Comme tous les jours depuis quelques semaines, je me fraye un passage entre tous les surnaturels qui se trouvent dans les couloirs de l'université, certains me bousculent, d'autres me regardent d'un mauvais œil et je frissonne, certains ne me voient même pas. Tout le monde me connaît, je suis une sorte d'exception, je suis une humaine qui suit des cours sur les dieux. Qui serait assez fou pour faire pareil affront à ces monstres de puissance que sont les dieux? et bien visiblement, je le suis, du moins mes parents ont fait de moi cette personne qui ne respecte pas les règles imposées.
J'entre dans la classe, tête baissée comme tous les jours, je ne me sens vraiment pas à ma place ici, au milieu d'eux, les dieux, les futurs puissances de ce monde. Je n'ose même pas les regarder, d'ailleurs je ne sais pas pourquoi. Je prends place au fond de la salle, histoire de me faire toute petite, j'attirais bien assez l'attention comme cela, pas besoin d'en rajouter en me mettant au premier rang tel l'élève model. Le cours commence aussitôt, et oui j'avais tendance aussi à arriver au dernier moment, réduisant ces instants où les dieux me fixaient, se demandaient ce que je faisais ici, dans leur classe, personnellement, je me posais la même question.
Le professeur, un homme d'une intelligence folle commença à nous parler d'un des dieux les plus connus et les plus crains, Thor, dieu du tonnerre. Je souris en entendant son nom, un des rares dieu dont j'avais entendu parler, il semblerait qu'il ait disparu avec sa femme et ses enfants depuis bien des années, du moins c'est la version officielle de cette histoire, nul doute que nous ne savons pas toute la vérité sur ce qui s'était vraiment passé, sachant que Thor avait été l'un des dieux à avoir osé contrer les surnaturels pour nous redonner à nous pauvres humains un semblant d'existence normale. En temps normal, je fais acte de présence dans cette salle, mais là, je suis interpellée et j'ai envie d'en apprendre plus sur ce dieu, qui pour moi est le seul qui mérite mon allégeance. Je lève les yeux de mon bureau, reportant mon regard sur le tableau blanc sur lequel se trouve une photo de Lui. On le voit, brandissant un marteau, les éclairs tout autour, il semble blessé par endroit, mais ce regard qui est le sien, c'est celui de la victoire, il a le regard d'un dieu qui vient une fois de plus de gagner un combat, qui visiblement devait être éprouvant au vu des traînées sanglantes qu'il a sur sa peau. Je le regarde avec attention, c'est un bel homme, visiblement musclé, très musclé, il a des cheveux longs, une barbe de plusieurs jours et des yeux bleus comme l'océan, je souris en pensant que je suis tout l'inverse de ce dieu, mes cheveux sont châtains, mes yeux marrons et je n'ai rien d'extraordinaire comparé à Lui. J'en viens même à me demander ce qui l'a conduit à s'opposer aux surnaturels pour nous sauver, car il faut être honnête qu'avons nous d'intéressant quand l'on voit de quoi sont capables les surnaturels et les dieux. Nous n'avons pas de pouvoir, nous sommes juste des personnes banales sans grand intérêt si nous n'avons pas une intelligence hors du commun, et encore dans ce cas de figure, un simple humain intelligent équivaut à un surnaturel car il a un truc en plus. Un des mes "camarades" de classe se tourne vers moi, me dévisageant. Il s'agit de Troy, si l'on ne tenait pas compte du fait qu'il me déteste pour ma simple présence ce que je lui rends bien, je dirais, objectivement qu'il est très beau avec ses cheveux blond bouclés, ses yeux bleus et son corps d'apollon, à se demander si ce dernier ne serait pas son père d'ailleurs. Il me réprimande alors avec un ton froid et condescendant bien spécifique aux gens de son espèce. Peu d'entre eux peuvent se vanter d'être aussi humain que Thor.
- Il me semble que ton bureau est un peu plus bas Humaine, nous tolérons ta présence mais tu n'as rien à apprendre ici!
Son regard aurait dû me faire frissonner de peur comme tout humain qui se respecte, seulement, je ne ressentais pas ce sentiment en moi, bien au contraire, je voulais lui mettre une bonne correction, lui flanquer la raclée de sa vie. Remarque, le spectacle ne serait que de courte durée, un dieu face à une humaine, le combat était déloyale au possible, mais je ne sais pas, je me suis senti pousser des ailes en pensant à cette éventualité. Sur le coup je n'ai pas remarqué tous les regards qui étaient tournés vers moi, me fixant. Même le professeur ne savait pas quoi dire, pourtant il faisait partie des dieux, de ceux qui avaient un certain pouvoir.
Une élève se mit à rire, Deniz, grande, belle avec de longs cheveux châtains dorés, une taille mannequin et une peau tellement blanche et brillante que l'on aurait dit du cristal. Elle regardait celui qui m'avait interpellé, en la voyant agir, je me raidie me souvenant des capacités qu'elle avait en temps que Déesse. Elle pouvait lire dans les pensées, un second frisson me parcourue de haut en bas. Baissant les yeux, je fuyais le combat, comme souvent d'ailleurs. Qui étais-je pour me lever face à eux, des dieux, des êtres qui me surpassaient de bien des manières. Me voyant aussi docile à regarder une fois de plus mon bureau, tous reprirent le cours de la leçon du jour. En général, le temps d'étudier tout ce qui avait un lien avec un dieu, il fallait bien un trimestre afin de le connaître par cœur. Nous venions de finir l'étude d'Odin, quoi de plus logique que de continuer par Thor. Et oui, je n'ai pas le droit de lever la tête, mais rien ne m'empêche de garder mes oreilles bien ouvertes. La journée se déroula sans autre heurts, ce qui équivaut à une bonne journée en fin de compte, une fois de retour chez moi, sur le perron, je levai la tête regardant la grande bâtisse qui s'élevait au-dessus de moi. C'était un Manoir.
Tout le monde pensait que j'étais la domestique de cette famille de dieux, c'était la raison pour laquelle je vivais dans cette maison et que je suivais les cours sur ces divinités, hors, il n'en était rien, je n'étais pas une domestique bien au contraire, je vivais dans cette maison, c'était Ma maison. Passant les portes de la maison, Sylvia s'approcha de moi, prenant ma veste qu'elle déposa sur le porte manteau, elle prit mon sac pendant que je quittai les chaussures que j'avais aux pieds pour enfiler des pantoufles bien plus confortables. Elle me rendit mon sac avec dévotion.
- Je voudrais manger quelque chose s'il y a des restes quelque part porte les moi s'il te plait!
Elle me regarda outrée par ma requête, peinant à garder son calme et une respiration normale, elle s'agita un peu trop à mon goût.
- Mademoiselle Claice, je vais vous préparer quelque chose, il n'est pas pensable que vous finissiez les restes.
Je me mis à rire, ce qui déclencha chez elle un regard d'incompréhension, la pauvre, elle faisait partie de la génération qui n'avait pas eu accès à l'éducation ce qui lui avait fermé bien des portes au niveau professionnel. Et je dois avouer qu'elle avait tellement peur de perdre cet emploi qu'elle aurait fait n'importe quoi pour moi, oubliant que je n'étais pas comme mes "parents".
- Sylvia, tu n'as pas à agir comme cela en ma présence, nous sommes égales, je suis une humaine tout comme toi, c'est juste que j'ai eu plus de chances que toi!
Elle me regarda, et s'éclipsa, s'inclinant vers moi comme si je venais de parler dans le vide, je souris, l'entendant me dire de la cuisine.
- Je vous prépare un sandwich au jambon Mademoiselle Claice, je sais que vous aimez cela!
J'avais beau faire tout ce que je voulais, elle ne me traiterait jamais comme son égale, pourtant je ne demandais que cela.
- Merci Sylvia.
Mettant mon sac sur l'épaule, je montais l'immense escalier en marbre qui menait à l'étage supérieur où se trouvait ma chambre. Inutile de dire que ma maison est immense et elle vaut son pesant d'or. Entrant dans mon immense chambre, je jetais mon sac sur le fauteuil et m'affalai sur mon lit, prenant entre mes doigts mon collier, seul bien qu'il me restait de ma vraie famille, de mes parents que je n'avais pas connus.
Ah oui, ma famille, je vis chez des dieux, mais je ne suis pas leur vraie fille, normale je suis humaine, chose qu'ils ne m'ont jamais caché d'ailleurs insistant bien sur ce point, bref, de ce que je sais, quand je n'étais qu'un bébé, mes parents sont venus les voir et m'ont confié à eux, ils leur ont juré de prendre bien soin de moi. Même après toutes ces années je ne comprends pas, pourquoi des dieux prendraient soin d'un bébé tout simplement humain, que s'était il passé pour qu'ils acceptent cela? sûrement leur était t'ils redevable, mais dans quelle proportion? Jamais je n'avais eu réponse à toutes ces questions, même en leur posant face à face ils étaient restés de marbre, comme si ma naissance était un secret d'état.
"Tu le sauras en temps et en heure, en attendant, tu devras te contenter de ce que tu sais!"