Best Friends

2828 Mots
“... J’aimerais tellement te dire ce que veut mon cœur Mais je n’ai plus les mots non J’aimerais tellement te dire que je n’ai plus peur Mais ces mots sonnent faux non Je dois tout recommencer une nouvelle fois Baby, pardonne-moi si je fais un faux pas Tu sais j’aimerais tellement te dire ce que veut mon cœur Mais je n’ai plus les mots non”. J’ouvre un œil, le deuxième suit. Je vois mon réveil clignoter de partout et surtout, je l’entends me dire. “Salut à tous, nous sommes le jeudi 3 septembre 2009, et vous venez d’entendre la chanson de Jena Lee, j’aimerais tellement…” - Et moi, j’aimerais tellement que tu te taises “... Aujourd’hui, il va faire beau…” Je roule du côté de la table de chevet pour éteindre ce réveil et je ne peux m’empêcher de dire. - Mais p****n ferme là. Je repousse la couette sur le côté, choisis mes affaires dans l’armoire et pars en direction de la douche. Ce matin, je ne suis pas vraiment de bonne humeur, car je me dis qu’il va falloir encore une nouvelle fois prendre ce vélo et je ne suis pas en forme. Et surtout, je me demande ce que mon géniteur va bien pouvoir me faire comme vacherie. Je me regarde dans le miroir et je vois une trace sur ma joue. “Et aller, il ne manquait plus que ça. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir trouver comme excuse ? Une porte, non trop classique. Je sais, je vais dire que je suis tombée de mon vélo.” Je touche ma pommette à l’endroit même où c’est marqué et je ressens une légère douleur. Mon humeur est vraiment au plus mal. Je me douche rapidement, car encore une fois mon géniteur a supprimé l’eau chaude. “Mais comment, il fait lui pour prendre des douches chaudes ?” Je m’habille vite fait afin de récupérer de la chaleur. “Mais je sais comment cette pourriture fait pour avoir de l’eau chaude, il doit prendre sa douche au deuxième étage. Ce n’est pas le même ballon d’eau chaude… Éléonore, tu sais ce que tu dois faire demain”. À nouveau, devant ma glace, je commence à me coiffer et je ne peux m’empêcher de fixer cette trace sur ma joue. Je ne peux même pas la camoufler avec du maquillage, car à part mettre du mascara avec du crayon, je n’ai rien d’autre. Et puis surtout, je suis nul niveau maquillage. Je pense que je n’ai eu personne pour m’expliquer les bases. Je regarde l’heure sur ma montre et me dépêche d’aller prendre mes affaires dans ma chambre. Pour aller à mon arrêt de bus, il me faut bien 30 minutes et si je continue à errer, je vais finir par le rater. Je descends l’escalier qui mène directement à la cuisine avec mon sac et manteau et surtout avec ma mauvaise humeur. On peut dire que je traîne un peu les pieds. Le visage penché vers le bas, j’atteins la dernière marche. Je soupire, car je n’ai pas envie de voir l’autre pourriture de paternel. - Coucou, Éléonore, comment va ma belle petite princesse ? Je relève la tête avec un air ahurie, car je suis stupéfaite d’entendre la voix de maman. Je vois qu’elle me tourne le dos, trop occupée à faire la popote. - Lydia !!! Mais je ne comprends pas. Pourquoi es-tu là ? Fais attention, André pourrait te voir. Dans ma voix, on peut entendre de la surprise et en même temps beaucoup d’inquiétude de voir maman ici. Peur que mon géniteur arrive et la trouve ici. - Ne t’inquiète pas ma puce, ton père est parti, tôt ce matin. C’est Alfred qui l’a conduit. Lydia finit de cuire les œufs brouillés, met le tout dans une assiette et se retourne pour me l’apporter. Je suis à l’îlot central et maman s’approche de moi. À son regard, je comprends tout de suite qu’elle a vu la marque sur ma joue. Ça veut dire : raconte-moi tout. Mais je ne parle pas. Je mange le petit déjeuner de Lydia en faisant comme si de rien n’était. - Allez, Éléonore, ne m’oblige pas à être assommante. Et tu connais très bien comment je suis. Ça pour le savoir, je le sais. Quand Lydia veut savoir quelque chose, elle sait comment faire. - Maman, il n’y a rien à dire, à part que c’est un gros crétin et que je suis née dans la mauvaise famille. - Mais encore. Pourquoi et comment ? - Une gifle, et parce qu’il a prétendu être mon père. Je vois Lydia faire sa petite moue, qui veut dire que ce qu’elle va me dire ne va pas forcément me plaire. - Éléonore, jusqu’à preuve du contraire, c’est ton père, mais ça ne lui donne pas le droit de te frapper. - Non, ce n’est pas mon père, dis-je d’un ton très sec. - Éléonore  ! dit Lydia sur un ton sec et dur. Dès qu'elle prononce mon nom ainsi, je me calme direct. - Lydia, André n’a rien d’un père, c’est juste un donneur de sperme. - Attention Éléonore… - Pour moi, mon père c’est Alfred et ma mère c’est toi. Je vois Lydia me faire un petit sourire. Elle s’approche pour me prendre dans les bras. - Il faut être réaliste maman, c’est qui, qui m’a appris à faire du vélo ? - Alfred ! - Qui pansait mes bobos lorsque je tombais de ma bécane ? - C’est moi. - Et puis qui me donnait des gifles ou me réprimandait tout le temps ? - Ton père. Je me lève, embrasse maman et prends mon sac à dos avec mon manteau, car c’est l’heure de partir pour l’arrêt de bus. - Maman tu comprends pourquoi je vous considère comme mes parents ? Pourquoi je vous appelle maman et papa ? Car c’est vous qui prenez soin de moi. - Je comprends Éléonore, mais ce que j’essaye de te faire comprendre, c’est qu’il reste malgré tout ton père. - Juste sur les papiers, c’est exactement ce que je lui ai dit hier soir. Lydia fait une tête qui veut dire “tu m’étonnes qu’il n’ait pas dû apprécier.” - Il ne suffit pas de faire des enfants. Il faut aussi s’en occuper par la suite. Tout le monde peut faire des gamins. Je m’approche de la porte pour aller dehors. - Maman passe une bonne journée, dis-je. À ce soir. Je sors sous la voix de Lydia qui me souhaite une très bonne journée. Je marche en direction du garage avec le cœur un plus léger que ce matin. Ma bonne humeur revient petit à petit, sans doute grâce à maman. J’entre dans la pièce attrape ma précieuse bécane rose, monte dessus et essaye de pédaler. Je me rends vite compte qu’il y a un problème. - Purée, c’est quoi ce bordel ? Je baisse la tête et je comprends que mon géniteur est passé par là. Il a crevé les deux pneus de mon vélo. “p****n, j’en ai marre. Il a gagné. C’est mort pour aujourd’hui, je n’irai pas en cours.” Je commence à avoir les larmes aux yeux. “Pourquoi tant de méchanceté ? Je suis sa fille après tout.” Je prends mon téléphone afin de prévenir Tricia. J’appuie sur sa photo et pose l'appareil sur mon oreille. Ça sonne une première fois, une deuxième sonnerie se fait entendre et c'est au bout de la troisième que Tricia me répond. - Allô, ma belle, comment vas-tu ? - Ce n’est pas vraiment la joie. - Oui, j’entends ça. Que t’arrive-t-il ? J’ai dû mal à parler, car les larmes sont de plus en plus dures à contrôler. Ma nouvelle amie le ressent aussitôt. - Éléonore, pourquoi pleures-tu ? demande-t-elle avec beaucoup d’inquiétude. Avec beaucoup de sanglots dans la voix, je lui réponds. - Tricia, je n’en peux plus. Aujourd’hui, je ne pourrai pas être là. - Pourquoi ma belle ? Allez calme toi et dis-moi pourquoi. C’est ton père ? - Oui, il a crevé les pneus de mon vélo et du coup, je ne peux pas me rendre à l’arrêt de bus. J’entends à l’autre bout du téléphone un soupir. - Écoute-moi Éléonore, je ne connais pas les problèmes que tu as avec ton père, mais pour ton souci de transport j’ai la solution. Avec un ton de surprise, je lui demande. - Quoi ? - Je passe devant chez toi pour aller prendre notre bus, on s’arrête et hop on part ensemble direction l’arrêt de bus. Et puis, pour l’histoire de ton père il va falloir que tu me dises tout. - NON, MAIS TU RIGOLES. Je me mets à rigoler. - Pourquoi pour ton père ou pour venir te chercher ? - Sérieusement Tricia. C’est adorable de me proposer de venir me chercher, mais avec ton frère ce n’est pas possible. On va se tuer. Elle rit, mais insiste. - Allez ma belle, arrête un peu et prends sur toi et puis au moins, tu ne manqueras aucune leçon et penses à ce qu’on va imaginer de toi si tu rates les cours. Ça la fout mal de manquer le deuxième jour. Je réfléchis à cet argument de ouf et finis par lui dire ok. - Mais je te préviens s’il me prend la tête, je le… Tricia me coupe la parole. - Oui, je sais, mais s’il te plaît, ne sois pas trop méchante. On rigole ensemble. - À tout de suite, on va partir de la maison. Bye Je sors du garage et m’avance vers le portail de la propriété. Je passe devant la fenêtre de la cuisine et je vois maman qui me regarde. Elle a l’air d’être surprise. Je lui fais avec mes mains le signe du téléphone pour lui faire comprendre que je l’appelle dans la journée. J’arrive enfin, me mets au bord de la route et attends que mon abruti de chauffeur approche. “Éléonore ne commence pas, reste courtoise” Je vois où plutôt j’entends une voiture qui approche du virage, qui est juste avant la maison. Au bout de quelques secondes je l’aperçois, elle ralentit et fini par s’arrêter à côté de moi. “Pourquoi suis-je stressée ? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire ? Aller rentre dans cette voiture et tu verras bien…” J’ouvre la porte, m'installe et referme la portière. Tricia se retourne et la bagnole redémarre. - Coucou, Éléonore, je suis contente de te voir. J’aperçois qu’elle fait une drôle de tête. Je comprends qu’elle a vu la trace. - Salut Tricia. Bonjour, Monsieur Daniel’s, et merci de bien vouloir m’emmener. J’observe le regard de Steven dans le rétroviseur, et ça n’a pas l’air de lui faire plaisir de m’avoir dans sa voiture. - Bonjour mademoiselle, et pour le reste, c’est à Tricia qu’il faut dire merci. - Pas de problème, mais je tenais quand même à vous dire merci. Je l’entends bougonner dans sa barbe et surtout me jeter un regard de tueur. Tricia qui sent la tension entre nous deux donne une petite claque sur la cuisse de son frère. Je comprends qu’elle a dû lui dire de rester cool avec moi. Mon amie se retourne pour me demander. - Tu as quoi au visage ? Steven regarde dans le rétro pour essayer de voir de quoi parle sa sœur. Moi, je regarde la route et je soupire d’aise, car notre arrêt de bus est proche. “Allez, calme-toi et dis-lui que tu es tombée de vélo” Je touche ma joue et lui dis. - Oh ça ! Ce n’est rien, je suis tombée de vélo en rentrant hier soir. Je vois Tricia faire la moue et je l’entends dire. - Ouais, c’est ça. Je fixe mon amie et essaye de lui faire comprendre que je lui expliquerai plus tard. Message reçu, car je la vois me répondre oui avec sa tête. Le sujet trace sur la joue est pour l’instant mis de côté, mais c’était sans compter sur Steven. - Remarque, c’est normal que ça arrive. Quand on lâche le guidon, on ne peut que tomber. “Je rêve où il vient de me provoquer” - Steven, tu avais promis ! - Je sais Tricia, mais je ne peux pas mentir. Je leur demande. - Pardon, il y a un problème ? On parvient à l’arrêt de bus, Steven se gare, se retourne et me fixe avec encore ce regard de tueur. - Oui, effectivement, il y a un souci et c’est vous. J’ai promis de rester cool, pour ma petite sœur, mais personnellement je ne serai jamais venu vous chercher. - Pas de problèmes… - Je ne vous ai pas demandé votre avis. “Et bien, dis donc en plus d’avoir une belle gueule, il a du caractère.” - Mon souci Mademoiselle est de me faire insulter de c*****d. Alors dorénavant ça sera Monsieur Daniel’s et attention avec ma frangine. Nos parents n’étant pas là c’est moi qui suis responsable d’elle donc je n’accepterai aucun débordement. Est-ce que c’est clair, Mademoiselle Éléonore ? - Monsieur Daniel’s, ça sera pour vous Mademoiselle Dupont et le message est très bien passé. Lorsque j’ai prononcé mon nom, j’ai vu ses yeux s’agrandir. Je sors de la voiture et j’ajoute. - Merci, Monsieur Daniel’s, et passez une très bonne journée. À bientôt j’espère. Je claque la portière et part à l’arrêt de bus. Je vois quelques secondes plus tard sortir Tricia à son tour. Elle me rejoint, regarde de plus près ma trace sur la joue et me demande. - Tu peux me dire exactement l’histoire de cette trace, car le coup je suis tombée de vélo je n’y crois pas du tout. ………………………………………………………….......................................................................................................... - Éléonore ça va, tu fais quoi devant cette photo ? La voix de Tricia me sort de mes souvenirs. Je me retourne et la prends dans mes bras. - Tout va bien ? Tu es bizarre. Pourquoi es-tu toute seule ? Viens te joindre à nous ? - Tout va bien ma belle, j’étais plongé dans mes pensées en regardant ce cliché. Tricia prend le cadre et sourit en nous voyant toutes les deux à 16 ans. - J’étais en train de me souvenir du jour où nous avons fait connaissance et également de ce jour où j’ai compris que tu serais ma meilleure amie. Tu te souviens il y a de ça 10 ans ! Tricia m’embrasse sur la joue. - Moi aussi ma belle, je me souviens de tout, allez viens avec nous. - Vas-y j’arrive. Elle me fait un signe pour me dire ok et part rejoindre les autres. “Je ferais peut-être bien d’y aller, surtout qu’ils sont tous venus pour moi.”
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