À l’aube d’un départ

851 Mots
Je commence par rassembler ce qui me sera indispensable. Une petite besace en cuir, utilisée, mais solide, héritage d'un ancien voyageur de la forêt. Je la remplis avec soin : quelques racines séchées, riches en nutriments, ramassées lors de mes rares escapades hors du village. Des baies colorées, leur goût sucré et acidulé me ​​rappelle les rares moments de joie enfantine. J'ajoute des feuilles médicinales, glacées avec l'aide discrète des soigneuses, précieuses pour soigner les coupures et les brûlures. Je sais que dans ce voyage, je devrais compter sur mes propres forces, et ces plantes seront mon seul refuge. Dans une petite poche, je glisse un bout de charbon et une pierre à feu, cadeau des anciens, bien qu'ils ne sachent pas que je les possède. La flamme sera mon alliée dans l'obscurité, un symbole de vie face aux ténèbres. Je n'emporte pas d'arme. Pas parce que je me sens faible, mais parce que les fées, comme moi, n'ont jamais appris à se battre. Peut-être devrai-je apprendre un jour, mais ce n'est pas encore le moment. Pour l'instant, je mettrai sur la prudence et la ruse. Chaque objet que je pose dans ma besace me rappelle une parcelle de mon existence ici, et un espoir d'ailleurs. Le poids du sac est léger, mais le poids de la décision écrase parfois mes épaules. Je me surprends à repenser à la forêt, à ses arbres immenses qui semblent murmurer entre eux, à l'arbre-mère, source de toute vie ici. Ai-je le droit de partir ? Suis-je en train de trahir mon peuple ? Mais la vérité me brûle : reste ici, c'est renier ce que je suis vraiment. Je regarde mes mains, petites et pâles, qui tremblent légèrement. C'est plus la peur de l'inconnu que le froid nocturne qui me fait frissonner. Je me parle doucement, comme pour calmer un enfant apeuré : « Ce n'est pas la fuite. C'est la quête. La recherche de ce que tu ne peux trouver ici. » Je ferme les yeux, suggère d'imaginer ce qui m'attend dehors. Un monde immense, peut-être cruel, sûrement hostile, mais aussi plein de promesses. Je n'ai jamais été fait pour la solitude d'ici, ni pour les ombres des fées. Je suis Néryn. Et bientôt, je serai libre. Tout ce que j'ai toujours connu, tout ce que je suis censé être, reste là dehors, figé. Mais moi, je vais changer. Je dois changer. Je me demande ce qui m'attend, une fois cette frontière franchie. Serai-je accueilli ? Rejeté ? Ou ignoré, comme ici ? J'imagine le vaste monde, ses créatures étranges, ses villes qui brillent, ses montagnes et ses océans. Mais par où commencer ? Que faire d'abord ? Je n'ai ni carte, ni compagnon, juste ce désir ardent de découvrir, d'apprendre, d'exister. Peut-être trouverai-je des alliés ou des ennemis. Peut-être serrais-je libre, ou plus perdu que jamais. Je serre les poings. Je ne peux plus reculer. Je dois être prêt à tout, à accepter chaque rencontre, chaque épreuve. Je me parle à voix basse, comme pour me convaincre : « Après la frontière, je cherche… je cherche ce qui manque ici. Je cherche une vie. » Je me demande si ce rêve est fou, ou juste la seule vérité qui me donne la force de continuer. Le silence m'entoure, mais dans ma tête, mille questions tourbillonnent. Et pourtant, une chose est sûre : je ne suis plus ce garçon-fée que tout le monde évite. Je suis Néryn. Et demain, mon voyage commence. Lentement, le sommeil m'emporte, m'enveloppe dans un cocon chaud et rassurant. Je me retrouve dans une clairière baignée d'une lumière dorée, douce comme un rayon de soleil à l'aube. L'air est parfumé de fleurs inconnues, un mélange subtil de jasmin et de miel qui caresse mes sens. Autour de moi, des visages s'éclairent, chaleureux et bienveillants. Ce sont des fées, bien sûr, mais aussi d'autres créatures magiques que je n'avais jamais osé imaginer. Leurs yeux brillent d'une tendresse infinie, et leurs rires cristallins résonnent comme une mélodie douce. Ils m'entourent, me serrent dans leurs bras avec une affection que je n'avais jamais connue. Leurs mains sont légères, leurs gestes pleins de délicatesse. Je sens leur chaleur m'envahir, apaisant les douleurs invisibles que je porte en moi depuis si longtemps. Je vois des enfants aux ailes irisées qui courent autour de nous, leurs éclats de rire emplissant l'air. Des arbres aux feuilles argentées dansaient doucement au rythme du vent, comme s'ils partageaient notre joie. Je ressens un sentiment profond d'appartenance, comme si j'avais enfin trouvé ma place dans ce monde immense. Les murmures s'élèvent, des paroles douces et rassurantes, comme un chant ancien transmis par les étoiles. Je suis entouré d'amour, de lumière, de vie. Et pour la première fois, je suis heureux. Je sens une paix nouvelle s'installer en moi, chassant la solitude, le doute, la peur. Je souris, et mes lèvres tremblent sous l'émotion. Dans ce rêve, je suis libre d'être moi, libre d'aimer, libre d'exister pleinement. Et quand la lumière dorée se fait plus intense, je sais que ce bonheur, ce lien, ce rêve… peut devenir réalité.
Lecture gratuite pour les nouveaux utilisateurs
Scanner pour télécharger l’application
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Écrivain
  • chap_listCatalogue
  • likeAJOUTER