CEUX QUI PASSENTC’est une plaine qui s’étend sur vingt lieues entre nos montagnes et les collines de « là-bas », derrière lesquelles pas un soir le soleil ne manque de se coucher. Quand je la regardais, de notre jardin, elle m’apparaissait aussi vaste que le monde, puisqu’au delà de ces montagnes et de ces collines je n’apercevais que le ciel. Je ne pensais pas que, de toute une vie, il fût possible d’en sortir : ses routes devaient suffire à user les forces des hommes. Je ne pensais pas que l’on pût désirer, ni avoir besoin d’en sortir : le blé de ses champs, l’eau de ses sources devaient suffire à rassasier la faim et à calmer la soif. En toute saison des lumières s’y éparpillent dès la tombée de la nuit. Elles palpitent comme autrefois les langues de feu au-dessus des têtes des douze a


