Nous arrivons en force chez les beaux-parents d’Esguerra, notre limousine est suivie de sept 4x4 blindés à bord desquels il y a vingt-trois gardes. Les voisins nous regardent bouche bée et je sens un léger amusement à la pensée des parents de Nora tentant d’expliquer ça aux gens qu’ils connaissent dans le quartier. Je suis certain que ces braves gens d’Oak Lawn ont entendu dire que Nora est mariée avec un trafiquant d’armes, mais entendre des rumeurs et voir un tel spectacle, ce n’est pas pareil.
Comme on pouvait s’y attendre, les parents ne sont pas encore prêts si bien qu’Esguerra et sa femme vont les chercher. Rosa reste dans la voiture en expliquant à Nora qu’elle ne veut pas déranger.
Une fois seuls tous les deux, je me retourne et je regarde Rosa à travers la vitre qui sépare l’avant de l’arrière de la limousine.
― Voudrais-tu de la musique ? Dis-je, mais elle secoue la tête en signe de négation. Elle garde le silence, elle se contente de regarder fixement dehors, et je suis sûr qu’elle pense à ce qui est arrivé hier.
Ne voulant pas lui faire de peine je remonte la vitre de séparation et mets ce temps à profit pour vérifier où en est l’avion. Thomas m’assure qu’il est prêt à partir, je vérifie donc mes armes, un M16 que je porte en bandoulière et un Glock 26 attaché à l’une de mes jambes. J’aimerais être encore mieux armé, mais c’est moi qui conduis. Heureusement, Esguerra a tout un arsenal sous l’un des sièges. J’espère qu’on n’en aura pas besoin, mais il faut être prêt si c’est nécessaire.
Environ quarante minutes plus tard, Esguerra sort de la maison en traînant une énorme valise. Il est suivi par le père de Nora qui porte une autre valise et finalement par Nora et sa mère.
Bien qu’il y ait encore beaucoup de place à l’arrière, Rosa monte s’asseoir devant avec moi en expliquant qu’elle veut donner plus de place aux quatre autres.
― Ça ne te dérange pas, n’est-ce pas ? demande-t-elle en me jetant un coup d’œil et je la rassure d’un sourire.
― Non, je t’en prie, assieds-toi. De nouveau, je remonte la vitre de séparation et je démarre. Comment te sens-tu ?
― Bien. Elle parle à voix basse, mais sans trembler. Je n’insiste pas et nous conduisons tranquillement en silence pendant un moment. Rosa ne reprend la parole qu’au moment où nous quittons la route pour rejoindre l’autoroute.
― Lucas, dit-elle à voix basse, je voudrais te demander un service.
Surpris, je lui jette un coup d’œil avant de me concentrer de nouveau sur la route.
― De quoi s’agit-il ?
― Si jamais c’était possible… Sa voix se brise. Si jamais vous les retrouvez, je veux y être. D’accord ? Je veux seulement être là.
Elle n’en dit pas plus, mais j’ai compris. Et je lui fais cette promesse :
― C’est d’accord. Je ferai en sorte que tu sois présente quand on te fera justice.
― Merci… commence-t-elle, mais, au même moment j’entrevois quelque chose dans le rétroviseur et mon cœur s’emballe.
Sur la route étroite, notre 4x4 est suivi par toute une procession de voitures et elles vont nous rattraper.
J’appuie sur l’accélérateur en sentant monter l’adrénaline. La limousine s’élance d’un coup, elle accélère à une vitesse folle et j’abaisse la vitre de séparation pour croiser le regard d’Esguerra dans le rétroviseur.
― Nous sommes suivis, dis-je laconiquement. Ils sont à nos trousses et ils ont mis le paquet.