VIII

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VIII Cette table, rempart d’une minute, fut comme la ligne de démarcation tracée entre deux armées ennemies avant la bataille. Madeleine et le moujik s’observèrent alors pendant dix secondes, comme doivent se regarder le bourreau et la victime au moment suprême... Le bourreau résolu à tuer... La victime songeant à se défendre... Pierre avait les yeux injectés, la face violette, les lèvres agitées par un tremblement convulsif. Il était horrible à voir. Madeleine, la frêle et blonde jeune fille, était devenue d’une pâleur mortelle. Mais ses yeux presque noirs, tant ils étaient d’un bleu foncé, étincelaient d’indignation, et sa fierté révoltée lui donna, en ce moment, le courage d’un homme. – Ah ! misérable esclave ! dit-elle. – Je vous aime !... répéta le moujik, qui voulut s’élancer par-

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