Je continuais donc à discuter avec les deux hommes du site de rencontre pendant quelques jours et continuais à aimer ce que je voyais. Ils n’étaient pas non plus extrêmement intéressants mais je n’avais rien à leurs reprocher. Pendant ce temps je continuais à regarder d’autres profils mais ne trouvais pas mieux que Sade et Veigur.
Malana me demande des updates tous les jours. Je voyais bien qu’elle essayait de me laisser respirer mais je voyais aussi son sourire malicieux à chaque fois que je recevais un message.
« Ca va faire une semaine que nous parlons. Je pense que je vais leur dire que je ne veux rien de sérieux.
-Super. Tu veux voir qui en premier ?
-Nous avons beaucoup plus de choses en commun avec Veigur. J’ai beaucoup de questions à lui poser en fait.
-Je te rappelle que tu ne veux pas parler avec eux mais tomber enceinte.
-Oui, oui. »
J’inspirais un grand coup et tapais le message sans réfléchir : « Coucou j’ai beaucoup aimé discuter avec toi ces derniers jours et je voulais te prévenir que je ne voulais rien de très sérieux pour l’instant. J’espère que ça ne te dérange pas. Dans le cas contraire je comprendrais parfaitement. »
« Parfait. Mais pourquoi tu as dis que tu ne voulais pas de relation sérieuse pour l’instant ? On dirait que tu es ouverte pour ce genre de relation après.
-Mais je ne voulais pas avoir l’air trop fermée et froide.
-Comme tu le sens. »
Je retirais donc le pour l’instant et envoyais le message. La première réponse arriva dix minutes après et l’autre deux bonnes heures après. Aucun des deux ne fut repoussé par ma déclaration. Au contraire. Ils sortaient tous les deux de longues relations et voulaient se changer les esprits. C’était parfait donc je leur proposais de se voir la semaine d’après.
« Pourquoi dans si longtemps ?
-Pour être plus proche de ma date d’ovulation.
-Tu es un génie. Et comme ça vous aurez le temps de vous tester.
-Yupp. Je leur enverrai les résultats et inversement.
-Tu stresses.
-Pas encore. C’est dans longtemps.
-Une semaine.
-Je te connais. Tu es capable de te ronger le sang jusque-là.
-Je lirai un livre. »
Mais je n’eus pas le temps parce que j’entendis mon téléphone vibrer et ce n’étaient pas les futurs pères. C’était Ismet. Je me figeais devant son message et en voyant mon expression Malana prit peur.
« Tout va bien ?
-Ismet veut être le père de mon enfant.
-Quoi ?
-Je… Il me dit qu’il a beaucoup réfléchi à notre conversation et il serait vraiment honoré de pouvoir m’aider. Il veut bien me faire un don de sperme sans contact physique si c’est ce que je veux et il promet de ne rien avoir à faire avec l’enfant à part si je veux l’inverse.
-C’est parfait non ? A part le fait que c’est ton ex et qu’il n’est pas vraiment parfait sur le papier.
-Je ne sais pas. Je n’avais pas pensé une seconde à lui demander une telle chose. Je ne voulais pas.
-Mais ça règle tous les problèmes après tout.
-J’imagine… Je ne sais pas. »
Je me tus un moment.
« Ça pourrait tout régler. J’aurais dû être complètement honnête avec tout le monde dès le début.
-Quoi ? Non.
-Pourquoi pas ? Ça a marché avec Ismet. Je vais clairement dire à tout le monde ce que je veux.
-Tu vas les faire fuir.
-Alors soit. Je ne veux pas leur mentir.
-Mais s’ils savent ce que tu vas faire peut-être que dans quelques années ils vont vouloir faire partie de la vie de l’enfant.
-Je vais leur faire signer un contrat.
-Alala tu me tues. »
Mais j’aimais bien l’idée. Je décidais donc tout d’abord de répondre à Ismet avant d’envoyer le même message à tout le monde.
Message à Ismet : J’admets que je suis surprise par ton message. Je ne m’attendais pas à cela mais je suis très touchée par ta proposition. Je vais devoir y réfléchir mais tu m’as donnée une idée pour la suite. Je ne mentirai à personne. Je me sentirais beaucoup trop mal. Merci beaucoup.
A Seong-Gi, Veigur et Sade je leur expliquais clairement la situation en précisant que je ne voulais pas qu’ils aient quoi que ce soit à faire avec l’enfant et que je voulais simplement un donneur mais que j’étais mal à l’aise à l’idée de ne rien savoir de ce dernier.
Malana me regarda faire avec intérêt.
« Pourquoi est-ce que tu ne demandes pas à tes amis ? On n’y avait pas pensé tant qu’il était question de coucher avec mais si c’est juste une donation alors autant demander à quelqu’un en qui tu as confiance non ? »
Je réfléchis un moment.
« Je ne sais pas. Je les aime de tout mon cœur et ils seraient parfaits mais ce serait gênant non ? Et je pensais qu’on ne leur disait pas que je voulais tomber enceinte pour l’instant. Je n’ai pas honte de ce que je fais mais je ne veux pas en parler avant que je sois vraiment enceinte.
-Comme tu le sens. Mais ils ne te jugeraient jamais. Au contraire. Nous donnerions nos bras pour toi, Galila. Alors un peu de sperme…
-Mais c’est pas que ça. Biologiquement ce serait leur enfant. Est-ce que tu pourrais vivre tranquillement en sachant que tu as un enfant quelque part que tu ne peux pas voir ? Et puis ce sont mes amis. Je compte les voir souvent.
-Tu devrais en parler avec eux. Tu seras fixée et décideras ensuite. »
Je ne savais pas quoi faire alors je décidais d’attendre de voir ce que les trois à qui j’en avais parler allaient dire. En attendant je n’avais plus de vacances et dû dons retourner au travail. J’étais heureuse de retrouver mon labo et me lançais complètement dans mes expériences oubliant complètement ma vie.
Je finis cependant à y repenser pendant les longues heures de coupe où je n’avais rien d’autre à faire qu’à penser. Je repassais ma décision ainsi que tout ce qui s’était passé les derniers jours. Quand j’étais plus jeune j’avais pour habitude de me torturer et de penser à tout ce que j’aurais pu faire de mieux mais en y repensant en boucle je trouvais que je m’étais bien débrouillée.
Je ne voulais pas trop me projeter mais en pensant à ma vie de rêve qui était de plus en plus proche je me mis à sourire bêtement.
« Quelqu’un est de bonne humeur. »
Je sursautais.
« Désolé. Je ne voulais pas te faire peur. J’ai toqué mais tu n’as pas dû entendre.
-Oui… Désolée, Arun. Tu as besoin de quelque chose ?
-Te dérange pas pour moi je venais chercher des lames. Je peux t’en emprunter ?
-Oui bien sûr. Fais comme chez toi. »
Je continuais donc à écouter ma musique tout en préparant mes lames. Au départ je n’avais pas trop aimé utiliser le cryostat quand je n’étais pas seule parce que je me sentais observée mais avec l’expérience j’étais devenue parfaitement à l’aise avec la machine et passait un très bon moment dessus.
« Tu les as changés de place ?
-Oh, oui désolée attends je finis ça et j’arrive.
-Mais non t’inquiète pas je vais les trouver.
-Ils sont dans le meuble vert transparent sur l’avant dernière étagère.
-Tu devrais être légèrement moins maniaque. Tu changes d’avis et range tout différemment toutes les semaines.
-Il n’y a aucun mal à être organisée.
-Mais les extrêmes ne sont jamais bons.
-Je suis sûre que c’est juste parce que ça te appelle ton ex-femme. »
Arun posa une main sur son cœur et fit mine de souffrir.
« Ouh… Tu me transperces le cœur. Pourquoi est-ce que je me suis confié à toi ?
-Parce que je suis toujours bon conseil.
-C’est pas faux. Tu manges avec nous ce midi ?
-Il est quelle heure ?
-Onze heures cinquante.
-Vous mangez pas à quarante-cinq en général ?
-On a lancé une PCR on attend juste de pouvoir faire une pause.
-Okay je peux vous attendre.
-Super. »
Je m’entendais parfaitement avec tout le monde de notre étage et nous mangions ensemble aussi souvent que possible mais Arun était l’équivalent de mon meilleur ami au labo. Nous étions surtout devenus proches pendant son divorce. J’avais été son oreille attentive et je l’avais aidé à surmonter ce défi. Son divorce s’était très mal passé alors qu’il avait pensé rester avec sa femme toute sa vie et pendant deux ans il avait été au plus bas mais à présent il était devenu de nouveau lui-même.
Et soudain je me figeais. Arun était quelqu’un dont j’étais très proche. Il était un très bon ami et je le voyais tous les jours mais c’était dans le cadre du travail donc je n’étais pas obligée de le voir toute ma vie. Il ne voulait pas d’enfants et était dans une bonne phase de sa vie. De plus je ne lui trouvais aucun défaut de point de vue biologique.
J’étais folle de vouloir lui parler de mon plan de devenir enceinte ? Peut-être que je devais y réfléchir plus en détail avant de lui en parler. Ou peut-être que je pouvais lui expliquer petit à petit.
Après le repas nous allâmes donc prendre un thé et j’essayais d’aborder le sujet avec le plus de calme possible.
« Est-ce que je peux te dire quelque chose ?
-Non. Absolument pas. Je ne veux rien entendre.
-Arun…
-Bon d’accord mais juste pour cette fois.
-Tu es si généreux.
-Je sais. Ma vie est si dure. »
Je souris bêtement.
« Bon, soyons sérieux, vas-y. »
J’avais envie de dire simplement que je voulais tomber enceinte ayant légèrement la flemme d’expliquer mais je finis par y aller doucement.
« Je discutais avec Malana récemment et je me suis rendu compte de tout ce que j’ai fais ces dernières années. Et en y pensant je me suis rendu compte que je suis prête pour la prochaine étape.
-Pendant une seconde j’ai cru que tu allais dire que tu voulais sortir avec quelqu’un et j’étais excité à l’idée d’enfin pouvoir être celui qui conseil et pas l’inverse mais je crois bien que j’ai mal compris.
-En effet. Je ne veux toujours pas de compagnon mais je veux un enfant.
-Oh ! Tu vas adopter ? Ou qu’est-ce que tu vas faire ? Désolé le fait d’adopter est la première chose qui m’est venue à l’esprit.
-En fait je voulais tomber enceinte.
-Super, super. Si tu as besoin de quoi que ce soit je suis là pour toi.
-C’est gentil. Mais je cherche juste un donneur pour l’instant.
-Et comment tu te sens ?
-Comment ?
-Je sais que tu es forte mais tu as aussi tendance à stresser pour un rien. Tu es sûre que ça va ?
-Franchement, oui.
-Et comment ont réagi tes parents ?
-Je ne leur ai pas encore dis.
-Donc je fais partie des VIP ? Je suis flatté.
-Redescends. Je meurs d’envie de leur dire mais je veux leur faire une grande annonce.
-Je sais que je me répète mais si tu as besoin de parler je suis là. »
Je souris reconnaissante. Je disais tout à mes parents et il était vrai que je me sentais étouffée de ne pas pouvoir partager cela avec eux. Je confiais donc tous mes doutes et toute mon excitation à Arun qui se mit très vite à mimer mes émotions.
À la suite de ma confession il n’arrêta pas à me montrer des mobiliers pour bébé etc. Il était tellement excité que je n’avais pas vraiment peur de lui dire toute la vérité. Veigur et Sade m’avaient supprimée dès qu’ils avaient lu mon message ce qui n’avait pas été surprenant et Seong-Gi m’avait laissée en vue ou n’avait jamais reçu le message. La première hypothèse était plus logique.
Un matin quand je croisais Arun je l’attrapais donc devant la porte du labo et lui demandais si je pouvais lui parler deux secondes.