XI« Je suis heureux, trop heureux ! » C’était le refrain revenant sans cesse dans les lettres de Bruno à sa famille, au cours de son voyage de noces en Asie Mineure. Il y insistait surtout en s’adressant à sa mère, qu’il tenait très particulièrement à rassurer, car la veille du mariage, il avait encore constaté en elle une anxiété qui l’avait étonné, gêné, un peu irrité aussi, comme une offense à Floriane et un reproche à lui-même. Il disait d’ailleurs toute la vérité en parlant de son bonheur. Mais la mère, en lisant ces lignes qui exaltaient Floriane, ne voyait pas disparaître son inquiétude – au contraire. Et les rides légères qui s’étaient dessinées en ces derniers mois sur son front se multipliaient maintenant. Sous le ciel d’Asie, Floriane et Bruno continuaient leur voyage. La soup


