4 La nuit n’était pas encore tombée lorsque je sortis de la gare de Mâcon. Je ne sais rien de plus pénible que d’arriver ainsi, le soir, dans une ville que l’on ne connaît pas. Il y avait beaucoup de monde devant la gare car c’était un dimanche et les gens rentraient de la campagne. Je demandai où était le centre de la ville. On me répondit avec froideur. À Paris, on m’eût répondu sans doute de la même façon, mais je n’y aurais pas fait attention. Tant de monde attendait le tramway que je décidai de partir à pied. J’allai dîner dans une brasserie où il y avait de la musique. Jamais je n’avais senti une telle détresse. La France avait l’air de vivre comme avant la guerre. Il y avait même dans les rues des groupes de jeunes gens qui chahutaient. Les cafés étaient bondés. Je lisais toutes so


