ET SIX MOIS PLUS TARD: CANADA, 2018
Travor
─ Monsieur MacCoy, la connexion est déjà énoncée avec Paris.
De sa voix craintive, ma nouvelle secrétaire m'annonce qu'il faut que je me rende dans la salle de réunion, pour suivre en vidéo conférence la lecture du testament de Patrick, le meilleur ami de mon défunt père. Je hoche la tête sans la regarder pour lui signifiant que j'ai compris. Dans son tailleur informe, et sous ses grosses lunettes de directrice d'école, elle inspire la confiance bien que son aspect physique soit repoussant. Nouvelle voiture elle, n'a pas encore bouclé la semaine dans l'entreprise.
De nos jours, les bonnes secrétaires sont devenues une denrée rare. Toutes celles qui ont défilé devant mon bureau finissaient par s'enticher de moi. La dernière en date, m'attendait nue il y a quelques jours dans mon bureau me suppliant de coucher avec elle. Ah! Ce jour-là j'ai été traumatisé! J'en suis même venu à demander aux services des ressources humaines que ma potentielle secrétaire soit le total des goûts habituels.
Je ne suis qu'un homme, et elles doivent me remercier de ne pas me laisser prendre à leur jeu. Je ne mélange jamais travail et sexe. C'est une de mes règles, et sur celle-là je suis intransigeant. D'ailleurs je n'aime pas qu'une femme s'offre à moi, je préfère prendre mon temps et mener la danse de la séduction. Bien entendu, elles savent tout que ce qui nous lie n'ira jamais au-delà de quelques semaines, voire quelques jours.
La durée de mes relations dépend de mon humeur du moment. Et puis je ne vois pas pourquoi les femmes s'obstinent à vouloir revendiquer, leur droit au travail. À la fin elles finissent enceintes puis mères de famille et sont incapables d'exercer. Toutes ses années à s'échiner, partent en fumée. Si je me marie un jour, ma femme devra totalement se consacrer à sa famille. Il n'y aura pas d'activité secondaire, rien.
Si ce n'est pas le cas, c'est qu'elle n'est pas encore prête à être ce qu'elle est: une femme. Certains me qualifient de sexiste. Si je l'étais, aurais-je embauché des secrétaires qui pour finir, m'agressent moralement, avec leurs techniques à deux balles de séduction?
─ La réunion peut commencer.
Elle passe la tête à travers l'entrebâillement de la porte, de mon immense bureau à l'aspect impersonnel, pourtant décoré par des professionnels. Je me lève, sans grande conviction, le regard pourtant impassible du siège si confortable de mon bureau. Au moins pour ce qu'il en est du mobilier cette agence, à essayer de bien faire.
Je sors, avec des incertitudes, pleins le crâne. Pourquoi, Mendez-vous à-il insister sur le fait que je doive assister à la lecture du testament de Patrick? Cette histoire est un véritable imbroglio.
Il y a six ans, après la mort de mon père, Mendez a déclaré que son testament ne pourrait être lu. Il fallait apparemment l'ouvrir après une certaine période. Malgré mon insistance il ne m'a pas expliqué les raisons. Aujourd'hui il a convoqué une réunion qui occupe, la famille de Patrick, ma mère et moi. Intrigant. Je suis certain que Patrick m'a légué ses parties de l'entreprise, sa fille ne devait pas être à la hauteur de ses espérances.
Qu'en ferait-elle d'ailleurs? Je l'ai perdu de vue il y a des années, huit ans pour être précis. Quand le cancer de mon père à commencer à l'affaiblir, j'ai dû immédiatement prendre le relais des affaires ici au Canada, j'ai travaillé en étroite collaboration avec Patrick pendant toutes ses années. Il s'est sûrement rendu compte de mon potentiel. C'était un homme bon, droit et juste, sa perte comme celle de mon père a vraiment été douloureuse. L'entreprise à connu sous son impulsion avec la brillante idée d'un des responsables de la création d'une nouvelle branche: celle des voitures. Après les moteurs, et les pièces nous avons décidé de créer nos propres modèles de voiture.
Les prototypes '' DAVCOY '' ont été très convaincants, je dois en effet rencontrer sous peu l'auteur de cette brillante idée. Un génie sans doute, que je me ferai un plaisir d'associer à ma cause. Avec son talent et mes capacités l'entreprise connaîtra son apogée. Mademoiselle Davenport ne sait rien de l'entreprise .Ce qu'elle fait en ce temps? Je n'en ai aucune idée. Lui léguer les parts de l'entreprise serait un gâchis. Quel âge aurait-elle maintenant? Vingt-deux? Vingt-trois? Je n'en sais rien et je m'en moque. L'amitié de nos pères, ne nous a nullement rapprochés.
Déjà gamine elle était insupportable. Hautaine, et capricieuse, elle soufflait le chaud et le froid pour un rien. Une fille à papa quoi. Elle n'a certainement pas changé. J'espère qu'elle aura bien la nouvelle, et fera sans sourciller les dernières volontés de son père. Je lui verserai une rente par mois. De quoi mener l'activité favorite des femmes: le shopping. Je doute qu’elle sache faire quelque chose d’autre.
Je pose la main sur le poignet de la porte le cœur battant. Je vais enfin devenir le directeur général de Daven & Coy Corporation. Pour le moment je ne suis que le directeur de la firme canadienne, mais j'ai les ressources nécessaires pour l'être. Avec les jambes de Patrick et celui de mon père, aucun des associés ne pourra contester mon futur poste. Je m'assieds, sur la chaise qui trône au bout de la table. Le regard fixé sur l'écran plat, j'ai une vue panoramique sur le bureau de Mendez, pourtant à Paris.
Merci la technologie! Sinon je me serai taper un vol, pour ça.
J'aperçois en plus de Mendez, ma mère et madame Davenport, la femme de Patrick, où est sa fille d'ailleurs? Elle n'a pas jugé bon de venir à la lecture du testament? Peut-être qu’elle est déjà informée que je reçois tout, et qu’elle boude. Qui sait.
Évite de t'avancer, rien ne prouve ta théorie . Me glisse prudemment ma conscience.
Ma mère me fait un grand sourire, pour me saluer et Roselyne Davenport allias `` Rosy '' me fait un signe de main discret, elle aussi sourire aux lèvres. Mais je sens une certaine tension sur leurs visages. Heureusement que je ne suis pas dans cette pièce avec eux. Je sais que j'ai raison. Elle n'est pas là non plus. À l'enterrement de son père il y a trois mois, elle n'était même pas présente à l'inhumation du corps. Cette fille n'a aucun respect. Ma mère m'a annoncé qu'elle est venue après le départ de tous les invités, je ne l'ai pas vu, moi je suis reparti tout de suite après.
À celui de mon père, je l'ai entrevu quelques minutes, mais je n'avais pas la tête à discuter. Elle ne s'est même pas rapprocher de moi. La voix, calme de Mendez me sort de mes pensées pour cette fille qui n'en vaut pas la peine. Patrick aurait dû avoir un fils.
Raoul Mendez, le troisième larron de la b***e que formait mon père et Patrick. Lui c'est leur homme de droit. L'avocat de nos deux familles, il est comme un père pour moi. Il m'a toujours été très bons conseils. Son fils est mon meilleur ami.
─ Bien le bonjour à tous. Travor je suis heureux que tu sois présent. Kaylee n'a pas pu se joindre à nous à la dernière minute, pour des raisons professionnelles ...
J'esquisse un sourire sous cape à l'évocation du motif de son absence. Raisons professionnelles mon œil, que sait-elle faire? À part profiter de la fortune de son père?
─ ... Sa mère ici présente la représente mais bien évidemment, elle reçoit comme cela se doit, une copie des deux testaments ...
De toute sa tirade, deux mots retiennent mon attention. >. Comment ça deux? Nous sommes ici pour écouter la lecture d'un seul testament en principe. Je l'interromps immédiatement:
─ Raoul, tu as bien dis deux testaments?
─ Oui. Vous aurez lecture de deux testaments, celui de ton père et de Patrick.
Je me fige un instant, en comprenant. Donc, le testament de mon père ne devait être lu qu'après la mort de Patrick? Ça ne me dit rien qui vaille. Quels coup ont-ils encore préparés? Je me redresse dans la chaise, l'esprit alerte, regrettant presque de ne pas être avec eux.
Tu viens de penser le contraire. Ironise méchamment la voix dans ma tête. Oui. Mais c'était avant de découvrir le piège. Il va lire le testament de mon père bon sang!
─ Avant de commencer je tiens à vous prévenir de ce qu'ils étaient tous les deux en pleine possession de leurs esprits, avant de rédiger ses documents. J'interviens d'ailleurs comme témoin sur chacun des documents. Ils ont rédigé des testaments Olographes.
S'il pense que ce qu'il dit est censé nous rassurer, c'est l'effet contraire qui se produit chez moi. Je sens qu'il y a une arnaque sous cette histoire. Il sort d'une grande enveloppe kaki deux documents. Il les met en évidence devant la caméra pour que je puisse les voir ici. Je n'arrive pas à déceler sur le visage de Raoul, un signe qui me prévoit de savoir à quoi m'en tenir.
Ma mère moi jette des petits coups d'œil perturbés. Si même elle, ne comprends pas, alors je me rends.
─ Le testament olographe est rédigé par le testateur lui-même, selon des règles précises. De son vivant, il est possible de prévoir un testament afin d'avantager un héritier ou un tiers à sa succession, en lui transmettant tout ou une partie de son patrimoine. Ils n’ont pas eu besoin d’un notaire pour les rédactions qui sont totalement manuscrites. Nous allons commencer par celui de René. Puisqu'il est mort en premier.
Il commence par celui de mon père bordel! Utiliser le langage juridique ne me stress pas outre mesure. Je suis confiant, malgré la pointe d'inquiétude qui nait en moi. Après un dernier raclement de gorge, Raoul commence enfin sa conférence.
─ Je soussigné: René MacCoy, né le 11 février 1966 à Melbourne, demeurant en France, à Paris, rue 1234, déclare établir le présent testament en vue d'exprimer mes dernières volontés.
Il est rappelé que je possède les biens immobiliers suivants: quinze immeubles tous en location et cinq parcelles. Sans oublier mon domicile, et mes cinq résidences. D'autre part, je possède les biens mobiliers suivants: Voitures, meubles, tableaux, et autres. Enfin, je possède des actifs financiers: 40% des parts de l'entreprise Daven & Coy Corporation que je codirige avec mon associé. Les revenus financiers sont gérés la Banque financière, ainsi que toutes mes liquidités. Cette somme s'élève à plusieurs milliards d'euros sans compter les bénéfices non acquis.
Je souhaite qu'après mon décès, ces biens soient attribués à mes héritiers de la manière suivante: à mon épouse Carole MacCoy: je lègue la totalité de mes biens immobiliers à l'exception de mon présent domicile sis à Paris. Elle pourra bénéficier des frais de location à ma mort et s'engager à entretenir ses biens pour la postérité. Je souhaite également, qu'on liquide tous mes biens meubles et que le revenu soit inversé à l'association `` Instants de bonheur '', dirigée par Roselyne Davenport.
Raoul fait une courte pause et m'observe, l'air sérieux.
─ La partie, est très complexe veuillez me suivre avec attention et ne m'interrompez surtout pas. À la fin de la lecture vous aurez des éclaircissements.
Pourquoi ai-je l'impression que malgré qu'il emploie le pluriel, c'est uniquement à moi qu'il s'adresse? J'essaye de trouver une nouvelle position plus confortable dans mon siège.
─ Quant à mon fils: Travor, Euchard MacCoy, je lègue la moitié de mes actions au sein de l'entreprise: 20% ...
Commentaire? 20% ?? Mais pourquoi? M'insurgé-je, intérieurement.
-... Ainsi que la totalité de mes finances. Sous réserve d'une clause inscrite plus bas.
Sous réserve de quoi? C'est une blague c'est ça? Malgré mon incompréhension, je prends sur moi pour le laisser finir, il y a sûrement une erreur.
─ Pour finir à Kaylee, Mary-Fée Davenport je lègue la seconde moitié de mes actions. Sous réserve d'une clause.
─ Quoi? Vocifère ma mère, le regard tourné vers moi.
Sa voix me sort de la léthargie momentanée, dans laquelle m'a plongé la suite de la lecture. Comment il a pu laisser 20% à cette fille? Je serre les points, sentant la colère montée en moi. Il savait très bien que j'avais besoin de la totalité des actions pour diriger la société, à quel jeu il comptait jouer en décidant cela? C'est ridicule!
─ Carole, je te prie de garder patience jusqu'à la fin. Je continue, je vais donc vous lire la clause compromissoire. Mon fils et Kaylee n'entreront en pleine possession de leurs jambes, qu'une condition.
─ Parce-que, les 20% sont conditionnés?
Je n'ai pas pu m'empêcher de sortir cette phrase. Raoul me lance un regard réprobateur avant de reprendre sa conférence.
─ La condition est le mariage ...
Il veut que je me marie avant?
─ ... Travor et Kaylee doivent se marier pour bénéficier des pièces.
Les battements de mon cœur se figent un instant et je me pétrifie sur place. Ai-je bien entendu? Moi me marier avec cette fille?
─ Raoul c'est quoi cette m***e? Me révolté-je. Je me lève de mon siège, outré et révulsé. C'est de la connerie!
─ Travor! Calme-toi et suis la lecture jusqu'à la fin.
Ma mère est atterrée par la nouvelle, sa mère à elle dévisage Raoul comme s'il revenait de la lune. On peut dire que la surprise est totale.
─ Non Raoul je ne peux pas te laisser aller au bout de cette farce. Tu t'entends?
─ Assieds-toi Travor! Cette farce comme tu le dis c'est la dernière volonté de ton père. Sois respectueux envers sa mémoire vu que tu n'en a évidemment pas pour nous.
─ Je ne te permets pas de parler à mon fils de la sorte Raoul, sa réaction est tout à fait justifiée tu ne crois pas? S'étrangle ma mère prête à exploser.
─ Il pourrait au moins attendre que je termine pour se prononcer.
─ Ce n'est pas une raison pour ...
─ Maman, du calme. De toutes les façons ça ne peut pas être vrai, papa ne peut pas avoir écrit ça.
Elle me regarde à travers l'écran et je sens qu'elle est tout aussi perdue et en colère que moi. Je regrette vraiment de ne pas être sur les lieux. Étrangement, Rosy ne dit pas un mot. Je reprends plus calmement en m'asseyant.
─ Raoul, je te laisse terminer. Concédé-je, malgré moi. Sans m'accorder un regard, il poursuit sa conférence.
─ Travor et Kaylee doivent donc se marier et après le mariage ils possèderont chacun leur 40%. Ensemble ils ont 80% et codirigeront l'entreprise. Six mois, voire un an, mais pas plus, après leur mariage, ils doivent concevoir un enfant. Je m'arrête pour vous expliciter ce passage.
Oui fais-le, parce que ce que tu lis n'a aucun sens. J'essaie de garder mon calme. Tandis qu'il se lance dans ces explications.
─ Dans son testament, Patrick a fait pareil que René. Travor il te laisse 20% de même qu'a sa fille, qui reçoit la totalité de ses finances tout comme toi. Donc vous avez chacun 40%, des parts de l'entreprise. Si bien sûr vous acceptez les conditions.
Je dispose du même nombre d'actions qu'elle? Moi qui me suis donné corps et âme pour la société? C'est des foutaises!
─ Et si je refuse de l'épouser?
─ Si l'un d'entre vous refuse, sa part sera reversée à l'autre.
─ Bon a chanté!
─ Si vous refusez tous les deux, les parties seront liquidées et l'entreprise sera vendue à un tiers. Les revenus seront au profit des associés, néanmoins vous recevrez 10% chacun des bénéfices de la vente.
─ De pire en pire. Papa a perdu la boule! Dis-moi qu'il n'a pas réellement écrit ce testament. Dis-moi que c'est une mauvaise blague. Me suis-je écrié, apeuré par la réalité des faits. Vendre l'entreprise? Celle pour laquelle il a tant donné pour une idée stupide et dépourvue de bon sens?
─ Par contre si vous consentez, vous recevrez vos jambes, mais en signant un contrat qui stipule au bout d'un si vous ne concevez pas d'enfants, vous renoncerez de votre plein gré à votre avoir. Le contrat de mariage est d'ailleurs déjà préétabli. Cette clause y figure. Ajoute-t-il, indifférent à ma détresse.
Face à notre silence Raoul continue la lecture, et je l'écoute à peine. Ce n'est pas possible, moi qui craignais une arnaque, c'est carrément de la folie ces testaments. Un mariage forcé! Mon père me connait, il a su mettre des gardes fous pour m'empêcher de trouver un moyen pour contourner sa volonté. Mais ce n'est pas encore perdu, je vais trouver un moyen. Je porte mon attention vers Raoul.
─ ... Ils ont deux semaines et pas plus pour donner leur accord ou non. Après quoi la procédure de liquidation devra être enclenchée par mon avocat Monsieur Raoul Mendez. Fait à Paris le 17 janvier 2010.Ont signé le testateur et ses deux témoins Patrick Davenport et Raoul Mendez.
─ C'est insensé Raoul, et tu le sais! Je beugle, tremblant de rage.
─ C'est leur décision.
─ Comment as-tu pu cautionner cela? Tu es un juriste bon sang! Un pareil testament est un ramassis d'insanités!
─ C'est pourtant un document, rédigé comme il se doit, dans les règles de l'art, bel et bien légal et incontestable. Il est clair sans aucun point d'ombre.
Bordel de m***e, mais que raconte-t-il? Il est aussi fou que mon père et Patrick. Non mais c'est de la connerie, une véritable bêtise!
- Tu me dis ainsi que si je refuse d'épouser Kaylee, je perdrai tous mes droits?
─ Tu auras 10% de ...
─ Mais je m'en branle moi des 10%! Toute ma vie j'ai bossé dur pour l'entreprise. Et un coup de tête mon père vient foutre toute ma vie en l'air! J'ai une vie privée, figure toi, en aucun cas je ne peux épouser cette fille.
─ Tu connais déjà les conséquences d'un refus.
─ Je veux révoquer le testament.
─ Tu ne peux pas.
─ Pourquoi pas ? Jusqu'à preuve du contraire la loi m'en donne l'autorisation!
─ Vous avez deux semaines pour vous décider Travor. Une révocation de testament ne se règle pas en deux semaines. Encore moins si c'est un testament Olographe.
Putain de m***e! Je suis dans un cauchemar. Non dans un monde parallèle.
─ C'est un mariage forcé Raoul ! Un p****n de mariage forcé orchestré par mon père depuis l'au-delà. C'est inadmissible!
─ Travor, mes considérations personnelles n'entrent pas en jeu ici. Je propose que nous nous voyions dans quelques jours avec Kaylee, pour en discuter avant l'échéance.
L'autre, n'est même pas là. Son absence est un manque total de respect. C'est irresponsable! Papa pourquoi at-il fallut que tu me pourrisses ainsi la vie? Pourquoi?
─ Décide avec elle du jour, et tiens-moi informé. Je rentrerai à Paris.
─ Bien. Je vais t'envoyer, ainsi qu'a Kaylee une copie de chaque testament, pour une relecture. Si tu as des points d'ombre n'hésite pas à m'en parler.
Points d'ombre? C'est le brouillard complet oui!
─ Je dois vous laisser. Ma présence est indispensable pour la lecture du testament de Patrick?
─ Non, tu sais déjà ce qu'il contient.
Il faut que je sorte de cette pièce afin d'extérioriser ma colère. Un maelström d'émotions se déferle en moi: Rage, déception, déchéance, ahurissement, impuissance, désolation ...
─ Au revoir Raoul. Maman, Rosy ... à bientôt.
Je sors du bureau en claquant la porte comme si ce geste allait me calmer.
Du calme, tu n'arriveras pas à penser dans cet état. Il y a sûrement une solution. Me sermonne ma conscience, comme si le fait de moi plus calme arrangeait quelque chose à mon malheur. Je traverse le couloir en grande enjambées, j'entre précipitamment dans la cabine de l'ascenseur, sous le regard hébété de ma secrétaire et j'appuie rageusement sur un bouton.
Je ne suis pas d'humeur, et je ne suis plus capable de travailler de la journée. Je déteste mon père. À cet instant précis, j'aimerais pouvoir le voir et lui demander, pourquoi il me fait subir cela. C'est un test? Pour voir si je suis prêt à prendre la direction de l'entreprise? C'est invraisemblable, c'est ... En dessous de toute considération, c'est ... Bon sang!
Il faut que je me défoule. Dès que les portes coulissantes s'ouvrent, je sors de la cabine. Quelques minutes plus tard dans le parking, je me dirige vers ma voiture. Mon petit bijou. Ma merveille. Ma Bugatti, j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux. Si elle était une femme j'en serai fou amoureux. La conduire me fait un bien fou, quand je suis au pire de ma forme. Ce testament justement vient de saper mon moral pour toute la journée.
Où pour toute la vie! Cette petite pique de ma conscience augmente ma colère:
─ Je ne vais pas épouser cette fille. Jamais.
Je l'ouvre et je m'y engouffre, avec la ferme intention de me défouler en roulant avec grande vitesse. Le faire redémarrer mes neurones, et exciter mes nerfs. Cette sensation est presque comparable à celle que je ressens en plein acte sexuel. Je ne sais pas à quoi tu pensais quand tu as rédigé ce testament papa, mais sache que je t'en veux. Je t'en veux énormément.
Je commence, sans avoir une destination fixe en vue. Il faut que je me vide la tête. Que je réfléchisse à cette situation merdique dans laquelle mon père m'a fourré.
C'est un véritable cauchemar!