Shelby SABA
— Non mais tu es sérieuse, Shelby ?
— Je descends dans une minute.
— Tu vas être en retard pour ton entretien. Alicia, ne plaisante pas avec son travail.
— Je serai à l'heure, promis.
Je fourre rapidement tout ce dont j’ai besoin dans mon sac à main et sors de la chambre, mes chaussures à la main.
— Tu ne prends pas de petit-déjeuner ?
— Non, merci, dis-je en m'installant dans le canapé.
— Toujours ton problème d’indigestion ?
— Oui, réponds-je en remontant la fermeture de ma robe.
— Je pensais que maman t'avait apporté la tisane hier, comme elle l'avait dit.
— Je vous ai déjà dit que votre histoire de tisane ne fonctionne pas.
— Cette tisane est pourtant très efficace.
— Pourtant, je n’ai même pas lâché un pet depuis hier soir que je l’ai prise, rétorqué-je en enfilant mes chaussures.
— Tu as essayé ce matin ?
— J’ai passé plus d’une heure sur les toilettes. Franchement, je préfère reprendre mes cachets le soir pour pouvoir me soulager.
— C’est quand même étrange, cette tisane a toujours fait ses preuves.
— Mon taxi est là, dis-je en voyant la notification s'afficher sur l'écran de mon téléphone, tout en ajustant ma perruque avec les doigts.
— Shelby ?
— Oui ? Répondis-je en me levant.
— Si mon mari était encore là, tu entrerais dans le salon de cette façon ? Tu viens carrément t’habiller ici.
— Je n’ai fait que mettre mes chaussures !
— Et la fermeture de ta robe que tu as remontée ici ? Tes cheveux que tu ajustes avec les doigts ? Ton sac à main que tu essaies de fermer désespérément parce que tu l’as rempli de je ne sais quoi d’inutile ?
— Ce n’est rien de grave. Ne recommence pas, s’il te plaît.
— Shelby ?
— Passe une belle journée, ma petite maman, dis-je en quittant le salon.
Kylian DOUYA
Apparemment, cette femme est bien décidée à mettre mes nerfs à rude épreuve. Ces petits diablotins encore chez moi ce week-end ? Hors de question qu’ils me trouvent !
La dernière fois, il y a deux week-ends, ils ont débarqué à l’improviste avec leur grand-mère et ont failli me rendre dingue. Honnêtement, ces petites terreurs m’ont passé l’envie d’avoir des enfants, du moins dans un avenir proche.
Ils couraient partout, renversant tout sur leur passage, transformant ma maison en un véritable champ de bataille. Moi qui avais choisi de construire ma maison loin du bruit pour profiter du calme, j’ai dû supporter leurs cris incessants toute l’après-midi. Surtout le petit dernier qui hurle à pleins poumons pour un rien. Seigneur ! Qu’ils sont épuisants !
Je les préfère à bonne distance.
Ma mère a gâché le petit-déjeuner que j’avais pourtant prévu de savourer tranquillement. Après quelques bouchées à peine, je retourne dans ma chambre pour me préparer à aller travailler.