Chapitre 3
Krac fit un signe de tête à Rorrak alors qu’il retirait la lame incurvée du corps du deuxième homme devant la porte de la pièce où était retenue Anastasia Miller. Il compta silencieusement jusqu’à trois tout en raffermissant sa prise sur les lames ensanglantées. En son for intérieur, il avait déjà visualisé la pièce et réfléchissait à l’endroit où pouvait se trouver le dernier mâle.
Levant le pied, il mit un coup dans la porte pour l’ouvrir et se rua à l’intérieur avant qu’elle ne touche le sol. Se contorsionnant, il s’arrêta en plein mouvement au moment où une silhouette s’écarta du mur près de la porte et vint plaquer un pistolet laser contre la tempe de Rorrak. La fureur froide qui brûlait au fond des yeux bleus fixés sur lui fit arquer un sourcil.
— Ne le tue pas. Il est avec moi. Il croit que tu vas vouloir qu’il te porte, dit calmement Krac.
— Ouais, c’est ça, dans ses rêves, rétorqua Anastasia en levant les yeux au ciel avant de laisser retomber son bras le long de son flanc. Vous êtes qui, bon sang ?
Rorrak marmonna un juron silencieux tout en poussant un profond soupir. Ses yeux se posèrent sur la tache de sang dans le dos du cadavre sur le sol, puis il se tourna pour lancer un regard noir à la femelle qui l’avait pris par surprise. Des yeux bleu vif lui rendirent son regard. Un autre juron, celui-là pas si silencieux, lui échappa lorsqu’une sensation désagréable lui enserra la poitrine. L’envie accablante de s’enfuir à toutes jambes tout en sachant qu’il ne le pouvait pas le paralysait.
— Il est lent ou un truc du genre ? demanda Anastasia d’un air sarcastique. Je sais qu’il peut parler puisqu’il a marmonné un juron, mais ça ne m’avance pas beaucoup. Mon perroquet peut parler lui aussi, mais ça n’empêche pas ce maudit oiseau de continuer à embêter les chats.
— Je ne suis pas lent, grogna Rorrak à voix basse.
Ses yeux parcoururent son visage avant de s’assombrir dangereusement à la vue de sa chemise déchirée.
— Vous êtes blessée, gronda-t-il. C’est grave ?
Anastasia arqua un sourcil en entendant le ton de l’immense guerrier de Zion.
— Pas aussi grave que ce que j’ai fait à ce c*****d. Maintenant, si l’on pouvait remettre l’interrogatoire à plus tard, j’aimerais me tirer de ce trou à rats.
— On a de la compagnie, répondit Krac en penchant la tête sur le côté. Ils ont trouvé les corps à l’étage.
— Fait chier, marmonna Anastasia. Est-ce qu’il y a une autre issue ?
— Oui, au bout du couloir et à droite. Il y a un autre escalier qui monte. Il devrait vous emmener près de mon vaisseau spatial. Rorrak, prends Anastasia et pars, ordonna Krac. Je vais tuer les autres.
— Comment est-ce que tu vas rejoindre le Conqueror ? demanda Rorrak.
— J’utiliserai le véhicule qui vient d’arriver. N’abîme pas mon vaisseau. Je tiens aux modifications que j’y ai apportées. Allez-y, maintenant.
Krac quitta la pièce. Il savait que Rorrak protégerait Anastasia, même si elle était capable de se défendre contre la plupart des adversaires. L’erreur qu’avait commise le mercenaire dans l’autre pièce était d’être resté seul avec la femelle humaine. Krac avait déjà vu Anastasia se battre auparavant et s’était entraîné avec elle.
Il voulait récupérer des informations avant de partir et ne pouvait le faire avec Rorrak et Anastasia dans les parages. Parfois, il valait mieux qu’il soit seul. L’ADN des Alluthans et les informations génétiques encryptées dans les implants renfermaient des secrets que les Humains n’avaient jamais trouvés. Les Alluthans utilisaient un lien pour contrôler leur armée pour une bonne raison. Les Humains ne comprendraient jamais pleinement combien ils étaient chanceux d’avoir Gracie Jones de leur côté.
Krac monta les marches menant à l’étage supérieur quatre à quatre. S’élançant dans le couloir, il surprit les quatre hommes non loin. Les lames incurvées dans ses mains touchèrent leurs cibles et les corps tombèrent. Ses yeux parcourent le long couloir, s’arrêtant sur un étrange mâle qui donnait des ordres. C’était le mâle qu’il voulait.
Il tourna au moment où plusieurs hommes ouvrirent le feu sur lui. Arquant les mains, il mit les lames à plat afin que les rafales d’énergie ricochent dessus. Trois hommes s’effondrèrent. Les deux derniers commencèrent à battre en retraite tout en continuant à lui tirer dessus.
Krac plissa les yeux en les voyant reculer vers l’escalier menant à l’étage supérieur. Il ne pouvait pas prendre le risque que l’homme qu’il cherchait s’échappe. D’un rapide mouvement du poignet, il lança l’une des lames, qui fendit l’air et alla se planter dans la poitrine du mercenaire à côté de sa cible principale. La force du coup empala l’homme contre le mur de pierre, la pointe de la lame le transperçant.
Il tira un petit couteau de l’étui dans sa botte et le lança. Le cri que poussa sa cible au moment où il s’enfonça profondément dans sa cuisse droite résonna bruyamment dans le long couloir étroit. Krac s’approcha lentement de l’homme à moitié allongé à moitié à quatre pattes sur les marches en pierre.
Tendant la main, il retira brusquement la lame de l’homme ne prêta pas attention à lui quand il tomba à terre. Du bout de sa botte, il envoya le pistolet laser sur le sol contre le mur. Il se pencha sur le mâle humain, saisissant son poignet gauche lorsqu’il tenta de sortir sa propre lame pour le poignarder à la gorge.
Krac secoua la tête en sentant la lame lui lacérer la joue à la place. Émettant un petit bruit désapprobateur, il brisa le poignet de l’homme, ignorant son cri de douleur étranglé. Il crierait bien plus le temps qu’il finisse.
Levant sa main à sa joue, il essuya le sang qui coulait sur ses doigts avant de les frotter le long de la tempe de l’homme. Il serait bientôt en possession des informations qu’il désirait. Il se concentra, regardant avec satisfaction l’homme blêmir. Quelques secondes plus tard, il ne restait plus aucune trace de la balafre sur sa joue.
— Vous avez des informations que je veux, dit calmement Krac. Des informations que vous me donnerez.
— Va te faire voir, cracha le mâle humain.
Les yeux de Krac s’illuminèrent dangereusement alors qu’il observait les yeux qui soutenaient son regard dans une attitude de défi. La satisfaction l’envahit à l’idée qu’il était la seule personne capable d’obtenir les informations qu’il désirait. Les nanorobots dans le sang qu’il avait étalé sur la tempe de l’Humain réagirent à sa commande et s’enfoncèrent dans les pores de l’homme, puis dans son sang. Leur destination, son cerveau.
— Je suis né là-bas, dit Krac en voyant de la sueur commencer à perler au front de l’homme. Comment vous appelez-vous ?
La bouche de l’homme se pinça avant que la douleur ne voile ses yeux.
— Adders Weston.
— Pour qui travaillez-vous ?
— Personne… Personne… Le Nouvel Ordre, gémit Weston en levant sa main valide à sa tête. Arrêtez. Je vous en prie, arrêtez.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Krac.
— Dites-moi comment vous êtes parvenus à enlever Anastasia Miller.
— Je…
Weston se mit à saigner du nez alors qu’il luttait contre les sondes à la recherche des informations.
— Hinders lui a parlé de Gracie Jones. Il lui a promis de l’emmener la voir.
— Qui est Hinders ? le pressa Krac. C’est votre chef ?
— L’un des nouveaux gardes du corps de Miller. Il était là, avec elle. Mort, s’étrangla-t-il d’une voix rauque. Probablement mort, si vous êtes là.
— Comment étiez-vous au courant pour Gracie Jones ? aboya Krac tandis qu’il téléchargeait les images qui défilaient dans le cerveau de Weston.
— Des ordres sont venus… de la source. Sais pas qui. Les ordres sont cryptés quand on les reçoit. On nous a dit de la capturer, gémit Weston en appuyant ses doigts sur ses yeux. Nous avons reçu l’ordre de capturer Gracie Jones et de la ramener sur Terre.
Krac pinça les lèvres.
— Pourquoi ?
— Nouvel Ordre. Pour le Nouvel Ordre. Pour prendre le contrôle. Voulait informations… qu’a Jones. Sais rien d’autre. Par Dieu, faites que ça s’arrête ! cria Weston en s’arrachant les cheveux. Faites que la douleur s’arrête !
Krac envoya une commande silencieuse aux nanorobots qu’il avait lancés dans Weston. Il avait les images dont il avait besoin, mais elles étaient décousues. Assembler les fragments prendrait quelques jours. L’une des informations obtenues était la clé pour déchiffrer les messages cryptés qu’il avait téléchargés plus tôt. Peut-être le message contiendrait-il des informations supplémentaires ?
D’une simple pensée, il ordonna aux nanorobots de s’autodétruire dans le cerveau de Weston. Les explosions miniatures déchiquetèrent l’épaisse matière cérébrale en quelques secondes. Krac tira sa petite dague de la cuisse du mâle mort et se leva. Son cerveau inséra rapidement la clé dans le message et le traduisit.
Une rage froide crût en lui alors que l’ordre prenait forme dans son esprit. Il était temps de rendre visite à Kordon Jefe. Gracie était en danger, une fois encore.