Daniel
La nuit était tombée sur la ville, et la lumière des réverbères se reflétait faiblement dans les rues désertes. Je m’étais rendu au commissariat, déterminé à trouver des réponses à mes tourments. Mes pas résonnaient dans le couloir vide, chaque écho semblant amplifier l’immensité de l’endroit. La vérité que je cherchais était toujours aussi insaisissable, et je me sentais comme pris dans un tourbillon que je ne pouvais contrôler.
Je poussai la porte du bureau du capitaine Henderson. Il me regarda d’un air grave. Sur son bureau, une enveloppe scellée attendait d’être ouverte. Je la fixai un instant, un soupir m’échappant. Je savais que je ne pouvais plus repousser l’inévitable.
« Alors, qu’avons-nous ? » demandai-je, ma nervosité perceptible dans ma voix.
Le capitaine désigna l’enveloppe. « La preuve. La fameuse preuve qui pourrait changer la direction de l’enquête. Mais… je te conseille d’être prêt à ce que cela remette tout en question. »
Je m’approchai et, d’un geste mécanique, brisai le sceau. Je sortis le dossier, le feuilletant avec une attention fébrile. Chaque photo, chaque rapport me faisait naître une étrange sensation en moi. Les preuves étaient accablantes. Claire, malgré son apparente fragilité, semblait impliquée dans le meurtre de manière indirecte, mais évidente. Le lien entre elle et la victime était indiscutable.
Je devais admettre ce qui devenait de plus en plus clair : Claire semblait être la coupable.
Mais en même temps, chaque image, chaque détail, me laissait une impression de malaise. Je revivais son regard, cette vulnérabilité qu’elle dégageait, la souffrance qu’elle avait partagée avec moi. Non, je ne pouvais pas y croire. Ce ne pouvait pas être elle.
Le capitaine Henderson, qui m’avait observé en silence, s’approcha de moi. « Tu penses qu’elle est innocente, n’est-ce pas ? »
Je sursautai. Perdu dans mes pensées, je n’avais pas remarqué l’intensité de son regard. « Je… je ne sais plus, Henderson. Les preuves sont là, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a quelque chose que j’ai raté. Quelque chose qui ne colle pas. »
Le capitaine soupira. « C’est précisément ça, Daniel. Ce n’est pas la première fois que tu fais face à des preuves accablantes et à des suspects qui semblent avoir quelque chose à cacher. Mais tu as toujours suivi ton instinct, même quand cela allait à l’encontre de la logique. » Il marqua une pause. « Peut-être que cette fois, tu devrais t’en tenir à la raison. »
Je secouai la tête, fuyant son regard. Mon esprit était embrouillé, et je savais que j’étais à la croisée des chemins. Mes convictions s’effondraient peu à peu. Mes émotions m’écrasaient, m’empêchant de voir les choses avec la clarté nécessaire.
« Tu dis ça parce que tu n’as pas vu ses yeux… » murmurai-je, presque pour moi-même. « Claire… elle n’a rien à voir avec ce meurtre. »
« Elle est la suspecte principale, Daniel. Les faits sont là. » Le capitaine posa une main ferme sur mon épaule. « Je comprends ce que tu ressens, mais tu n’as pas le luxe de douter. Tu dois agir, et agir vite. Ce cas devient de plus en plus complexe. »
Je fermai les yeux un instant, le poids de ses mots m’envahissant. Il avait raison. Il n’y avait pas de place pour les doutes dans ce métier. La justice devait primer. Mais… mais je ne pouvais pas abandonner l’idée que Claire, cette femme que j’avais appris à connaître, pouvait être innocente.
Le dilemme me déchirait. Chaque décision que je prendrais désormais aurait des conséquences. Si Claire était coupable, je devrais la mettre en détention, et une partie de moi partirait avec elle. Si elle était innocente… je serai responsable de l’avoir fait souffrir inutilement.
« Je vais devoir la revoir. » dis-je finalement, ma voix ferme mais hésitante. « Mais je ne sais pas ce que je vais lui dire. »
Le capitaine hocha la tête, comme s’il comprenait. « Fais ce que tu penses être juste. Mais souviens-toi : chaque erreur te rapproche un peu plus de la vérité. »
Je ne répondis pas. Je me levai, pris le dossier sous le bras et quittai le bureau. Mon esprit était en ébullition, mais une chose était claire : je ne pouvais pas laisser cette affaire m’engloutir sans comprendre la vérité. Ni ma conscience, ni mon cœur, ne me permettraient de faire autrement.
Dans la voiture, en route pour l’appartement de Claire, une lourdeur envahit ma poitrine. Je savais que je m’apprêtais à affronter quelque chose de bien plus grand que moi. Pas seulement l’enquête. Pas seulement le meurtre. Mais moi-même. Mes peurs, mes désirs, mes principes.
Arrivé devant l’immeuble, j’hésitai un instant avant de sortir du véhicule. Puis, je m’engageai vers l’entrée, les pensées se bousculant dans ma tête. Claire. Je m’apprêtais à la revoir. Mais serais-je capable de rester fidèle à ce que je croyais juste ? Ou allais-je succomber à ce que je ressentais pour elle ?
Chaque pas dans les escaliers semblait lourd. Le moment était venu. Mais serait-ce celui où je prendrais la bonne décision ?