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1989 Mots
Hari Dans un dernier coup de rein, je me retire et me laisse tomber à côté de Gabi, pantelant, un sourire de satisfaction au coin des lèvres. Un silence agréable s'installe entre nous tandis que nous reprenons nos esprits, chacun perdu dans nos pensées. Je profite de ce moment de répit pour attraper mon portable ainsi que mon paquet de clopes posés sur ma table de nuit. J'allume une cigarette et tire une taffe tout en tapant un message à la va vite. Le lit s'affaisse légèrement sous le poids de Gabi qui se retourne sur le ventre, le menton appuyé sur ses mains jointes, comme à chaque fois que nous venons tout juste d'avoir une partie de jambes en l'air. Je lui tends ma cigarette sur laquelle elle tire volontiers quelques taffes avant de me la rendre. - Bon Stanford, passe aux aveux et dis-moi qui est la prochaine minette que tu comptes mettre dans ton pieux, lâche-t-elle en recrachant lentement la fumée. Je lui adresse un sourire taquin et joueur sans lâcher mon téléphone du regard. - Qu'est-ce qui te fais dire que j'ai une cible en vue ? - Oh je ne sais pas, voyons voir...Peut-être le fait que la dernière fois que nous nous sommes envoyés en l'air, deux jours après tu étais en couple avec ta Juliette. - Julia, je la rectifie. - Ouais bon, Juliette...Julie...Julia, c'est la même chose. - Si tu le dis. Gabi me donne une tape sur le bras me faisant lâcher un rire bref. Elle se penche en avant dans l'espoir de voir ce que je trafique sur mon téléphone, mais je ne lui en laisse pas l'occasion. Verrouillant l'écran, je repose mon mobile à sa place et me tourne vers mon amie clope à la bouche. - Si tu veux tout savoir, il s'agit de ma nouvelle stagiaire, je lâche. Elle hausse un sourcil, son regard subitement illuminé par une lueur curieuse. - Comment est-elle ? - Eh bien, elle a dix-huit ans et est en dernière année au lycée de Spring Valley. - Celui où bosse Jacob ? - Yup, celui-là même. - Mmmmm...Intéressant. Mais encore ? Je prends une grande inspiration et m'humecte rapidement les lèvres en profitant pour m'installer plus confortablement dans le lit. - Elle est comme je les aime et je ne pense pas l'avoir laissée indifférente. La preuve en est : je l'ai invitée deux fois au restaurant dans la même semaine et elle a dit oui. - Ouais enfin...Je ne veux pas dire, mais avec toi il vaut mieux toujours dire oui. Je lève les yeux au ciel. - Quoi ? C'est vrai, vu ton caractère. Et puis, ce n'est pas parce que tu l'emmènes dîner que cela veut dire qu'elle va forcément terminer dans ton lit. Ces deux dîners ne signifient probablement rien pour elle, hormis deux sorties avec son patron. Deux sorties professionnelles et totalement inoffensives. Elle se redresse et se penche par-dessus moi afin de récupérer une cigarette dans mon paquet, comme si c'était le sien. - En toute honnêteté, je suis prête à parier que tu n'arriveras pas à la mettre dans ton lit. Elle allume la cigarette une lueur taquine et défiante dans le regard. Elle veut jouer à ça, très bien. Nous allons jouer. J'attrape la cigarette entre ses doigts et en tire quelques taffes. Elle la récupère d'un geste sec et s'écarte un peu de moi. - Je te rappelle que Sophie avait une personnalité similaire à celle de Brianna, ce qui ne m'a pas empêché de la mettre dans mon lit en moins de deux semaines, je lui fais remarquer. - Certes, mais à cette époque nous avions quelques années de moins et toi-même n'avais que deux ans de plus qu'elle. - Je ne vois pas en quoi cela veut dire que les choses ne seront pas pareilles avec Brianna. Comme je te l'ai dit, je ne pense pas l'avoir laissée indifférente. Et en toute honnêteté, je suis presque sûr qu'elle n'a jamais qui que ce soit dans sa vie jusqu'à maintenant. - Oh une petite vierge, se moque Gabi, dans ce cas, je vais être sympa et te laisser six mois pour la mettre dans ton lit. - Considère que c'est fait. Un peu de galanterie, quelques mots doux, quelques sorties et pour finir, je lui montrerai le Septième Ciel de toutes les manières possibles et imaginables. Tout simplement. - Il faudra tout de même que tu fasses attention à ce qu'elle ne s'attache pas à toi, les jeunes filles comme elles ont tendance à croire au Prince Charmant et à s'attacher au premier beau gosse venu. Je me penche en avant et récupère tee-shirt et boxer, touché au vif. Depuis le temps, elle devrait savoir mieux que n'importe qui que cela fait des années que je ne me mets plus en couple. Pas sans contrat en tout cas. - Quand bien même nous en arriverions là, elle serait obligée de signer un contrat disant qu'elle accepte de me laisser les rênes. Ce n'est pas comme toi avec ton Tyler là. - Taylor. Je la regarde finir sa cigarette et la jeter dans le cendrier. - D'ailleurs en parlant de lui, il n'est pas comme les autres. - Ah oui, vraiment ? - Ce n'est pas comme avec Romain, Jordan, Dan ou encore Léo qui n'étaient que des coups d'un soir. - Tu vas me faire croire que tu veux quelque chose de sérieux avec lui ? je la charrie enfilant mon tee-shirt. - Je ne vais pas te le faire croire puisque c'est le cas. Elle m'en dira tant. La connaissant cela ne va pas durer. - Et donc, cela veut dire que le jour où vous en serez à un stade plus avancé, il ne faudra plus que je te contacte pour nos petites heures de plaisir, c'est ça, je déduis mi-moqueur mi-sceptique. - C'est ça, mais je ne m'en fais pas pour toi. Dragueur comme tu es, tu trouveras toujours une femme mûre à mettre dans ton lit de temps en temps, surtout qu'en plus tu es Monsieur Hari Jeremiah Stanford. Sur ce elle se lève du lit et s'empresse de se rhabiller. Je ne la lâche pas des yeux, du moment où elle enfile ses sous-vêtements au moment où elle finit de lacer ses bottines à talons. - Je dois filer, je suis censée être debout dans cinq heures pour aller bosser. - Pas de soucis poulette. Elle s'approche de moi et dépose un b****r furtif contre mes lèvres. J'en profite pour lui ébouriffer les cheveux, comme j'ai l'habitude de le faire chaque fois que je cherche à la mettre en rogne. Elle a horreur de ça. Elle me donne une petite tape sur la main tout en poussant un soupir faussement exaspéré, puis sort de la pièce. Pour ma part, je reste allongé sur le lit, les bras croisés sous la tête et le regard rivé au plafond. Le bruit lointain de l'ascenseur me fait savoir que mon amie est partie me laissant officiellement seul avec mes pensées. ** Brianna De retour chez mon père, j'aide Sonia à mettre Sam au lit puis vais rapidement me brosser les dents et enfiler mon pyjama. Je suis bien contente lorsqu'une fois prête, je me glisse sous la couette de mon grand lit. La journée a beau avoir été aussi parfaite que possible, je suis tout de même claquée. Le sommeil ne se fait pas prier. Cette nuit il prend même l'aspect d'un jeune homme mystérieux aux yeux magnifiques qui ne cesse de me poursuivre dans mes songes, jusqu'au lendemain matin, 6H30. Au réveil, je me rue sous la douche tout en récupérant un slim noir, un pull blanc et une paire de bottines à lacets assorties dans mon armoire, où j'ai pris l'habitude de toujours laisser quelques affaires. J'ai beau n'avoir dormi que quelques heures, cela ne m'empêche pas pour autant d'être en pleine forme. Douchée et habillée, j'attache mes cheveux en un chignon tressé puis applique une rapide touche de maquillage sur mes yeux, mes joues et mes lèvres. Parfait. Je ramène mes affaires dans ma chambre, glisse mon pyjama sous mon oreiller et regagne la cuisine où m'attendent mon père et Sonia. Je les salue d'un geste de la main tout en poussant un bâillement. L'odeur du café, du jus d'orange et des pancakes envahit mes sens. Je m'installe à côté de mon père et me sers un mug auquel j'ajoute du lait et du sucre. Rien de mieux qu'un bon coup de fouet à la caféine pour se booster un peu. - Ta mère m'a dit que tu allais à une fête anniversaire à Long Island ce soir ? me demande mon père. J'acquiesce d'un signe de tête tout en reposant ma tasse sur la table. - Oui, je passe récupérer des affaires à la maison après les cours et ensuite je file. - Tu pourras déposer tes affaires ici avant d'aller à la fête si tu veux, me propose Sonia. - Je ne sais pas si j'aurai le temps. Si ce n'est pas le cas, je serai là demain en fin de matinée au plus tard. - Pas de soucis. Heureusement que c'est le week-end, cela ne fera pas de mal de faire une grâce matinée pour une fois. - Parle pour toi, marmonne mon père, pour ma part je travaille toute la journée. - Oh pauvre chéri. Je regarde ma belle-mère se pencher vers mon père, un sourire taquin au coin des lèvres. Je ne peux réprimer le rire furtif qui s'échappe de mes lèvres tandis qu'ils échangent un b****r. Quand je les vois tous les deux, je me dis que j'aimerais bien qu'un garçon se comporte de la sorte avec m....Non mais qu'est-ce que je raconte ? N'importe quoi. - Quant à demain aprèm, shopping entre filles. Je cligne rapidement des yeux et relève la tête vers Sonia qui vient de se lever en fredonnant. J'attrape un pancake ainsi qu'une pomme et me sers un verre de jus d'orange. Je jette un coup d'œil rapide à la pendule accrochée derrière le comptoir de la cuisine. Plus que dix minutes. Sonia revient s'asseoir à sa place et ajoute quelques pancakes dans l'assiette avant de se lever à nouveau. Elle regagne le couloir direction la chambre de mon petit frère pour qui il va être l'heure de se lever. Je me dépêche de prendre mon petit-déjeuner, débarrasse mon assiette, mon verre et mon mug puis vais rapidement me brosser les dents. Mon regard se pose sur mon reflet tandis que je me laisse inconsciemment aller à mes rêveries autour de mon futur patron de stage. Ce n'est qu'une fois que mon père me rappelle à l'ordre que j'en prends conscience. Secouant rapidement la tête, je me rince la bouche et me rue dans ma chambre. Sac, blouson, bonnet, écharpe, gants, téléphone et clés. C'est bon, j'ai tout ! Je claque la porte derrière moi et dévale les escaliers. J'embrasse rapidement mon père, Sonia et Sam tout en leur souhaitant une bonne journée et quitte l'appartement au son de leur voix qui me rendent la pareille. Je glisse mes écouteurs dans mes oreilles et cours pour rejoindre l'extérieur. Heureusement ma voiture n'est qu'à quelques rues de là. Un drôle de frisson me parcourt le long de la colonne vertébrale tandis que les paroles de Do I wanna know d'Artic Monkeys retentissent dans mes oreilles. Je me laisse tellement absorber que je ne regarde pas vraiment où je marche, finissant bien évidemment par entrer en collision avec une autre personne, ou plutôt un joggeur. J'enlève mes écouteurs afin de m'excuser auprès de lui mais il parle le premier. - Mademoiselle Andrews comme on se retrouve. Je frémis, sursaute légèrement. Mon cœur s'emballe. Levant lentement les yeux, je me retrouve rapidement hypnotisée par le regard intense de l'homme qui ne cesse d'occuper mes pensées depuis hier. Hari Stanford.
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